Dans la Cour Puget, consacrée aux sculptures Françaises, j’ai remarqué cette statue intitulée « Annibal compte les anneaux des chevaliers romains tués à la bataille de Cannes » réalisée par Sébastien SLODTZ en 1687-1688.
Si vous ne le savez pas ou l’avez oublié depuis vos études, Annibal ou Hannibal est un général carthaginois, dont la marche sur Rome au départ de l'Espagne entre 218 et 217 av. J.-C. est considéré comme un exploit militaire. Arrivé là je me dis qu’il vaut mieux que je vous rafraîchisse la mémoire à propos de cette histoire. Tout commence quand, vers 270 avant notre ère, Rome, qui à l’origine n’était qu’une petite bourgade, finit par dominer toute l’Italie et commence à concurrencer l’empire maritime des Carthaginois. Les Carthaginois sont les descendants des marins Phéniciens qui ont fondé une colonie en Afrique du nord, laquelle est devenu la capitale d’un empire maritime. La rivalité entre Rome et Carthage débouche alors sur trois guerres dites « Puniques » qui durent 118 ans, de 264 à 146 avant notre ère et dont l’enjeu est la suprématie en Méditerranée occidentale. Pourquoi les appelle-t-on guerres « Puniques » ? Parce que l'adjectif « Punique » est dérivé de « Poeni », nom par lequel les Romains désignaient les Carthaginois.
La première guerre (264 – 241) se déroule en Sicile, c’est Rome qui déclenche les hostilités et finit par gagner. Carthage qui doit verser une indemnité de guerre, perd la Sicile, la Sardaigne et la Corse. C’est lors de la seconde guerre qu’entre en scène Hannibal qui a été élevé dans la haine de Rome. Devenu chef de l’armée il décide d’aller porter la guerre en Italie. Sa marche sur Rome débute en 218 av. J.-C. Avec 40 000 hommes environ, de la cavalerie et un grand nombre d'éléphants, il franchit les Pyrénées et le Rhône, traverse les Alpes malgré les tempêtes de neige, les glissements de terrain et les attaques des tribus montagnardes hostiles. Malgré ses pertes, il inflige plusieurs défaites aux armées romaines. Au printemps de 216 av. J.-C., à Cannes, il anéantit une armée romaine de plus de 50 000 hommes commandée par les consuls Paul Émile et Varron. Bien qu’il semble près de la victoire finale, Hannibal finit par échouer. Les autorités Carthaginoises, jalouses de ses échecs, ne lui envoient pas les renforts demandés. De leur côté les romains se ressaisissent et envoient le général Scipion porter la guerre aux portes de Carthage. Hannibal, rappelé pour défendre sa cité, est vaincu lors de la bataille de Zama en 202 qui marque la défaite de Carthage.
Hannibal prépare aussitôt une reprise des hostilités, s’attaque à la corruption au sein du gouvernement et assainit les finances de la cité. Accusé par les Romains de vouloir rompre la paix, il est obligé de quitter Carthage et se réfugie à la cour du roi de Syrie. À ses côtés, il combat contre les Romains, mais lorsque le roi est battu et signe un traité avec Rome prévoyant de livrer Hannibal, ce dernier se réfugie dans le nord de l'Asie Mineure auprès du roi de Bithynie. Lorsque Rome demande à nouveau qu'on lui livre Hannibal, celui-ci s'empoisonne. Selon l’écrivain Romain Tite Live Hannibal « était le plus audacieux de tous pour affronter les dangers, le plus sage dans les dangers ». Sur la statue il est représenté victorieux, foulant à ses pieds les étendards romains et leur devise SPQR « Senatus PopulusQue Romanus » ce qui veut dire « Le Sénat et le peuple Romain ». Nul doute que s’il avait été vainqueur, l’histoire telle que nous la connaissons aurait été bien différente.
Quand à Carthage, après la seconde guerre punique, elle n’est plus une puissance militaire mais reste une puissance économique ce qui irrite les Romains qui trouvent un prétexte pour attaquer la ville et la détruire complètement lors de la troisième guerre punique de 149 à 146 avant notre ère.