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Une soirée à Paris en 1927

Publié le 06 décembre 2013 par Cameline

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Ce soir, je vous emmène dans le Paris des Années folles. A l'occasion d'un article pour Vogue, le journaliste John Mac Mullin fait le tour des derniers endroits les plus courus de la capitale. Les superbes illustrations qui accompagnent ce reportage sont de Carl Ericson, futur illustrateur vedette de Vogue, plus connu sous son pseudonyme de Eric à partir de 1930.

« Un de ces soirs-là, Erickson et moi sommes partis pour voir Paris à votre intention. Nous partons dans un petit coupé Renault pour vous conduire."

Restaurant--Le-hammam--a-la-Mosquee-de-Paris-1927.jpg

Pour débuter la soirée, le dîner est à neuf heures, au restaurant « Hammam » de la Mosquée de Paris. Au cœur des bâtiments récemment construits, « c'est un petit morceau de Maroc transplanté à Paris ».

Après le repas, nous retrouvons les rues familières en direction de Montmartre. « L'obscurité y fait un étrange contraste avec la vive lumière des bistros brillamment éclairés et tous les assourdissants petits bruits de taxis sur le boulevard ».

« Nous partons pour le cabaret de Joséphine Baker, dernière en date des favorites de Paris qui a ouvert, à Montmartre, un cabaret où l'on va achever la soirée en regardant danser l'hôtesse."

Cabaret--Chez-Josephine-Baker--a-Montmartre-1927.jpg

Joséphine Baker « arrive des Folies-Bergère où elle joue en ce moment. Elle est arrivée sans manteau et son long corps gracieux est drapé dans une robe de tulle bleu bouffant dont le corsage est en peau de lézard bleue, et elle porte des souliers assortis. Le décolleté est excessivement allongé dans le dos et terminé à la taille par un gros motif en diamant. Ses cheveux qui sont frisés de nature sont aplatis et plaqués sur la tête au moyen de blanc d'oeuf et donnent l'impression d'être peints sur sa tête avec de l'encre de Chine ou de la laque noire.

« Telle qu'elle apparaît dans la revue des Folies-Bergère, on est frappé de la grande élégance de sa ligne. Elle n'est vêtue que d'un maillot de tulle endiamanté et porte des gants rouges avec des boules de diamant qui pendent du bout de ses doigts. Elle est la chose la plus extravagante dans la plus extravagante revue que Paris ait jamais produite.

« Lorsqu'elle eut dansé, elle nous pria d'aller à sa loge, où elle pose de nouveau pour Erickson, afin qu'il puisse donner les derniers coups de crayon à son croquis déjà presque terminé. Elle parle de son succès à Paris et de ce qu'il représente pour sa famille restée à Harlem. Nous admirons sa robe. Les murs de la loge sont couverts de photos d'elle-même prises par les journaux illustrés. »

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"Erickson et moi continuons nos pérégrinations dans la nuit et allons savourer le régal de la soirée – un dernier verre au « Grand Ecart »."

Bar-du--Grand-Ecart--a-Montmartre-1927.jpg

" C'est le plus petit de tous les dancings à la mode.  Il occupe, à cause de son atmosphère, une place unique dans la vie nocturne de Paris.

"La petite salle autour de laquelle on s'assied est ornée de miroirs sur tous les murs, qui reflètent l'assistance jusqu'à ce qu'elle devienne une foule fantôme qui se multiplie à l'infini. Ce n'est pas la première fois que l'on emploie des miroirs de cette façon, mais le résultat n'était pas tout à fait le même à cause des panneaux de toiles ciréess brillantes dont l'effet de réfraction des couleurs, des lumières et des objets donne à toute la salle une note très moderne. Les corniches et les angles de la pièce sont soulignés de guirlandes de petites lampes électriques colorées comme celles d'un arbre de Noël.  Le plafond est couvert de papier ondulé, comme on en emploie pour faire les paquets.

" Au bar qui se trouve à l'entrée de la petite salle, assis sur de hauts tabourets, des jeunes gens, habitués du bar au Ritz, causent par groupes. Ces jeunes gens sont les baromètres de Paris, car partout où ils vont, suit immédiatement la foule élégante. Et en réalité, ils donnent à cet endroit tel que celui-ci sa réputation. Ils sont tous là : on se reconnaît et l'on prend un verre. Puis, quelqu'un nous appelle à l'autre bout de la salle. On se sépare et la nuit continue, enchanteresse ; on oublie qu'il est tard."

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Bar--Les-quatre-femmes--a-Montparnasse-1927.jpg

 "Les Quatre Femmes", "un très amusant bar de Montparnasse où l'on rencontre

le public de bohêmes et de gens élégants des endroits de plaisir de ce quartier."

Cabaret--Le-chateau-Montbreuse--1927-copie-1.jpg

"Le château Montbreuse". Gaby Montbreuse, "la fantaisiste du Casino Saint-Martin a ouvert,

elle aussi, son cabaret, où elle chante pour les gens du monde en leur vendant du champagne."

Gaby Montbreuse

Source : Vogue Paris, 1er juin 1927 (gallica.bnf.fr Bibliothèque nationale de France)


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