Cinéma : Biopics et Oscars

Ces dernières années, nous avons pu constater une recrudescence des biopics au cinéma. Si avant on y avait droit une fois de temps en temps, c’est devenu aujourd’hui un genre à part entière auquel on ne peut plus échapper avec comme résultat une véritable flopée chaque année, et parfois des conflits avec plusieurs biopics traitant le même sujet à quelques mois d’intervalle. Source d’inspiration inépuisable ou preuve cruelle du manque d’inspiration d’une industrie qui peine à nous envoûter avec des nouveaux héros? Toujours est-il que la Mecque du cinéma n’en finit pas de nous raconter la vie de personnages souvent  historiques, parfois connus du grand public, avec plus ou moins de succès.

Le succès, une donnée très importante dans la balance car les gros bonnets ne faisant pas dans la dentelle, il faut bien dire que c’est plus souvent parce que cela rapporte et rarement, comme on nous le vend, dans un souci de rendre hommage ou de d’honorer la mémoire que ces films sont réalisés. Autant dire qu’ils puisent énormément dans notre patrimoine émotionnel pour nous traîner dans les salles obscures. En bonnes âmes faciles à émouvoir nous ne rechignons pas à nous faire embarquer et c’est là qu’intervient le jeu et le talent de l’acteur/actrice qui va s’atteler à la difficile tâche de coller à nos souvenirs. À noter que l’acteur n’est pas censé nous faire oublier la tête du personnage public, au pire cela peut juste leur coller à la peau et rendre leur carrière par la suite bien difficile.

Néanmoins, lorsqu’ils voient la gloire que cela peut rapporter et/ ou par réel intérêt pour la personne, nulle doute qu’ils sont nombreux à se bousculer pour s’attaquer à cet exercice périlleux. Le choix du supplicié n’est pas sans souvent créer des polémiques. Dernières victimes en date, Zoé Saldana qui a dû affronter de nombreuses critiques sous le prétexte qu’elle n’était pas assez foncée ou encore trop jolie pour incarner Nina Simone ou encore Idris Elba à qui on n’a pas trouvé assez de ressemblance avec Nelson Mandela. Polémiques inévitables mais totalement ridicules lorsqu’on connaît les prouesses que les studios peuvent réaliser en termes de maquillage, et l’abnégation que peuvent avoir les acteurs quand il s’agit de ce qui est souvent le rôle de leur vie. Demandez donc à Charlize Theron qui a dû s’empiffrer et se transformer en laideron pour rentrer dans la peau de la tueuse Aileen Wuornos, ou encore à Marion Cotillard qui s’est rasée les cheveux de devant et les sourcils pour avoir le grand front d’Edith Piaf.

Les deux ont en commun d’avoir remporté un Oscar tout comme Daniel Day-Lewis qui s’est glissé dans la peau d’Abraham Lincoln (2013), Colin Firth en George VI (2011) Sean Penn en Harvey Milk (2009), Forest Whitaker en Idi Amin Dada ( 2007) ou encore Jamie Foxx en Ray Charles (2005). Certains n’ont d’ailleurs pas hésité à faire un parallèle hasardeux entre la similarité des faits : Jamie Foxx et Idris Elba par exemple, ont en commun la particularité d’avoir joué un biopic dans l’année de la mort de celui qu’ils incarnaient. Anecdote plus sombre pour le plus récent, Nelson Mandela dont la mort a été annoncée à la fin de la première londonienne du film alors que la Reine d’Angleterre, elle-même objet de nombreux biopics, avait fait le déplacement.

Il faut  préciser que l’engouement des spectateurs sera proportionnel non seulement à la faculté de l’acteur à incarner le personnage mais aussi au talent du réalisateur et aux libertés qu’il s’autorise lorsqu’il s’attaque à l’histoire, sans oublier le contexte politique et émotionnel. C’est sans doute pour cela que la magnifique prestation de Denzel Whashington en Malcom X ou encore celle moins évidente de Will Smith en Mohammed Ali n’ont pas été couronnées.

Néanmoins, le biopic peut servir à attirer l’attention comme pour Halle Berry dans la peau de Dorothy Dandriges ou encore Jennifer Lopez dans la peau de Séléna avec une confirmation pour la première et beaucoup de mariages pour la seconde!!

L’expérience n’est d’ailleurs pas toujours concluante comme pour Audrey Tautou dont l’interprétation de Coco Chanel a été descendue en flèche par les critiques américains ou encore Beyoncé , censée incarner Diana Ross dans le film inspiré de la vie des Supremes, Dreamgirls qui s’est fait voler la vedette par Jennifer Hudson, magistrale en second rôle. Cela n’a d’ailleurs pas empêché Queen Bee de recommencer en incarnant cette fois Etta James dans le film Cadillac Records.

Autant dire que la popularité de l’acteur et/ ou sa position dans les hautes sphères de l’industrie peuvent peser dans le choix. Espérons que du côté des hommes, Usher qui s’est lancé dans le rôle du boxeur Sugar ray Leonard aura plus de succès.

Autres biopics très attendus, celui retraçant la vie de Grace Kelly incarnée par Nicole Kidman qui s’est déjà frottée à l’exercice avec succès en incarnant Virginia Wolf dans The hours (2003). Les deux biopics sur la vie d’Yves Saint-Laurent avec le jeûne Pierre Niney dans la réalisation de Jalil Lespert et le plus connu Gaspard Ulliel côté Bertrand Bonello. Ceux entamés ou encore en projet comme celui du roi du foot Pelé, du roi des piqués à vélo Lance Amstrong, du controversé Oscar Pistorius avec comme acteur envisagé le beau Ryan Gosling.

Cette année marquera t-elle la tendance ? À noter que 12 des 20 derniers détenteurs de la statuette dorée l’avaient obtenu en jouant dans un biopic! L’annonce des nominés pour les Golden Globes, antichambre des Oscars a été publié aujourd’hui, la suite prochainement dans #Diesemag.

#Shona