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L'un contre l'autre

Par Luc24

La violence conjugale vue d'un nouvel oeil, voilà ce que propose ce premier film allemand qui ne manque pas d'intensité. Dans L'un contre l'autre, une femme frappe son mari policier...Destabilisant ?

La critique  

L'un contre l'autre
Amour et violence, pour un film d'une remarquable intensité

Georg (Matthias Brandt) est un brave type. Le genre d'homme qui dans son métier, celui de policier, peut sauver la vie à un coéquipier sans ne jamais oser espérer un "merci". Toujours là pour les autres, sensible, Georg est aussi et surtout naif. Sa gentillesse à toute épreuve, ses petites manies, sa routine, fatiguent sa femme. Cette dernière, institutrice, n'en peut plus de son quotidien terne et de son mari plan plan. Alors, elle le frappe. De plus en plus violemment, avec une colère stupéfiante...Georg accepte, par amour, cache ses bleus, pleure seul dans une borne d'arcade. Leur couple est-il définitivement mort ? La perspective d'une promotion pour Georg va-t-elle aider ce couple qui galère financièrement à trouver le bout du tunnel ou au contraire renforcer les tensions ? Le titre le dit, ils seront pendant 1h36 l'un contre l'autre...

L'un contre l'autre

Grande réussite que le film de Jan Bonny. Dès les premiers plans on remarque une photographie glauque (rouge et jaune dominant le tout) , des intérieurs sombres, des silences qui font mal. Peu de lumière pour un film désespéré. L'un contre l'autre aurait pu rapidement tomber dans les clichés de la violence conjugale. Lorsque les premiers coups sont donnés par le personnage de Anne , on se sent mal à l'aise. Oui, cela fait bizarre de voir une femme frapper son mari. Il y a une sorte de curiosité voyeuriste là dedans (du moins pour ceux qui se sont laissés tenter après lecture du synopsis). Pourquoi cette femme frappe-t-elle son homme qui est pourtant une véritable crème ? Le réalisateur réussit le grand défi de nous amener à comprendre le point de vue des deux membres du couple. S'il est évident de comprendre la douleur de Georg, la plus belle et la plus poignante des souffrances vient d'Anne. Car en frappant son conjoint, elle se frappe elle-même. Elle frappe sa vie sans ambition, un quotidien routinier. Elle exorcise ses démons, les remarques déplacées de son père sur son manque d'ambition et sa vie ratée. Elle a quelque part abandonné ses rêves pas armour pour Georg et aujourd'hui elle réalise que la vie qu'elle mène ne lui convient pas. Alors oui, elle frappe.

L'un contre l'autre

"Il n'y a pas de gens mauvais, ce ne sont que les circonstances". Cette phrase balancée par le personnage de Georg suffit à résumer le film. Anne n'est pas un monstre, c'est une femme à bout qui ne trouve que la violence physique pour se défouler, peut être sentir qu'elle existe encore. Crises , vomissements, dialogues percutants : L'un contre l'autre n'hésite pas à aller jusqu'au bout des émotions, délaissant la pudeur. Car à quoi bon être pudique quand on évoque une telle violence des sentiments. Portrait d'un couple à la dérive , dans une Allemagne qui ne va pas fort (ce n'est pas un hasard si les deux protagonistes sont fonctionnaires) le film de Jan Bonny dresse le portrait de deux solitudes. La solitude telle qu'on la connait (George pleurant dans la salle de jeux vidéos en se cachant du monde extérieur, Anne qui fume en cachette sa cigarette sur un chantier) mais aussi la solitude à deux, où l'on ne se comprend plus. Anne et Georg vont connaitrent une longue descente aux enfers faite de crises, de tromperies, de règlements de comptes familiaux. La bombe va exploser (la scène finale est à couper le souffle) , resteront des cendres. Pour renaitre ou se séparer à jamais. Attention, film choc.

 

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