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IPHB: ça sent le sapin!

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Pouce baisseLaurent Mermet dispose d’une double formation d’écologie (École Normale Supérieure) et de gestion (doctorat de l’Université Paris-Dauphine). Il est actuellement Professeur de gestion de l’environnement à l’ENGREF-AgroParisTech. Il travaille notamment sur l’analyse stratégique de la gestion environnementale, sur les problèmes de négociation liés à l’environnement, et sur les théories et méthodes de la prospective. Laurent Mermet préside le comité scientifique du programme de recherches «Concertation, décision et environnement ».

Bernard Bourguinat, maire d’Aydius et membre du syndicat mixte du Haut-Béarn a osé déclarer : “Tout le monde s’accorde à dire que nous avons un bilan exceptionnel!“ Tout le monde?

l'IPHB, un modèle?

Laurent Mermet (*) : L'attention est attirée sur ce cas d'abord par ses promoteurs eux-mêmes, qui le présentent comme un modèle. Du côté des experts, Henry Ollagnon, pionnier de la gestion patrimoniale et concepteur de l’IPHB, propose dans sa thèse  [«Une approche patrimoniale de la gestion de la qualité: une application à la nature et au vivant» ; Thèse de doctorat en sciences économiques, Université Paris I, décembre 1998, (exemplaire de soutenance, 552 p.)] un modèle général de ce que devraient être les «institutions patrimoniales», modèle qui correspond, trait pour trait, à l'organisation de l’IPHB.

Sur le plan politique, les responsables de l'IPHB ont eux aussi revendiqué à plusieurs reprises son caractère exemplaire  [Voir par exemple: Jean Lassalle ; «L'Institution patrimoniale du Haut-Béarn: une structure adaptée à un problème complexe de gestion du territoire»; Sol et Civilisation, numéro 6, août 1997]. L'intérêt de l'IPHB comme cas de référence est renforcé par le caractère emblématique que revêt le dossier de l'ours dans le domaine de la gestion de la faune.

Pour notre part, après une première prise de contact avec ce terrain en 1995 à l’occasion d’une expertise (NDLB: Déjà un audit! Au vu du rapport de Laurent Mermet, on comprend pourquoi les audits doivent être fait absolument "en interne". Il faut absolument éviter de nouvelles critiques aussi rédibitoires!), nous avons suivi avec beaucoup d’attention les développements de ce qui constitue un véritable cas d’école, que nous utilisons notamment comme matériau d'appui pour la formation des étudiants de l'Engref à la gestion de l’environnement.

C'est sur cette base que nous proposons ici une analyse et une évaluation de l'IPHB selon deux points de vue complémentaires:

  • D'abord, nous examinerons son fonctionnement et ses réalisations au regard des priorités et des caractéristiques originales revendiquées par les fondateurs de l'IPHB.
  • Nous envisagerons, ensuite, une interprétation de «l'expérience IPHB» comme stratégie de réaction anti-environnementale.

Au croisement de ces deux lectures, nous esquisserons une évaluation, et nous tirerons quelques enseignements sur la mise en œuvre d'une gestion intégrée de l'environnement.

IPHB: ça sent le sapin!

Extraits ...

Au total, l'IPHB est simplement un syndicat d'aménagement possédant, comme bien d'autres, une commission consultative extra-syndicale (le CGP) dont le fonctionnement n'est ici ni particulièrement ouvert, ni particulièrement innovant.

L'IPHB, inefficace pour protéger l'ours

Après 6 ans d'activité, il ressort que l'espoir affiché au départ de libérer un véritable gisement d'innovations en confiant la responsabilité aux «acteurs locaux» ne s'est pas concrétisé. L'IPHB n'est toujours pas en mesure de concevoir et de mettre en oeuvre un plan cohérent et crédible pour une conservation durable de la population d'ours du Haut-Béarn.

C'est que le diagnostic, posé par l'audit de 1991, était tronqué: les difficultés auxquelles se heurte la gestion de l'ours ne sont pas tant liées à des règles relationnelles inappropriées qu'aux résistances actives que des  groupes de pression — dont l'influence domine aujourd'hui au sein de l'IPHB — opposent à des changements indispensables dans leurs activités.

L'IPHB: beaucoup de réaction anti environnementale, un peu d'intégration de l'environnement

Le développement au niveau mondial de nouvelles formes de réaction anti-environnementale : Dans son livre Green Backlash [«Green backlash - Global subversion of the environmental movement» ; Routledge, Londres, 1996], Andrew Rowell dresse, à partir de nombreux exemples, une synthèse des mouvements de réaction anti-environnementale dans le monde, et décrit les méthodes utilisées par les acteurs qui combattent la protection de l’environnement. On en retrouve les traits essentiels dans la situation Haut-Béarnaise.

Le schéma type de la rhétorique anti-environnementale des années 90

Ce discours est articulé autour de quatre volets.

  1. Il commence par installer les populations locales dans la position de victimes et les protecteurs de l’environnement en position de persécuteurs, faisant porter à ces derniers toute la responsabilité des problèmes sociaux et économiques rencontrés par les populations rurales. Puis il s'attache à récuser les constats scientifiques et à déconsidérer les experts.
  2. Ensuite, il propose un concept «nouveau» de gestion des ressources. Aux Etats-Unis, par exemple, le «partage» (share), qui consiste à partager les espaces protégés avec les acteurs qui veulent les exploiter économiquement, ou l’utilisation rationnelle (wise use), qui revient à ne pas laisser des ressources économiques se perdre pour des motifs de protection de l'environnement.
  3. Ces concepts sont affichés comme «éclairés» dans la mesure où ils reposent sur un principe auquel il est difficile de s’opposer, et «équilibrés» en ce sens qu’ils considèrent la poursuite de la dégradation de l’écosystème à un rythme raisonnable comme le bon compromis entre ceux qui veulent stabiliser la situation de conservation et ceux qui veulent continuer à exploiter ou transformer les écosystèmes concernés.
  4. Sur cette base, enfin, les partisans d’une politique claire de conservation, qui rende compte de ses résultats, sont présentés comme des extrémistes auxquels on attribue souvent des visées cachées, marxistes ou mondialistes, par exemple. (d'après A. Rowell)

Laurent Mermet n'est pas "Mr tout le monde"

Laurent Mermet dispose d’une double formation d’écologie (École Normale Supérieure) et de gestion (doctorat de l’Université Paris-Dauphine). Il est actuellement Professeur de gestion de l’environnement à l’ENGREF-AgroParisTech. Il travaille notamment sur l’analyse stratégique de la gestion environnementale, sur les problèmes de négociation liés à l’environnement, et sur les théories et méthodes de la prospective. Laurent Mermet préside le comité scientifique du programme de recherches «Concertation, décision et environnement ».

Lu hier : “l’IPHB, le couteau sous la gorge faute de financements, aura-t-elle les moyens de continuer ce bras de fer ? Telle est la question que l’on peut se poser aujourd’hui” (Marcel Bedaxagar dans Sud-Ouest)
Qui va faire pression ? De grâce, pas de grâce! L'IPHB nous fait marcher! J'aimerai y planter le dernier clou.

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