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« L’Art contemporain, au-delà des idées reçues »

Publié le 18 novembre 2013 par Pantalaskas @chapeau_noir

Sur le terrain de l'art contemporain, les idées reçues sont des plantes vivaces et persistantes. Le livre d' Isabelle de Maison Rouge "L'Art contemporain, au-delà des idées reçues" qui vient de paraître épingle cet herbier  singulier.
Pour les amateurs d'art en général  et d'art contemporain en particulier, combien de fois sont revenus dans les conversations ces clichés lancinants : "Mon fils de cinq ans en fait autant ! " , "L'art est réservé à une élite " etc...« L’Art contemporain, au-delà des idées reçues »?
Combien de fois a-t-on entendu  ces critiques sur un art où  l'artiste, sacrifiant aux modes, rejetant dédaigneusement tout apprentissage technique,  affirmerait  sa seule identité par  une provocation gratuite, confirmant la mort de l'art ? Pour peu qu'on y ajoute un débat sur le "beau" et se ferme alors définitivement toute réflexion, toute ouverture sur ce que peut être l'art de notre temps.
On peut certes relativiser cette description actuelle en remettant en perspective ce que pouvaient entendre, en leur temps, les impressionnistes par exemple.

L'art contemporain ?

L'auteur n'élude pas, d'ailleurs,  la question qui fâche, la toute première pomme de discorde : "A quel moment l'appellation "art contemporain" se substitue-t-elle à celle d' "art moderne" associée à la notion d' "avant-garde" ? " Peut-on se satisfaire d'une définition chronologique ou faut-il recourir à d'autres paramètres d'ordre critique ?
Voilà bien un point de faiblesse dans ce statut de l'art contemporain, défaut de la cuirasse  dans lequel ne manquent pas de s'engouffrer tous ceux qui  partent en guerre contre l'art de notre temps.
Ces idées reçues ont la vie dure. Isabelle de Maison Rouge s'intéresse donc à l'au-delà du constat pathologique,  à décrire le paysage sur lequel s'exerce la discipline, les partenaires présents sur le terrain de l'art, leur part dans l' avènement d'un art contemporain assumé.

Mais pour un art contemporain "dont la naissance se situerait entre 1960 et 1969", force est de constater que les années récentes ont connu des bouleversements considérables pouvant affecter ce domaine de création. La part accrue des institutions, au moins depuis les années Quatre-vingt, la mondialisation du marché de l'art, l'importance grandissante du mécénat face au retrait partiel des financements publics, tout cela  correspond à une réalité contraignante qui laisse, en effet, loin derrière l'image de l'artiste Bohème isolé au fond de son atelier.
Ces bouleversements nous interrogent sur l'identité même de l'artiste ainsi que sur la position du public dans sa relation à l'art contemporain. Sur le statut de l'artiste, Isabelle de Maison Rouge, déjà auteur de "Salut l'artiste", détaille, chiffres à l'appui, cette situation en France. Mais, bien sûr, la question n'est pas seulement quantitative et le statut de l'artiste a considérablement évolué, certains assumant l'idée qu'ils vont travailler au bureau.
Concernant le public, ce dernier n'est plus le simple contemplateur d' oeuvres, d'objets soumis à son regard.

Médiation ?

Avec déjà, depuis de nombreuses années, l'existence d'un art "in situ" transformant les musées et centres d'art en lieux de création, où les artistes et les responsables des institutions partagent leurs responsabilités dans la mise en place d'installations globales, le visiteur devient un élément partie prenante de ces ensembles. On voit apparaître depuis quelques années une nouvelle fonction : celle de médiateur. Ce point évoqué par l'auteur mériterait, me semble-t-il, un traitement accentué. Cet intervenant tiers entre l'art et nous spectateurs prend une place beaucoup plus importante et modifie encore notre position vis à vis de l'art. Nous n'en sommes même plus à la caricature humoristique du film  " Musée haut, musée bas" de Jean-Michel Ribes . Un corps social s'intègre désormais de plus en plus à ce jeu entre l'artiste et  le visiteur. Se pose alors la question de ce que nous pouvons ou devons recevoir de ces tiers. Assurément ces fantassins de la méditation contribueront à balayer les idées reçues.
Le livre d'Isabelle de Maison Rouge peut servir de point de départ à encore beaucoup de débats sur cet univers turbulent.  "Comment la vie sur une frontière serait-elle autrement qu'agitée ?

"L'Art contemporain au-delà des idées reçues"
  Isabelle de Maison Rouge
Le Cavalier Bleu  Editions  Octobre 2013


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