Etais-je déjà entré dans cette Maison des Arts d’Antony (92) ? Invité à le faire récemment, j’ai découvert, sur trois niveaux les portraits de Thierry Alonso Gravleur. Des peintures où domine le blanc, qui ne recouvrent pas toute la toile, d’où émergent des visages. On est immédiatement saisi par ces présences. Je ne suis pas dans une galerie de portraits d’inconnus célèbres (même si j'ai l'impression d'en reconnaître), mais dans des espaces qui s’ouvrent les uns sur les autres où se révèlent, dans une technique presque toujours identique, des traits différents, irréguliers, et surtout des regards qui, s’ils vous accrochent, ne vous lâchent pas. Comme s’il fallait entrer en relation. Relation avec le peintre sans doute, mais, par l’effet de l’exposition, relation avec le spectateur. Il y a tout à la fois une forme de douceur, des traces de souffrance, des traits blessés, des regards mutilés ou incomplets. Et, parmi ces toiles blanches, à l’entrée d’une salle à l’étage, par quelques têtes couvertes réalisées en terre l’artiste semble chercher ce que la tête contient du monde où elle est façonnée. C’est un jeu infini, infiniment sérieux, la quête du secret, du silence, de l’attente.