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Le Géant Égoïste : Le conte (social) de Noël

Par Unionstreet

Le géant égoïste

Arbor, 13 ans, et son meilleur ami Swifty habitent un quartier populaire de Bradford, au Nord de l’Angleterre. Renvoyés de l’école, les 2 garçons rencontrent Kitten, un ferrailleur du coin pour lequel ils commencent à collecter des métaux usagés à l’aide d’un cheval et d’une charrette. Swifty se découvre un don pour travailler avec les chevaux ; Arbor, de son côté, ne pense qu’à l’argent.

Le Géant Egoïste

Il y a des films ancrés dans une réalité sociale qui semblent n’être rien d’autres que des œuvres déprimantes sur les laissés pour compte frappés par la crise. Le Géant Égoïste aurait pu être ce genre de film, ersatz de Ken Loach à l’accent à couper au couteau (« Fock ya »). C’était pourtant ce que l’on craignait quand l’intrigue débutait. A savoir Arbor et Swifty, deux amis et deux manants du fin fond du nord des Royaumes-Unis, piètres élèves moqués de tous et virés de leur école pour avoir terminé une bagarre à défaut de l’avoir démarré. Livrés à eux-même, ils vont se donner aux plaisirs de l’école buissonnière et s’improviser ferrailleurs pour le compte de Kitten, le fameux « géant égoïste ».

Dans une misère noire, dans un bled paumé et pourri (Bradford), les gosses si vulgaires et pourris du début du film sont en fait à la poursuite de l’argent pour une raison simple : l’un veut aider sa mère et son frère en prise avec des dealers, l’autre veut aider sa famille (nombreuse) à surmonter les factures qui s’entassent. La réalisatrice, Clio Bardnard, est pleine de bonnes intentions et nous montre deux gamins démunis affrontant la cruauté du monde. Il y a du Ken Loach dans son géant, mais il  y a également du Charles Dickens. Ces jeunes supportent déjà tout le poids de la dureté de l’existence et vivent un récit initiatique où la course à l’argent et les courses de chevaux ne vont qu’empirer leur vie et mettre à rude épreuve leur amitié.

L’un épouse un temps la liberté. Il est effronté, malin, et ne semble avoir peur de personne. L’autre s’imagine jockey et semble plus sage et réfléchit. Dans cette Angleterre industrialisée et ravagée par la misère sociale, ils volent partout où ils peuvent du cuivre pour tenter de s’enrichir. Mais le géant égoïste se sert d’eux en les tenant bien loin de leurs rêves. Cette libre adaptation d’une nouvelle d’Oscar Wilde apporte pourtant un peu de rêverie dans ce paupérisme : les chevaux y remplacent les motos, le grésillement des lignes à haute tension apporte un son étrange, les silos en forme de centrale nucléaire forment un décor étonnant, le ciel étoilé du titre est magnifique …

Cette rêverie prend fin dans un final dramatique qui devait à un moment ou un autre arrivé. Le plus intéressant n’est pas le drame en lui même; mais que la réalisatrice s’attarde en fin de parcours à des gestes bienveillants d’adultes vis à vis de l’un des gamins qui n’avait que trop attendu cette gentillesse. D’une douceur bienvenue. De plus, le film est divinement interprété par deux gosses, forces de la nature, qui ont fait forte impression lors de la dernière Quinzaine des Réalisateurs.

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