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L'Abécédaire politique de la présidence Hollande

Publié le 29 décembre 2013 par Juan

L'Abécédaire politique de la présidence Hollande Quand l'Autre était président, il avait fallu, assez rapidement, dresser le contre-abécédaire de ses promesses non tenues. Car le candidat Nicolas Sarkozy, en 2007, avait publié un incroyable annuaire de promesses en tous genres pour son quinquennat.

François Hollande est président de la République depuis bientôt 20 mois, le bilan intermédiaire, difficile et provisoire, est nécessaire. Ce second exercice, après une première version publiée le 6 mai 2013, est incomplet, et subjectif.

Afghanistan

Le retrait des forces militaires françaises combattantes a été achevé en 2012.

Aide publique au développement

L'objectif de porter cette aide à 1% du PIB d'ici 2017 s'éloigne: 0,46% (soit 10 milliards d'euros) en 2014, mais la France reste le 4ème donateur mondial.

Algérie

Hollande réussit son périple officiel en Algérie, en octobre 2012. Quelques jours avant, il prononce quelques mots d'hommage aux victimes du 17 octobre 1961. C'est inédit sous la Vième de la part d'un Président de la République. Le geste est salué par les Algériens, fustigé par quelques nostalgiques de l'OAS. En décembre 2013, une mauvaise blague sur Valls revenu "sain et sauf" d'un déplacement en Algérie, suffit à exciter la galerie.

Afrique
La Françafrique est-elle terminée ? De facto oui. La Chine et les émirats sont plus actifs là-bas pour se doter de positions économiques fortes. La France ne joue plus au gendarme. Elle intervient militairement, mais dans un cadre onusien, et pour des motifs bien différents que de soutenir un dictateur ami. La première guerre de François Hollande fut au Mali, un conflit éclair lancé en janvier 2013 pour stopper l'avancée de groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda. Un semestre plus tard, des élections permettaient de trouver au pays un nouveau président. Puis, en décembre, la France intervient en Centrafrique où des massacres à connotation interreligieuse se multiplient.

Les autocrates africains sont encore là, Hollande les a reçu un à un à l'Elysée, sans tambour ni trompette (cf. "Dictateurs"). Mais certains sont sous le coup d'enquêtes en France pour détournement de fonds publics. La justice progresse, elle n'est plus empêchée. Sur place, c'est un écologiste, Pascal Canfin, qui a été nommé ministre du développement. 

Le 6 décembre 2013, Hollande tient son premier sommet africain à Paris.

Agriculture

Candidat puis président, Hollande aime passer des heures au Salon de l'Agriculture. Cela ne suffit pas. En octobre 2013, il est sifflé à un salon de l'Elevage, à Cournon-d'Auvergne. En Bretagne, les éleveurs s'activent au sein des Bonnets Rouges. En Ile-de-France, les gros céréaliers osent tenter le blocus de la région. Fin d'une fausse idylle ? 
Une partie de l'agriculture lui reproche la réforme de la PAC, à Bruxelles. Cette dernière réduit les subsides pour les grandes exploitations. En France, un milliard d'euros va être réorienté vers les petites exploitations, via un lissage des aides, la mise en place d'une "surprime" sur les 52 premiers hectares, et une multiplication par deux du budget pour les pratiques environnementales et le bio.

Allocations Familiales

La politique familiale a divisé la gauche. Après quelques tergiversations, Hollande a tranché, en juin 2013. Les allocations familiales ne seront pas conditionnées aux revenus. Mais le quotient familial, cette niche social-fiscale qui bénéficie à plein pour les ménages avec enfants payant au moins 2300 euros d'impôts par an, est réduit d'abord à 2.000 (2013) puis 1.500 euros (2014). En 2013, la niche bénéficiant aux parents d'enfants scolarisés dans le secondaire et le supérieur est supprimée. Début juin, Jean-Marc Ayrault dévoile un dispositif plus complet que prévu: 275.000 places d'accueil d'enfants supplémentaires, majoration de 50% du Complément familial et de 25% de l'allocation de soutien scolaire pour 400.000 ménages les moins riches, création de nouvelles aides à la CAF.

