L'éclat du réel

12 décembre 2013

Vus à partir de l'espace transparent de la vacuité, les objets prennent un éclat particulier. Ils deviennent plus colorés, plus présents, plus vivants. C'est comme si un voile gris avait été ôté de la perception.

Ce voile derrière lequel nous avons caché le monde est celui des concepts, de la mémoire et du langage. Bergson écrivait justement : "Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles". Nous ne voyons pas le monde, nous le pensons: "je vois une chaise" " je vois un arbre" etc..;c'est-à-dire ma pensée de la chaise, ma pensée de l'arbre.

Dans la vision nue non-duelle, les choses apparaissent comme un absolu de présence, un bloc énigmatique d'être. Chaque chose pose une question muette (Que suis-je?) et devient sa propre réponse (Je ne sais pas) et nous invite encore à la contempler encore et encore (regarde mieux). Mais tout cela dans le silence sans mots, sans concepts justement. Chaque moment du monde, ce papier froissé par terre, ce mur écaillé, ce coin de trottoir, la feuille qui bouge au vent, le rouge de ce panneau, le rire d'un enfant, le tintement de ce vélo qui passe est un appel au regard, à l'écoute et me remplit d'une joie sans fondement.

C'est dans mon absence que le monde devient présent, et d'une présence si simple, si belle et si joyeuse que je me demande comment un tel bonheur est possible.

jlr