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Au cinéma : «La Vénus à la fourrure»

Publié le 30 novembre 2013 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Après « The Ghost Writer » et « Carnage », Roman Polanski retrouve des acteurs français, Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric, dans son dernier film : « La Vénus à la fourrure ». Comme à son habitude, le réalisateur franco-polonais signe également le scénario du film. Il s’est inspiré d’une pièce de théâtre de David Ives : « Venus in Fur ». Le film a été présenté en compétition au Festival de Cannes de cette année. « La Vénus à la fourrure » sortait dans nos salles le 13 novembre 2013.

Synopsis : Seul dans un théâtre parisien après une journée passée à auditionner des comédiennes pour la pièce qu’il s’apprête à mettre en scène, Thomas se lamente au téléphone sur la piètre performance des candidates. Pas une n’a l’envergure requise pour tenir le rôle principal et il se prépare à partir lorsque Vanda surgit, véritable tourbillon d’énergie aussi débridée que délurée …

Avec « La Vénus à la fourrure », Roman Polanski s’essaye à un exercice bien compliqué. Le film commence par un court plan-séquence, qui débute dans la rue et nous amène au décor de l’intrigue : l’intérieur d’un théâtre. En s’enfermant dans un huis-clos, « La Vénus à la fourrure » s’ouvre des possibilités immenses. Le film s’interroge sur tout ce qui le caractérise, que ce soit ses acteurs ou sa mythologie. Chaque plan, chaque idée, évoquent autre chose en filigrane et le film se retrouve avec une subtilité et une deuxième lecture très intéressante. De même, le film se veut énormément symbolique, des choses les plus simples aux plus complexes, en proposant, en métaphore, plusieurs lectures du film. C’est d’ailleurs dommage qu’il perde cette subtilité dans sa dernière séquence où l’on prend la métaphore en pleine face, chose assez violente en comparaison au reste du film. Ce n’est pas pour autant que le film en est gâché mais un sentiment de facilité fait apparition à ce moment du film …

Le casting de « La Vénus à la fourrure » est très mince, étant donné que le film ne met en scène que deux acteurs en la personne de Mathieu Amalric et Emmanuelle Seigner. Ces deux acteurs sont formidables de talent dans ce film, et livrent des prestations à la fois saisissantes et troublantes. Mathieu Amalric interprète un metteur en scène complètement agacé par ces auditions et qui va retrouver foi avec l’arrivée de l’actrice jouée par Emmanuelle Seigner. Il y a un véritable jeu de force entre les deux personnages, ils se soumettent à l’autre à tour de rôle, provocant presque un jeu de chaise musicale du pouvoir entre eux. L’alchimie entre les deux acteurs fonctionne à merveille. Si Mathieu Amalric n’a plus rien à prouver en ce qui concerne son talent d’acteur, on redécouvre Emmanuelle Seigner. Avec « La Vénus à la fourrure », elle nous prouve quand plus d’être la muse de Roman Polanski, son mari, elle est une actrice affirmée.

La réalisation de Roman Polanski réussi à ne jamais ennuyer, alors que l’on se trouve dans une unité d’espace, de temps et d’action. On pourrait presque dire que « La Vénus à la fourrure » est une sorte de théâtre filmé, mais ce serait opter pour la facilité, tant le film va bien plus loin que cela. Il met en scène le décor de théâtre et joue avec l’espace scénique. Les personnages se placent tout d’abord sur scène pour jouer la comédie, avant de partir dans d’autres espaces, tel que les sièges des spectateurs. La frontière entre l’histoire du film et l’histoire de la pièce de théâtre se trouve être mince, les personnages fictifs prennent corps avec les personnages du film, les livrant à une sorte de skyzophrénie. « La Vénus à la fourrure » est un film ambivalent, ou même ambigüe, jouant sur deux tableaux : celui du théâtre et du cinéma, celui des acteurs et des personnages, celui de la mythologie et du monde moderne.

« La Vénus à la fourrure » est un film bien à part dans le cinéma français. Grâce à ses acteurs et au talent d’écriture du scénario, Roman Polanski s’interroge sur le théâtre et livre une tragédie à la frontière du fantastique. Passionnant.

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La Vénus à la fourrure. De Roman Polanski. Avec Mathieu Amalric et Emmanuelle Seigner.

Sortie le 13 novembre 2013.


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