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Trois grandes figures de la danse contemporaine

Publié le 22 novembre 2013 par Popov

Trois grandes figures de la danse contemporaine

Trois grandes figures de la danse contemporaine fraient les chemins de la modernité àGarnier. Trois générations aussi: "Darkness is hiding black horses" de Saburo Teshigawara (création), "Glacial Decoy" (1979) de Trisha Brown et "Doux mensonges" de Jiry Kyliàn. Trois exemples de la richesse et de la diversité des formes d'expression chorégraphique d'aujourd'hui.

Curieuse et sombre cavalcade que celle proposée par Saburo Teshigawara. Surgissent comme le temps, de cette noirceur façon Soulages, au noir luminescent, surgissent des ténèbres de bien beaux étalons fringants et légers: Aurélie Dupont, Jérémie Bélingard et Nicolas Le Riche. C'est dans les ténèbres que se cache la vie pour cet amateur du surréalisme et de Tadeusz Kantor.

L'œuvre est une création sous le contrôle absolu du poète. L'auteur a tout fait: chorégraphie, scénographie et costumes. Le jeu avec l'espace invite les corps à une métaphysique d'où tout peut sortir. L'interprète doit se plier, "déplier" les apprentissages fondamentaux. Il est aussi libre qu'un nuage de fumée dans le vent et le silence jamais parfait. Le corps est matière à s'affranchir de la gravité dans un noir galactique. Nos chevaux noirs déploient une extraordinaire virtuosité traversant tous les âges de l'existence.

Jeux avec le hors-champ, mise en abyme des coulisses, trompe-l'œil, jets de fumée sur des noirs cosmiques, dialogue avec l'espace ...Aurélie Dupont, valentine désossée, Bélingard ténor du noir. Avec Le Riche c'est Saumur. Cette œuvre est une bien belle aventure.

Dans une transe silencieuse et répétitive dervichent avec sérieux de cour à jardin, quatre danseuses, Caroline Robert, Laurence Laffont, Laetita Galloni, Juliette Hilaire et Mino Fujii. Devant les photographies de son ami Robert Rauschenberg, elles défilent en un mouvement brownien.

Le Ballet "en silence" de Trisha Brownn intitulé Glacial Decoy (l'Appât glacé ou le Leurre)qui date de la fin des années soixante-dix, n'a pas pris une ride et paraît étonnamment moderne. L'œuvre, entrée au répertoire de l'Opéra de Paris en décembre 2003 exerce toujours une fascination hypnotique à la manière des mobiles posés au-dessus des berceaux de nouveaux-nés et plonge le spectateur dans un état de sous-motricité contemplative.

Trisha Brown entretient elle aussi et depuis longtemps une relation conflictuelle avec la gravitation. Elle s'attache comme Merce Cunningham à la mise en valeur musicale du seul corps dansant et traque dans la répétition "les chemins naturels du corps".

Ce quatuor doté d'un mouvement perpétuel joue avec le hors-champs comme aimanté par la coulisse. Avec Doux mensonges du pragois Jiri Kyliàn, nous passons au jeu de la vérité et de l'illusion. Là encore, le besoin de montrer les dessous se fait ressentir. Ici, la vidéo explore les coulisses qu'elle projette au vu et au su de tous sur des accords de compositeurs opposés comme le clair et l'obscur: Monteverdi, Gesuldo. Musique extra-diégétique dirait un sémiologue.

Ce qu'il convient de traduire côté danse: la danse ne repose pas sur une narration. La scène entière s'affranchit des règles, elle est un espace commun propre à la liberté poétique totale. Étrange similitude de pensée commune aux trois chorégraphies. Tronc commun: la liberté.

Jusqu'au 10 novembre


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