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Critique: quai d’orsay

Par Cinedingue @cinedingue

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Alexandre Taillard de Worms est grand, magnifique, un homme plein de panache qui plait aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires Étrangères du pays des Lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur son corps d’athlète légèrement halé est partout, de la tribune des Nations Unies à New-York jusque dans la poudrière de l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puissants et invoque les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les nerveux de la gâchette et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix cosmique. Alexandre Taillard de Vorms est un esprit puissant, guerroyant avec l’appui de la Sainte Trinité des concepts diplomatiques : légitimité, lucidité et efficacité. Il y pourfend les néoconservateurs américains, les russes corrompus et les chinois cupides. Le monde a beau ne pas mériter la grandeur d’âme de la France, son art se sent à l’étroit enfermé dans l’hexagone. Le jeune Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé du “langage” au ministère des Affaires Étrangères. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares… Alors qu’il entrevoit le destin du monde, il est menacé par l’inertie des technocrates…

Trois ans après le classique mais néanmoins excellent "la Princesse de Montpensier", Bertrand Tavernier revient dans un registre totalement opposé même s’il s’agit à nouveau d’une adaptation. L’œuvre originale est cette fois une bande dessinée, "Quai d’Orsay" de Christophe Blain et Abel Lanzac, parue en deux tomes, qui s’inspire de l’expérience de ce de dernier au ministère des affaires étrangères . Pour adapter cette BD désopilante , Tavernier délaisse son compère Jean Cosmos pour travailler avec les deux auteurs de l’œuvre littéraire. S’il se débarrasse de certains éléments comme l’imaginaire d’Arthur, Tavernier reste très fidèle à la BD et en conserve totalement l’esprit et le rythme trépidant. C’est d’ailleurs ce qui fait plaisir aux admirateurs du cinéaste dont je fais partie car il cloue le bec à ses détracteurs qui ne pourront ici parler de poussière ou de naphtaline. Tavernier offre une mise en scène virevoltante et inspirée, avec une caméra toujours en mouvement et un montage ultra-dynamique. Mais le point fort du film reste l’interprétation absolument magnifique de l’ensemble du casting: Raphaël Personnaz, Niels Arestrup (parfait comme toujours ), Julie Gayet, Anais Demoustiers, Thomas Chabrol, Thierry Frémont, Jane Birkin et même Sonia Rolland dont les deux passages révèlent un vrai talent. N’oublions pas évidemment Thierry Lhermitte dont la présence à un tel niveau prouve, si l’on en doutait, des qualités de directeur d’acteur de Bertrand Tavernier. Ce Quai d’Orsay est sans conteste la comédie la plus intelligente et stimulante sortie en France depuis bien des mois dont quelques longueurs dans la dernière demi-heure ne sauraient ternir l’éclat.

NOTE: 8/10

 


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