M. Philippe Jouan nous a interrogé sur la signification des marques observées sur un entrait de l'église de Saint-Martin-des-Bois (Loir-et-Cher), qui date du XIIe siècle, mais peut-être pas dans toutes ses parties.
© Photographie Philippe Jouan, D.R.
Nous lui avons répondu (voir ci-dessous), en restant dans le domaine des hypothèses. C'est pourquoi nous faisons appel aux visiteurs du blog qui auraient des interprétations à proposer. Un point important demeure à établir : à partir de quelle époque observe-t-on avec certitude l'usage des marques de position pour les charpentes ? (sachant que sa codification dite "alphabet des charpentiers" ne paraît pas antérieure au XIXe siècle).
Texte de notre réponse :
...
"Il existe un ensemble de marques conventionnelles pour positionner les différents éléments de charpente, qu'on appelle communément l'alphabet ou l'A.B.C. du charpentier. Mais il ne paraît pas avoir été constaté sur les églises médiévales, du moins avec les mêmes marques. Reste à savoir si l'entrait est contemporain de l'église ou s'il s'agit d'une pièce rapportée postérieurement, ce qui est possible.
Ce que nous lisons aux extrémités comme la lettre D doit signifier autre chose, car il ne correspond pas à une graphie médiévale (gothique) et le signe de droite est inversé.
Entre les deux il y a deux (ou trois ?) traits verticaux, un oblique, et un vertical. Il doit s'agir de marques de position et non d'une signature.
J'écarte la possibilité d'une date : deux D signifiant en caractères romains 500 + 500 et les 3 ou 4 barres et le "X" marquant des années, ce qui donnerait 1000 et quelques années : l'ordre des "chiffres" semble trop confus.
J'en reviens donc à un code pour l'emplacement de l'entrait sous le poinçon, mais il n'est pas exclu que le X fermé soit la marque du maître charpentier. Les hommes du XIIe s. et même au-delà ne savaient pas souvent écrire et usaient de marques imagées pour s'identifier. Il pourrait s'agir d'une représentation d'un calice.
A vrai dire, plus les signes et marques sont simples et géométriques sur les monuments, plus elles sont difficiles à interpréter. On peut commettre de lourds contresens en les rattachant à des codes actuels, et ce serait oublier que près de 1000 ans nous séparent des hommes qui ont bâti ces monuments."
© Photographie Philippe Jouan, D.R.
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)