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Le musée Nissim de Camondo : au cœur du XVIIIème (siècle, pas arrondissement)

Par Artetvia

En voilà une famille qui cumule les moyens financiers et le bon goût ! Chose assez rare somme toute.

Nissim de Camondo - Escalier
Nissim de Camondo est l’héritier d’une grande lignée de financiers juifs sépharades, banquiers de la Sublime Porte, anoblie par Victor-Emmanuel. Arrivée en France à la fin du second Empire, la dynastie se caractérise par son goût (presque immodéré) des belles choses. Logé avec sa famille dans un hôtel particulier de la rue de Monceau, Moïse, neveu d’Abraham et petit-fils de Salomon, va attendre la mort de sa Môman pour raser le tout et construire, entre 1911 et 1914, une très belle bâtisse, celle que l’on visite aujourd’hui. Entre temps, il aura accumulé un nombre considérable d’œuvres d’art, en particulier du XVIIIème siècle. Son fils unique Nissim, pilote d’avion, meurt au combat en 1917, ce qui va pousser son père à léguer sa collection aux Arts décoratifs (et le reste de sa fortune à sa fille), en précisant que l’hôtel qui l’abrite, sa propre maison, devra porter le nom de Musée Nissim de Camondo. C’est ce musée que nous allons découvrir aujourd’hui.

Nissim de Camondo - Facade
Le bâtiment tout d’abord : bien, très bien. Une fois franchi le porche, nous arrivons dans la cour d’honneur, qui permet d’avoir un aperçu global de l’hôtel qui, s’inspirant du petit Trianon, déploie ses lignes sobres et son faste délicat : pilastres cannelés, corniches épurées et rambarde sage. Le visiteur parcourant les deux étages est frappé par l’équilibre entre l’apparat et le confort. On admire les grandes et hautes pièces à boiseries, l’escalier d’honneur remarquable, les tapis imposants et les lourds lustres ; on apprécie les salles de bain très modernes, le système de chauffage efficace et l’ascenseur capitonné de velours rouge. C’est beau et on s’y sent bien.

Nissim de Camondo - Bibliothèque
La bibliothèque est chaleureuse, avec une vue sur le jardin – hélas en travaux – la salle à manger est majestueuse, les chambres plus confortables (avec de petits lits, on ne devait pas être très grands chez les Camondo !). La cuisine est assez impressionnante, avec sa collection de cuivres, de moules à gâteaux et… une rôtissoire gigantesque. Les salons sont plus clinquants et scintillent de mille feux (c’est idiot comme expression, mais c’est assez juste).

Nissim de Camondo - Salon
Les pièces sont richement meublées et décorées « dans leur jus », les photos de l’époque où elles étaient occupées nous prouvant que le décor n’a pas changé. Camondo avait vraiment une belle collection d’œuvres d’art : des meubles assez sobres, issus des plus grands ébénistes des règnes de Louis XV et Louis XVI (les fameux BVRB), des tableaux et sculptures choisis avec soin (Vigée-Lebrun, Guardi, Houdon), de l’argenterie savamment ouvragée et une collection de porcelaine de Sèvres et de Chantilly assez époustouflante, il faut l’avouer : chaque assiette porte un oiseau différent tiré de l’Histoire naturelle des oiseaux de Buffon. Bon évidemment, tout n’est pas exceptionnel, certaines peintures sont un peu cucu la praloche (l’époque voulait ça) et certains meubles et bibelots assez étonnants (un cabinet de toilette en forme de cœur, des chinoiseries un peu kitsch…). S’ajoute à cela, des gravures du XIXème siècle assez réussies, des photos de famille, notamment de Nissim en aviateur… qui donne une atmosphère de bon goût pas trop ostentatoire et assez intimiste : on verrait bien la collection chez soi.
Nissim de Camondo - Cuisine

Il y a peu de monde, l’atmosphère est feutrée, le personnel presque aimable. On visite une (riche) maison familiale, pas un musée. Parfait pour un dimanche après-midi d’hiver en galante compagnie.

Musée Nissim de Camondo, 63 rue de Monceau dans le VIIIème.

http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/nissim-de-camondo/


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