Un film de George Roy Hill (1983 - USA) avec Robin Williams, Glenn Close, Mary Beth Hurt, John Lithgow
Délicieux, piquant, farfelu, optimiste.
L'histoire : Années 50. Jenny est infirmière et mère célibataire assumée. Elle ne voulait surtout pas se laisser emprisonner dans le mariage, mais avoir un enfant, oui. Elle a eu un petit garçon... avec un soldat qu'elle soignait, et qui est mort quelques jours plus tard. L'enfant, auquel elle a donné comme prénom le patronyme du soldat, Garp, grandit auprès d'une mère qui lui recommande de vivre sa vie comme une aventure merveilleuse dans le temps que la nature lui impartira. Garp décide d'être écrivain et comme la fille dont il est amoureux, passionnée de littérature, a déclaré qu'elle épouserait un écrivain... voilà qui tombe bien ! Garp se lance donc immédiatement dans l'écriture... et sa mère, trouvant que c'était une bonne idée, se met à écrire aussi...
Mon avis : Adaptation du célèbre roman du grand écrivain américain John Irving, ce film - qui au premier abord semble n'être qu'une chronique familiale de plus - est résolument inventif et plein de charme, grâce à des personnages un peu farfelus sur les bord, pleins de fantaisie. Ca déborde d'humour, d'auto-dérision, de tolérance, de sagesse ! S'il ne leur arrivait pas des malheurs, comme à nous z'autres, ce serait un monde idéal que celui de Garp. Les portraits sont finement dressés et les personnalités hors du commun (ce qui donne ce côté parfois décalé, voire cocasse) : la mère, libre, farouchement indépendante, qui voulait un fils mais pas de mari, et peu importe le scandale ; une mère qui se met à écrire un roman parce que son fils le fait, y pas de raison, et qui ne doute pas un seul instant qu'elle sera immédiatement ditée ; le fils, élevé par cette mère amazone, confiante, qui lui transmet cette foi dans la vie, et ses valeurs féministes ; un jeune homme sans père qui se façonne une famille idéale, et bougonne dans l'ombre de sa mère, dont il reste pourtant le premier fan ; Roberta, l'amie de la famille, transsexuel... et ancien pilier d'une équipe de foot, donc peu féminine en apparence, mais tellement en dedans ; une amie loyale, présente, fidèle, adorable...
Les acteurs font le boulot avec un véritable amour pour leur personnage. On reprochera cependant à Robin Williams de faire trop vieux pour la période "adolescente" et à Mary Beth Hurt de faire trop jeune pour la période "adulte". Glenn Close est géniale en électron libre, pleine de sagesse et d'empathie envers les autres. Quant à John Lithgow dans le rôle de Roberta... absolument remarquable !
Vraiment un film charmant, avec des touches d'humour noir délicieusement piquantes. On sent pointer de ci de là une certaine poésie, mais qui a du mal à s'exprimer. Sans doute est-elle présente dans le roman, mais le réalisateur a peut-être eu du mal à la restituer totalement.
Et quand on sait que le roman dont est tiré le film est en grande partie autobiographique... cela donne une furieuse envie de se mettre à lire John Irving, dont toutes les oeuvres reprennent des thèmes chers à son coeur, faisant écho à sa vie, le tout avec fantaisie et poésie.