Bien souvent, la fillette imite sa maman ou sa chanteuse préférée dans sa coiffure ou sa façon de se maquiller. Toute jeune, elle veut ressembler aux grands; indiscrètement elle met la robe de sa maman, ses accessoires et surtout ses sandales aux talents hauts. Au fond d'elle, elle souhaite grandir plus vite. Mais avec le temps tout change; à force qu'elle prend dans l'age elle sourit avec regret au temps nostalgique de sa douce enfance où elle se précipitait de vouloir grandir.
Bien que la société marocaine a connu un changement sur le plan culturelle et économique, certaines mentalités demeurent présentes et pesantes sur l'image de la femme qui pour une raison ou une autre n'a pas pu se marier. Personne ne se demande est-ce un choix ou un destin ?Tout ce qu'on sait, si à trente ans elle n'est pas encore mariée on la nomme "bayra" ce mot que je dénonce fort signifie la non fertilité; on compare un être humain à une marchandise qui n' a pas de client. La notion du temps vit avec l' ombre de la femme, le milieu social renforce la relation de chronomètre à son égard . Se marier toute jeune est l'idéal, les études ou la formation ne sont jamais un obstacle une fois le prétendant apparaît comme une occasion à ne pas rater comme le dicton qui dit: "un poulet au cumin" "djaja bkamounha".A quarante ans, on lui dit "masskina" la pauvre ! ce n'est pas qu'ils ont pitié d'elle mais ils lui font sentir qu'elle est exclue que personne ne veut d'elle, chose insupportable dans un Maroc moderne mais plein de contraintes à la fois. Ainsi la femme évite d'enter en contacte avec les gens et préfère de ne pas assister aux mariages ou aux cérémonies familiales pour ne pas entendre des questions pertinentes voire embarrassante. A cinquante ans, si par hasard un homme souhaite faire sa connaissance , il lui propose de sortir avec elle pour envisager un mariage,cependant l'age ne lui permet plus d'entrer dans une nouvelle aventure; donc plus de connaissance, plus de mari ! s'oublier soi- même et vivre une autre forme d'égocentrisme consacré le temps aux autres, aux petits des autres, aux neveux,aux nièces, prendre soin des parents s'ils existent toujours, obéir aux ordres du frère cadet et finalement se soumettre aux caprices de son épouse.La femme si elle est indépendante matériellement, le problème ne serait pas posé aussi difficilement à moins le dira- t-on . Le soucis que peut heurter la femme célibataire est d'avoir le phobie de demain, la phobie de l'arrivée des rides, de la vieillesse, peut-être de la maladie. Qui prendra soin d'elle? Qui frappera à sa porte? Qui brisera le silence de ses longues nuits? Qui l'accompagnera à ses sorties? Qui lui consacrera un moment de tendresse...?
Dans l'absence de compréhension, la menace du qualificatif "Bayra" reste comme un handicap dans la société marocaine et pèse lourd sur le psychique de la femme qui malgré elle continue à vivre dans sa famille en s'oubliant en offrant son age tendance à le merci des autres.