Alaïz est emportée dans un tourbillon de sentiments contradictoires : la certitude, l'émerveillement, la joie, la confiance, mais aussi la peur, une sorte de panique soudaine en se sentant glisser sur une voie qui lui interdit tout retour en arrière, car désormais, elle le sait, elle appartiendrait toute entière à ces longues mains solides qui viennent d'enserrer sa taille, à ce regard qui se perd dans le sien.
Vous commencez un petit peu à connaître mes goûts, et vous savez donc que je suis irrésistiblement attirée par les histoires d'amour hors du commun. Aussi, lorsque Livraddict a proposé il y a peu un partenariat avec les éditions Brumerge, j'ai tout de suite été séduite par ce petit roman, et j'ai eu envie de le découvrir. Et j'ai bien fait, car il s'agit bien là d'une histoire ésotérico-fantastico-érotique, comme je les aime, et j'ai littéralement dévoré ce roman.
Alaïz de Foix est une jeune fille vive, gaie et d'une beauté à couper le souffle, ce qui lui permet, malgré l'état de ruine de sa famille, de se voir proposer en mariage son riche voisin, Renaud de Châtillon, fort bien fait de sa personne, et avec qui elle ressent tout de suite les morsures du désir. Car Alaïz non seulement est belle, mais elle est faite pour l'amour, et n'est pas du tout farouche, comme souvent les femmes de son époque. Mais le soir des fiançailles, sa calèche est attaquée par un loup, et Alaïz et sa mère ne doivent leur salut qu'à l'intervention de Guillaume de Peyrepertuse, qui magnétise totalement la jeune fille (et sa mère, d'ailleurs).
Je ne vais pas aller plus loin dans le résumé, pour ne pas trop en dévoiler, mais ce qui suit, c'est la quête initiatique d'Alaïz à la recherche d'elle-même, quête qui n'est pas seulement spirituelle. Elle rencontrera celui qui est probablement son âme-soeur, et qui l'initiera à des mystères dont elle ne soupçonnait même pas l'existence, ceux de l'amour absolu. Vous imaginez bien que je ne pouvais qu'être séduite par un tel récit, qui traite de problématiques qui me fascinent. En outre, j'ai noté une forte intertextualité avec des textes qui ont influencé mon propre imaginaire, notamment Les Dames du lac de Marion Zimmer-Bradley (là j'en suis sûre) et Les Infortunes de la Belle au Bois dormant d'Anne Rice (là c'est peut-être moi qui surinterprète). Ce roman, c'est une recherche des arcanes de la féminité, d'ailleurs "Damna" signifie "dame" en Occitan.
Deux regrets néanmoins, parce qu'il faut être honnête. Le premier est qu'un sérieux travail de relecture et de correction de l'orthographe, de la ponctuation et de la syntaxe n'ait pas été effectué. Pour tout dire, j'avais parfois plus l'impression de lire un tapuscrit à corriger qu'un produit fini, et c'est vraiment dommage. Je dis cela tout en restant consciente qu'il s'agit d'auto-édition et que les correcteurs coûtent cher, mais cela me semble une étape indispensable pour que les scories ne viennent pas perturber la lecture des gens pointilleux (et dont c'est un peu le métier, aussi) comme moi. Le deuxième regret est plus personnel : j'ai trouvé ce roman un peu trop court, et j'ai la sensation que toutes les potentialités du thème abordé n'ont pas été exploitées, notamment dans la dimension ésotérique. Mais il est possible que j'aie cette impression aussi parce que le roman aborde une problématique qui me touche de près et que j'étudie avec intérêt en ce moment.
Au final, malgré ces bémols, mon impression reste très positive et j'aurai sans doute plaisir à lire d'autres oeuvres de Carine Geerts, qui propose un univers proche du mien et que j'ai envie d'explorer plus avant. Certaines oeuvres proposées par le catalogue des éditions Brumerge me tentent bien, également.
Je remercie donc Livraddict et les éditions Brumerge pour cette lecture !