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Mourir partir revenir, le jeu des hirondelles de Zeina Abirached

Par Alittlepieceof @Alittle_piece

Mourir partir revenir, le jeu des hirondelles de Zeina Abirached

En avril 2006, sur le site internet de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA), je suis tombée sur un reportage tourné à Beyrouth en 1984. Les journalistes interrogeaient les habitants d’une rue située à proximité de la ligne de démarcation, qui coupait la ville en deux. Une femme, bloquée par les bombardements dans l’entrée de son appartement, a dit une phrase qui m’a bouleversé :  » Vous savez, je pense qu’on est quand même, peut-être, plus ou moins, en sécurité, ici. » Cette femme, c’était ma grand-mère.

Vous aimez la bande dessinée de Marjane Satrapi ? Il y a de grandes chances pour que vous aimiez l’œuvre de Zeina Abirached. Car la ressemblance est frappante, graphiquement parlant. Mais là s’arrête la comparaison car Zeina Abirached  n’a en aucun cas copié Marjane. Certes leur travail se ressemble et leurs histoires quelque peu également mais si vous avez lu l’une, rien ne vous empêche de lire l’autre car il s’agit bien là de deux histoires singulières et de deux personnalités différentes.

Ici, l’action se déroule dans le Liban des années 80, déchiré par la guerre civile. A Beyrouth-Est plus exactement, où, pour se rendre d’un point à un autre il faut éviter les francs tireurs et où les trajets sont dignes d’une opération commando. Un soir de bombardement, les parents de Zeina sont partis chez la grand mère tandis que les enfants sont restés chez eux.
La tension est palpable car les parents pensent les enfants seuls et que rien ne garantit que l’immeuble ne soit pas touché.
Finalement les enfants sont bien entourés et les rares habitants restés dans l’immeuble vont prendre soin d’eux.
L’attente est longue et il ne reste qu’une seule pièce où tout ce petit monde peut s’abriter.
Cela donne l’occasion à Zeina de nous dresser le portrait de ceux qu’elle aura croisé durant son enfance et ces soirées d’angoisse. Anhala, la servante dévouée, Ernest Challita, le professeur de français qui ­déclame Cyrano ou encore son petit frère qui avec elle continue à jouer malgré tout. La vie est difficile mais elle continue.
Dans ce huis clos aussi authentique qu’oppressant Zeina réussi à travers de simples dessins en noir et blancs et un graphisme superbe a retranscrire toute l’angoisse de la guerre et surtout à faire ressentir au lecteur une immense émotion.


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