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Joseph Lambert, Annie Sullivan et Helen Keller

Par Yvantilleuil

Joseph Lambert, Annie Sullivan et Helen KellerJoseph Lambert s’attaque ici à un véritable monument. Adaptée au cinéma en 1962 (« Miracle en Alabama »), racontée en livres et même célébrée chaque 27 mai lors du « Helen Keller’s Day », tout le monde connaît l’histoire d’Annie Sullivan et d’Helen Keller outre-Atlantique.

« Annie Sullivan et Helen Keller » est l’histoire de deux femmes marquées par la vie. La première, une malvoyante au caractère bien trempé passe son enfance dans l’hospice malfamé de Tewksbury avant d’être envoyée à l’Institut Perkins, spécialisé pour les aveugles. La deuxième, une gamine sourde et aveugle, doit son salut à Annie Sullivan qui, en devenant sa préceptrice, la sortira petit-à-petit de l’ombre.

Tout au long de cet album de près de 90 pages, l’auteur raconte l’incroyable transformation de cette petite de six ans perdue dans le noir. Page après page, il pénètre son univers et accompagne avec brio l’éveil de cette enfant handicapée qui parvient progressivement à mettre des mots sur le monde qui l’entoure. En relatant l’histoire de ces deux femmes qui parviennent à communiquer en se touchant les mains au rythme du langage des signes, Joseph Lambert narre non seulement une merveilleuse histoire d’amitié, mais il permet surtout d’assister à l’éveil d’un esprit et à la naissance d’un véritable symbole à une époque où l’intégration des personnes handicapées est encore complètement taboue.

Les progrès d’Helen sont entrecoupés de flash-backs qui permettent de revenir sur l’enfance traumatisante d’Annie et de mieux comprendre son comportement et son raisonnement en tant qu’instructrice.

Dans cette Amérique conservatrice, l’apprentissage de ces deux femmes normalement condamnées à vivre à l’écart, est racontée en toute simplicité, sans verser dans le larmoyant. Visuellement, le dessin peu attrayant de Joseph Lambert, découpé dans un format gaufrier de seize cases par planche, ne donne pas forcément envie de se plonger dans l’album. Son choix graphique pour représenter l’univers d’Helen est cependant magistral. Plongé dans l’obscurité dès la première page, le lecteur accompagne la petite dans ce périple qui la mène mot après mot vers la lumière. Au fil de ses progrès, les cases deviennent moins sombre et son monde commence à prendre forme. L’auteur parvient ainsi à faire passer toutes les émotions ressenties par cette petite fille aveugle, sourde et muette qui était perdue dans un océan d’obscurité avant qu’on lui tende la main.

Mon coup de cœur de 2013 !

Retrouvez d’ailleurs ce one-shot dans mon Top de l’année, dans mon Top du mois, dans mon Top du Festival d’Angoulême, ainsi que parmi les dix albums sélectionnés dans la catégorie "Meilleur album" des BDGest’Art.

Joseph Lambert, Annie Sullivan et Helen Keller

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