Live report │le retour fulgurant de tricky sur la scène berlinoise

 «  False idols », ou comment Tricky renoue avec les prémisses du trip-hop dans son 10ème album… L’artiste de 45 ans originaire de Bristol est revenu à Berlin dimanche dernier. En mai 2013, il s’était produit au célèbre « Berghain » et c’est sur la scène du Lido qu’il a cette fois fait son entrée. Foudroyante !

Underground, à l’image de la ville dans laquelle il a temporairement posé ses valises, le nouvel album Tricky est pétri de contrastes sonores. Sombre et captivant, « False idols » plonge les auditeurs diligents que nous sommes dans un univers parallèle où le temps semble ralentir. Tantôt rythmées, tantôt planantes, les chansons sont toutes aussi séduisantes, confirmant la réussite de l’album, intégralement (hormis le mixage) enregistré dans l’appartement de Tricky.
Sur scène, Adrian Thaws fascine. Tournant ostensiblement le dos à son public lorsqu’il ne chante pas, l’artiste torse nu dévoile la finesse de ses muscles marqués et remarqués par ses quelques tatouages. Une cigarette à la main, méditant face à ses jeunes musiciens, Tricky patiente le temps de commencer à chanter.

Un artiste flirtant avec son public

Environ 150 personnes étaient présentes au « Lido » pour le concert de Tricky le 1^er décembre dernier. En osmose avec son public, le chanteur n’a eu cesse de regarder ce dernier, plaçant son microphone sur sa poitrine en imitant à plusieurs reprises le son des battements de son cœur. A deux reprises Tricky a prié ses fans de monter sur scène à ses côtés, joignant le geste à la parole. « Don’t be scared », répète-t-il d’une voix chuchotante sur fond de brumes électriques. Une vingtaine de personnes montent sur les planches sans se faire prier, chantant aux côtés de l’artiste et de sa muse, Francesca Belmonte, londonienne de 21 ans avec qui il travaille depuis 2009.

Tout au long de sa carrière, Tricky a travaillé au côté de nombreuses femmes connues de la scène médiatique : citons Björk, PJ Harvey, Neneh Cherry, Alison Goldfrapp et surtout Martina Topley Bird avec qui il a eu un enfant. C’est autour de Francesca Belmonte de donner forme aux nouvelles œuvres de l’artiste. La blonde l’accompagne notamment dans « Nothing’s changed », 6^ème titre de « False Idols » ; album par ailleurs édité sur le nouveau label de l’artiste qui porte le même nom. Celle-ci se fait remarquer par sa voix grave et écailleuse qui ne peut que charmer la foule. En écho avec les chuchotements mystérieux de Tricky, elle chante également d’autres titres comme « Is that your life », « Bonnie and Clyde » ou encore la reprise de« Valentine », issu du premier album de Tricky, « Maxinquaye ». D’autre titres comme « If I only knew » sont accompagnés par Fifi Rong, chanteuse asiatique établie à Londres, remplacée par Francesca Belmonte le soir du concert.

Flirtant avec la soul, le rap et encore le rock, le prince du trip-hop introduit son concert par l’un des tubes les plus fameux « Hell is around the corner », suscitant l’approbation enthousiaste des mélomanes présents. De suite, il enchaîne avec une reprise de Patti Smith, « Jesus died for someone’s sins but not mine », et clôture la soirée par « Passion of Christ », titre rebel aux gammes syncopées. Torturées, un poil lugubre et toujours aussi inlassables, les chansons de l’album retranscrivent indubitablement la violence dans laquelle l’artiste a grandi.  Anxyogène, frôlant sans cesse une atmosphère ressemblant à celle du danger, l’album « False idols » séduit par ses beats ralentis et puissants, à l’image de « Parenthesis », qui tire sa beauté des ryhtmes de basse aux accents rock.
Sous tension, le public ne peut-être que fasciné par ce qui se déroule sous ses yeux : Tricky parvient à transmettre un brin de folie dans la salle, séduisant malgré lui les spectateurs, aussi bien par ses chansons que sa performance. Aucun doute : le retour de Tricky est une belle réussite !