La manufacture 111, avant ouverture définitive… (Paris 20)

Sur toutes les lèvres dans les lignes de métros traversant le 20ème, on pouvait lire et entendre “la manufacture 111” ce week-end. Intriguant nouvel espace culturel caché dans un garage de 1500 m2, au 111 de la rue des Pyrénées, il s’agit d’un lieu qui accueillera une programmation complète au printemps 2014 : expos, bar, restaurant, concept-store, librairie, et concerts.

Initié par Guy Weladji alors qu’il cherchait un nouveau local pour sa compagnie Juste debout School, il imagine une toute autre vocation pour cet ancien garage, dont la matière brute se prêterait parfaitement à des expérimentions artistiques démesurées. C’est surtout l’occasion d’incorporer la culture urbaine déjà très présente dans cet arrondissement (vous aurez certainement noté les fresques de Kashink en venant du métro Maraîchers par exemple) tandis que la Petite Ceinture n’est pas loin.

Il la baptise alors la “manufacture 111” car il l’imagine foisonnante de diverses pratiques : des performances street art, aux ventes de produits de mode ou de design, en passant par des concerts et des événements. Ainsi donc le lieu ouvre temporairement durant le mois de décembre avant de fermer pour environ 4 mois, nécessaires à des travaux avant son ouverture définitive en avril 2014.

Pour cette pré-ouverture, c’est le collectif 1984 qui est invité à investir les lieux, plusieurs week-ends de suite.

Pour saisir quelque peu l’état d’esprit du groupe, il s’agit de reconsidérer la signature du chiffre « 1984″. C’est en 2001 qu’elle fleurit sur une toiture d’un immeuble du 20ème. Il s’agit d’une chiffre, d’une date, d’une inscription signifiante. Pour le collectif c’est la création d’une “entité floue indivisible et anonyme”, qui les pousse à croire plutôt au groupe. Ils réalisent des peintures communes visibles de tous et qui fassent lever la tête.

Sur 3 étages, ils réalisent alors des projets impliquant les spectateurs, selon des thématiques telles que : le principe de symétrie ou d’asymétrie (ci-dessous) où l’on observe les oeuvres à travers une palissade en bois stylisée, qui rappelle les terrains vagues, la peur du vide qui appelle le remplissage de la surface, ou l’interzone.

Comme l’une des caractéristique du lieu est celle de l’interaction avec le public qui est invité à participer à la création, ce week-end était l’occasion de découvrir au sous-sol l’installation “Ici ça craie !” de Gilbert Petit.

Il s’agit d’allier le collage et le dessin à la craie. Détournant le médium associé à l’univers scolaire, il lui redonne sa dimension ludique (que l’on trouve dans la marelle ou autre jeu dessiné à même le sol). L’espace est recouvert d’inscriptions et de collages sur les murs, tandis que le sol est jonché de cartons dont l’enchevêtrement construit une ville de minuscules immeubles, dans lesquels les enfants jouent, rampent, se cachent et évoluent.

On trouve aussi au rez-de-chaussée un chaleureux bar et des espaces où s’asseoir abrités par des structures de bois en éventail, des dessins et des toiles exposées, et l’entrée de l’interzone.

C’est ici que commence une expérience inédite qui consiste à visiter le premier étage plongés dans l’obscurité, révélant les lieux et leurs installation par le halo de nos lampes de poche.

Ce faisant les 1984 placent le public dans une situation d’exploration urbaine, montrant ce qu’ils peuvent observer lorsqu’ils pénètrent dans les lieux condamnés ou abandonnés.

Ainsi donc on suit la tuyauterie, partant d’une station de métro simulée, à un couloir que la végétation à envahi, pour déboucher beaucoup plus loin dans une vaste salle au plafond de laquelle pendent quelques étranges mobiles (on y trouve même une mâchoire à laquelle on a très peu envie de se cogner accidentellement).