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Billie d’Anna Gavalda

Par Cbth @CBTHblog

PHOeb4c2d44-2763-11e3-a9ef-d43c3a82c8a9-300x450Voilà des années qu’Anna Gavalda accompagne mes voyages dans les livres avec ses tranches de vie : Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, Je l’aimais, La Consolante, L’échappée belle… Au point qu’on a eu l’honneur de la rencontrer au salon du livre avec Stéphanie. Une belle personne douce et très abordable. Alors évidemment quand je vois son nom sur une des sorties de la rentrée littéraire, il est rare que j’y résiste.

Et me voilà à nouveau happée dans le quotidien banal et extraordinaire de nouveaux personnages. D’un drôle de binôme pour tout vous dire : Billie et Franck. La trentaine, ils se connaissent depuis le collège. Billie était alors une oubliée du quart monde  et Franck, un garçon à part. Oui, on le sait tous, homo au collège ça passe toujours facilement auprès des autres. Et Billie de nous raconter toute leur histoire, réunis d’abord par Alfred de Musset et l’amour, puis par les galères et la vie. Et on est accroché à ses lèvres comme elle à l’étoile à laquelle elle raconte sa vie. Elle, la muette, la maladroite des mots et des idées, qui déballe tout d’un coup dans l’urgence d’une situation peu banale. Je vous laisse la découvrir.

Une fois de plus, j’ai dévoré l’ensemble, mais pas comme une morfale. Plutôt en gourmet qui prend le temps de savourer chaque chapitre, qui rectifie la motte de fromage, qui égalise la crème pâtissière. Bref, j’ai savouré cette histoire touchante, drôle, réaliste, et à la fois un peu irréelle. Ces deux mômes m’ont rappelé certains élèves que j’ai croisés depuis plusieurs années, en grande précarité ou confrontés à une famille qui ne les comprend pas. La connerie des parents, la méchanceté des autres, la peur d’oser, la maladresse de le faire, l’ivresse des petites victoires, le flippe des emmerdes à n’en plus finir. Un concentré de vie intense en quelques pages.

Anna Gavalda

Anna Gavalda

La réussite de cette trame, pour ne pas tomber dans la caricature, réside aussi dans le ton qu’Anna Gavalda donne à Billie. Cette gouaille qui surprend au début, mais qui sonne si juste au fur et à mesure. J’ai pensé à l’émission Strip Tease qui donnait la parole à des gens atypiques. Billie aurait pu en faire partie. Un parler franc et direct, trop parfois, du brut de décoffrage avec un personne si abîmée, si fragile et pourtant si pleine d’énergie.

Et cette lecture de l’œuvre de de Musset, On ne badine pas avec l’Amour, avec tout le sous-texte que ça comporte, transporté dans notre vie actuelle. Il avait vu juste, Alfred… ou non. Au final Billie et Franck ne se sont jamais mis d’accord et le plus intéressant reste encore le chemin qu’ils ont parcouru physiquement et mentalement autour de cette grande question, ensemble. C’est tout.

Roseline


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