L’écrivain haïtien Jean-Claude Charles est mort ce 7 mai à Paris à l’âge de 58 ans, des suites d’une longue maladie, apprend-on auprès de Thomas Spear et son site Ile en île, auquel on se reportera pour la biographie complète de celui qui se disait ” nomade aux pieds poudrés ” et ” nègre errant “.
« Homme de nulle part », Jean-Claude Charles partageait son temps entre New York et Paris comme Ferdinand, le protagoniste de ses deux romans, parmi ses oeuvres les plus connues, Manhattan Blues et Ferdinand je suis à Paris.
Il était poète, journaliste, producteur de radio.
En novembre dernier, il faisait en compagnie d’autres auteurs haïtiens la rentrée littéraire de Port-au-Prince. A cette occasion, les Presses nationales d’Haïti avaient réédité Bamboola Bamboche, initialement publié par Barrault en 1984. Ce qu’en écrivait alors l’écrivain Lyonel Trouillot dans le quotidien haïtien Le Matin :
” Avec aussi une conscience aiguë du social, le droit à la révolte et l’interpellation du politique. Il y a quelque chose d’insoutenable et d’admirable devant la prise de risque d’une écriture qui semble n’avoir peur de rien.
Bamboola Bamboche, c’est un journaliste envoyé en reportage (Charles a beaucoup travaillé dans le journalisme en tant que reporter, producteur et envoyé spécial). Tout y passe : coup d’état en gestation ; l’amour ; les amours ; rencontres fortuites ; la mémoire, encore elle, qui se réveille. Bamboola Bamboche, c’est aussi un bar, et le bar est le lieu-centre duquel tout se déploie :
« C’était – entrant dans le bar -, un fleuve traversé de courants contraires, coulée d’histoires, flux de sentiments et de passion, voyage à travers une trame de voix, vies à vif et lieux en mouvement, images végétales (imaginez des lianes, connexions multiples, complexes, prolifération à l’infini), images animales (imaginez un zèbre, un homme rayé noir et blanc au galop rapide comme un zèbre), c’était pour moi la levée d’une Histoire sur laquelle pesait, pèse encore, un black-out total, un amont, à travers la jungle de la parole du maître, sur quoi je suis revenu, entrant dans ce bar, à minuit. »