Magazine Culture

Yves Montenay: Echos du monde musulman n°208

Par Alaindependant

15 décembre 2013

  Enfin du nouveau en Tunisie 

Le « dialogue national » a accouché d’un premier ministre a annoncé samedi 14 décembre le syndicat UGTT chargé de la médiation. Il s’agit de Mehdi Jomaa qui dirigerait un gouvernement intérimaire jusqu'aux élections prévues l'an prochain. Il est indépendant pour uns (ce n’est pas un politique, mais un ingénieur directeur d’une filiale de Total), mais pas pour d’autres, dont le principal parti d’opposition, car il était ministre de l’industrie depuis février dans le gouvernement islamiste.  Il est trop tôt aujourd’hui pour en dire plus.

 Que deviennent les salafistes égyptiens ?

Vous souvenez qu'une des surprises des élections égyptiennes avait été la percée du parti salafiste Nour. Cela pour deux raisons :

- d'une part les salafistes en principe ne font pas de politique et se bornent à la propagande religieuse (revenir à l'islam des origines), propagande souvent musclée, voire terroriste dans d'autres pays,

– d'autre part, ils ont obtenu 30 % des voix, faisant de l'ombre au Frères Musulmans que l'on croyait être les seuls représentants de l'islamisme.

La surprise suivante a été leur alliance avec les démocrates « laïques » et les militaires pour renverser le président Morsi et chasser les Frères Musulmans. Ces derniers avaient exaspéré tout le monde en voulant monopoliser le pouvoir et les postes. Par ailleurs les salafistes sont soutenus par l'Arabie, ennemie des Frères, alors que ces derniers avaient été soutenus par le Qatar (le sont-ils encore ? Les échos sont contradictoires)

Précision : lorsque j'écris « laïques », c'est pour être compris de lecteurs francophones. En terre musulmane, le terme est diabolisé et les intéressés préfèrent se dire « civils ».

Bref, pour l'instant, les salafistes sont dans le même camp que les militaires. Mais comme ces derniers durcissent leur pouvoir et commencent à réprimer leurs alliés démocrates et « laïques », les salafistes se demandent si ce ne sera pas ensuite leur tour, sauf à être la « caution islamiste » sans pouvoir des militaires. Ce qui ne déplairait pas à certains Égyptiens.

Le mariage des musulmanes

Presque tout le monde, tant chez les musulmans que chez les islamophobes, soutient qu'une musulmane ne peut se marier à un « non musulman ».

Mais si l'on fouille, on s'aperçoit que le Coran et les hadiths parlent non pas des « non musulmans », mais des polythéistes ou des incroyants. Ils sont muet sur le mariage d'une musulmane avec un chrétien ou un juif, qui ne serait donc pas interdit. L’interdiction ne serait qu'une tradition patriarcale datant du Moyen Âge, patriarcale puisque l’inverse, le mariage d'un musulman avec une chrétienne ou une juive, est permis.

Bien sûr en écrivant cela je répercute l'opinion de musulmans « modernistes », étayée par quelques recoupements personnels, certes sommaires car je ne suis pas théologien. Par ailleurs le mariage musulman est un contrat devant notaire et non un sacrement. La religion compte donc moins que dans le mariage chrétien.

Et puis tout n'est pas dans les textes ! De même que les femmes catholiques ont adopté la pilule malgré l'avis formel du pape, des musulmanes de France se marient « de fait » ou à la mairie avec des non musulmans (la laïcité permet ainsi de contourner le problème), et davantage encore avec des « faux convertis » qui ont récité la profession de foi devant leurs futurs beaux-parents pour mettre ces derniers à l'abri des pressions sociales.

En fait, ce qui est important tant pour les « pro » que pour les « anti », c'est la religion choisie par les enfants. Et là il n’y a que des cas particuliers. J’ai souvent entendu « nous lui enseignons les 2 religions et il choisira à sa majorité » … ce qui peut d’ailleurs donner des athées.

Et il n’y a pas que le mariage, car bien d’autres sujets censés être des obligations musulmanes ne le sont pas. Nous en parlerons la prochaine fois …

Le nord du Nigéria s'enfonce encore plus

 Vous vous souvenez que le nord du Nigéria (une centaine de millions d'habitants) est à majorité musulmane, que, dans cette république fédérale, les États de cette région ont choisi de faire référence à la charia et que les différences de niveau d'éducation empêchent le nord de suivre le développement du sud.

La situation a empiré avec la guerre menée par Boko Haram (nom qui signifie justement « l'éducation occidentale est impie »). Nous connaissons ce groupe islamiste par ses enlèvements de Français au Cameroun voisin, mais c'est un détail par rapport à la guerre civile de certains endroits du Nord. Bien entendu l'armée est prise dans l'engrenage des représailles et n'est pas toujours bien vue.

À Kano, la capitale du Nord aussi peuplée que Lagos au sud, mais qui est un cimetière industriel alors que Lagos est en plein développement, l'offensive de l'armée a ramené du calme, mais a permis aussi de voir l'ampleur des dégâts avec de nouvelles entreprises fermées pour cause d'insécurité ou de départ de leur personnel notamment chrétien.

Les récriminations contre le sud et le président sudiste font monter la pression, mais en fait les investissements publics, qui bénéficient de l'argent du pétrole, ne sont pas négligeables au nord. Mais ils ne peuvent compenser le fait que le taux d'alphabétisation est de 49 % à Kano contre 92 à Lagos… et 15 % dans l'État où Boko Haram est le plus présent. Les investissements étrangers se font donc au sud, et non au nord où personne ne veut aller.

Somalie

  25 ans après le début de la guerre civile, et 6 ans après le début de l’intervention  panafricaine les chebab somaliens (djihadistes affiliés à Al Qaïda) ont été chassé des principales villes et de nombreux villages, non sans causer de lourdes pertes aux armées des pays voisins et en multipliant les attentats, dont le plus remarqué a été celui du centre commercial de Nairobi.

Mais la vie reprend, et les entrepreneurs somaliens multiplient les constructions et les lancements  d’entreprises. Pas les étrangers, affolés par le chaos récent et la sécurité encore imparfaite. Toutefois les Turcs commencent à arriver.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Alaindependant 70792 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte