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Article de la Montagne

Par Jcfvc
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AUVERGNE > ALLIER > MONTLUÇON 01/10/13 - 06H00

Jean-Claude Fournier publie son premier roman « Le prince des parquets-salons »

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Les jeunes gens des champs allaient s’encanailler dans les bals de campagne », relate Jean-Claude Fournier.? - PHOTO : BERNARD LORETTE

Dans son premier roman, Jean-Claude Fournier relate les aventures sentimentales d’une bande de jeunes écumant les bals de la région montluçonnaise. Entre fiction et réalité.

ils sont jeunes et ne pensent qu'aux filles. Ou presque. En 1962, une bande de joyeux drilles écume les bals de la région montluçonnaise. C'est la trame du premier roman de Jean-Claude Fournier « Le prince des parquets-salons ».

Pourquoi avez-vous écrit un roman qui a pour cadre les bals de campagne ? Parce que c'est votre jeunesse ? C'est un peu ça. Les bals de campagne, c'est ce qui constituait l'essentiel de la vie d'un petit montluçonnais à l'adolescence. A l'époque, il y avait deux dancings à Montluçon : la Chorale pour le tout-venant et le Lion d'Or pour les bourgeois. Comme il n'y avait pas de salle des fêtes dans les villages, les jeunes des champs allaient s'encanailler dans les bals de campagne sur des structures que l'on montait et démontait. La plus grande difficulté, c'était de trouver un ami plus âgé que nous qui avait une voiture.

Ils avaient lieu où ces bals de campagne ? Un peu partout. A part quelques communes qui avaient une salle des fêtes comme Vallon-en-Sully, tous les bleds étaient concernés. C'était souvent à l'occasion d'une fête patronale. Il y avait le stand où on dégommait les boites de conserve, un manège éventuellement et le parquet-salon. On a aussi connu les parquets-salons à Montluçon lorsqu'il y avait la Fête de la septembre où dans mon quartier lors de la Fête du Pont-Neuf.

Votre roman relate les aventures d'une bande de six à sept jeunes gens dans les années 60. Quelle est la part d'histoire vraie ? Ce roman est en partie autobiographique. Je mets en scène des jeunes qui sont loin d'être des gendres idéaux. Ils parlent des choses de leur âge, le sexe, les filles, avec le machisme propre à cette époque. Après, il ne faut pas penser que c'est la vision de l'auteur sur les femmes et les filles.

Les héros de cette histoire, Côtelette, Beau parleur, Pépé Boss, ils existent ? Certains personnages peuvent se reconnaître. Pour Pépé Boss par exemple, j'ai pensé à certains jeunes que j'ai rencontrés dans ces bals. Pépé Boss, c'est le queutard par excellence. Dans toutes les petites bandes, il y en a un comme ça. Un gars qui est plus beau gosse que les autres et qui rafle toutes les filles.

Côtelette, le fils du boucher, c'est vous ? C'est vrai qu'il ressemble assez bien à l'auteur même si le Côtelette de l'époque n'était pas aussi cultivé que le Côtelette d'aujourd'hui. Côtelette, c'est un peu l'Assurancetourix du groupe. A défaut de conclure comme Pépé Boss, lui, il se verrait bien comme le barde qui raconte l'épopée de la bande.

C'est compliqué pour Côtelette avec les filles ?Forcément d'autant plus qu'il y avait la crainte de la grossesse. Cela veut dire que ces jeunes filles n'étaient pas pressées de se faire culbuter à l'arrière d'une voiture. Il fallait leur raconter plein d'histoires pour pouvoir arriver à nos fins.

Les « ch'tis gars » que vous décrivez dans votre roman, ils sont un peu particuliers avec les fillesæ Ils ont inventé le concours du plus gros baiseur de la bande avec un barème assez strict. La dépose du soutif, un point, etcæ Tout ça, je ne l'ai pas vécu. Ce que j'invente aussi, c'est la bétaillère qui servait de baisodrome. En revanche, les vantardises sur une fille culbutée, c'était un grand classique. Tous ces petits mâles, ils affichent un cynisme de façade envers les copains. En fait, ils rêvent tous à une relation stable.

Il y a aussi beaucoup de nostalgie dans votre roman… J'ai la nostalgie de ma petite ville de province même si je dis qu'elle est moche et qu'elle n'a pas d'attrait. Par exemple, le narrateur regrette que l'on ait bouché le canal de Berry. Il aurait bien imaginé des plages sur l'ancien emplacement des usines Saint-Jacques. J'ai aussi la nostalgie de la langue que nous parlions à l'époque avec ses expressions patoisantes (voir ci-contre). Ce livre, ça fait longtemps que je le porte en moi. Il fallait que cela sorte. J'ai voulu décrire ma ville et les petites gens qui habitaient les quartiers avec le plus de tendresse possible.

C'était une période heureuse les années 60 ? Oui malgré le fait que nous étions très modestes. Il y avait de l'insouciante, une relative innocence, de l'empathie entre copains. Montluçon sortait de la guerre et rentrait dans la période des trente glorieuses. Les gens achetaient des voitures, il y avait une foi en l'avenir qui n'existe probablement plus aujourd'hui. La seule peur, c'était de mettre enceinte une fille. Un des copains que je décris dans le livre a été obligé d'épouser une fille avec qui il sortait. Ce garçon existe, il se reconnaîtra certainement.

Les discothèques ont remplacé les bals de campagne. Quel regard portez-vous sur la jeunesse d'aujourd'hui ? A cette époque de la vie, les jeunes garçons et les jeunes filles recherchent toujours à la même chose : les jeux de l'amour et du hasard. Ce qui a changé, c'est la violence. Avant, il y avait des bandes que l'on craignait et de belles bagarres. Mais tout se réglait à la savate. Le premier qui était à terre, on ne s'acharnait pas.

(*) « Le prince des parquets-salons », édition Marivole, collecte années 60.

Fabrice Redon


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