Le pantalon en velours homme

La lecture du supplément Style du Corriere della Sera du mois dernier était l’occasion de découvrir, au détour de pages consacrées au sartorial pop à Londres (les vases communicants, toujours), un très intéressant petit article sur le pantalon en velours pour homme que nous aimerions aujourd’hui compléter.

Le velours, qu’est-ce que c’est ?

Le velours est un tissu à armure complexe (ou satin) comportant un fil supplémentaire appelé « fil poil » qui, précisément, tend à recouvrir l’armure. Il existe différents types de velours : le velours lisse ; le velours côtelé, composé de sillons : 500 raies (500 sillons/m), 750 raies ou milleraies ; la panne de velours, qui est un velours à poil couché ; le velours ciselé, décoré en creux dans le fil poil ; et le velours écrasé, qui est une panne de velours dont le poil est couché dans des sens différents (source : Florence Ferrari, Guide des textiles, Esmod Editions). S’agissant de pantalons pour homme, seuls sont concernés le velours lisse et le velours côtelé. En anglais, velours se dit corduroy, déformation de corde du roi (cord of the King), en référence à l’ancienne prédilection de l’aristocratie britannique pour ce type de tissu. A noter que, selon certaines sources, les Anglais utiliseraient également le mot moleskin, littéralement « peau de taupe », s’autorisant du fait que le toucher du velours ressemblerait à celui de cet animal. Pourquoi pas ? N’ayant personnellement jamais caressé de taupe, je ne saurais en décider. Il me semble néanmoins que la moleskine est un tissu à part entière, bien qu’elle présente l’aspect d’un velours rasé.

Le pantalon en velours : pourquoi, comment ?

Le pantalon en velours, c’est un peu la redécouverte de ces dernières années, celui que l’on met à toutes les sauces dès les premiers frimas, un peu comme le chino en été, plébiscité depuis l’apparition du style « neo-preppy ». Des plus démocratiques aux plus élitistes, les marques de prêt-à-porter le savent bien : alors qu’on le jugeait ringard il n’y a encore pas si longtemps, le pantalon en velours n’a pas encore tenu le tiers du quart de ses promesses marketing. Ou, pour le dire autrement, il est possible de créer des pantalons en velours pour absolument tous les goûts. Cette année, la tendance est au bordeaux, et les urbains branchés seront bien inspirés de s’en tenir à cette couleur.

A cheval entre l’image du gentleman-farmer (ou supposé tel), les British Red Trousers, et, tout aussi flamboyante, la tradition Ivy League née en Nouvelle-Angleterre, le pantalon en velours reste, selon la formule de Bernard Roetzel, « le jean du gentleman ». L’équation est simple : côtes larges = casual. Plus les côtes de votre pantalon en velours seront larges, plus celui-ci sera perçu comme un pantalon sport, et plus vous pourrez vous autoriser des couleurs voyantes. En bonne logique, un homme fort devrait privilégier les côtes fines afin de ne pas alourdir sa silhouette. Signalons par ailleurs que, s’il est chaud et moelleux, le pantalon en velours côtelé est aussi plus lourd qu’un pantalon en laine, environ 400 grammes. Un critère à prendre en compte au moment de l’achat.

Les plus classiques d’entre vous opteront pour un pantalon à pinces, taille haute pour les plus minces, à cinq poches, un velours à grosses côtes facile à marier avec une veste en tweed, et auront l’embarras du choix en termes de couleurs : bordeaux, ocre, terre de Sienne, olive, rouille, prune, et j’en passe. Les moins classiques se dirigeront plutôt vers une forme jeans et un velours milleraies. Quant aux dandys, ils feront leur miel d’un velours lisse et pousseront peut-être même le vice jusqu’à choisir le total look : un costume, mais oui ! Attention toutefois à ne vous transformer en sosie d’Austin Powers !

Ci-dessous, les modèles de la collection Aspen de PT01 (Pantaloni Torino).

Les chukka boots en veau velours se marient très bien avec le velours côtelé. Ici, le modèle-phare de la marque anglaise Crockett and Jones.