Allocations chômage

Pôle emploi n'indemnise toujours qu'un chômeur sur deux, comme en 2008, 2009, 2010, 2011, 2012. Les règles d'indemnisation n'ont pas été améliorées. Contre la précarité, Hollande a bien relancé ce qu'on appelle pudiquement le "traitement social du chômage": emplois d'avenir, contrats de génération, tous les dispositifs sont en place fin 2012 (cf. Emploi" et "Chômage").

Allocation de rentrée scolaire

Elle est augmentée de 25% dès septembre 2012.

ANI

Le 11 janvier 2013, syndicats (hors CGT et FO) et patronat signent un Accord National Interprofessionnel sur l'emploi. Le gouvernement le transpose en loi en avril. La loi est votée par 250 députés et une forte abstention. Le texte relève les cotisations patronales pour les contrats très courts (moins de 3 mois); créé un compte personnel de formation transférable et d'un droit rechargeable à l'assurance chômage; impose la généralisation de la couverture collective « santé » pour les salariés mais tardivement (2016); créé une "période de mobilité volontaire sécurisée"; renforce la représentation des salariés au conseil d'administration ou de surveillance des grandes entreprises implantées en France;

Mais il contient deux mesures funestes pour les salariés: primo, le contrat de travail individuel, demain, pourra être amendé par un accord collectif (article 12). Secundo, l'exécution des plans sociaux dans les entreprises de moins de 50 salariés est rendue plus rapide (article 13). Tertio, il autorise des expérimentations du contrat à durée indéterminée intermittent jusqu'au 31 décembre 2014 dans les entreprises de moins de cinquante salariés.

Arménie

François Hollande n'assiste pas aux commémorations du génocide de 1915. Mais il confirme un nouveau texte pour début 2014.

Austérité

Voir "Rigueur".

Autorité

La droite sarkozyste avait tenté de dépeindre François Hollande comme un "mou", surnommé "Flanby" jusque dans les colonnes du Canard Enchaîné. On a confondu mollesse et tactique. Il n'y a pas eu une seule réforme depuis mai 2012 qui n'ait désarçonné une partie des critiques. Même celle des retraites, grâce à la prise en compte de la pénibilité, ou des périodes de maternités, de chômage et d'étude, en a désactivé nombre d'entre elles. Du courage, Hollande en fait preuve quand il se rend à Florange rencontrer les syndicalistes et salariés déçus de la fermeture de leur site.

Ayrault

On les avait cru compères, les voici en conflit. Du moins à en croire quelques commentateurs. Nommé dès le 16 mai 2012, Jean-Marc Ayrault n'a jamais joué le rôle de fusible qu'on attendait d'un premier ministre sous la Vème République. En 2013, on le donne partant. En cause, une réforme fiscale et quelques rapports provisoires sur l'intégration qui mettent le feu aux poudres.

Banque publique d’investissement. 

Chose promise (engagement numéro 1), chose due. La BPI a été créée en décembre 2012, avec 42 milliards d’euros à disposition: 20 milliards d’euros de prêts, 12 milliards d’euros de garanties, 10 milliards d’euros d’investissements en fonds propres. Elle rassemble les fonds stratégique d'investissement (national et régionaux), Oséo, et CDC entreprises. Jean-Pierre Jouyet, ex-ministre sarkozyste, passé ensuite par l'AMF, la préside. Ségolène Royal en est la vice-présidente.

Banques

La loi de séparation bancaire est votée fin 2012. A gauche, on critique qu'elle ne prévoit aucun démembrement stricto sensu des banques, même si l'efficacité de cette dernière mesure n'est nullement prouvée. Seules les activités purement spéculatives sont désormais isolées. Karine Berger, rapporteuse socialiste du texte à l'Assemblée, défend la "paire de ciseaux" que la loi créé enfin. Les bonus des dirigeants et des traders sont interdits en cas de difficultés. Les banques ont l'interdiction d'utiliser les dépôts des clients pour financer des activités spéculatives. La situation chypriote donne un exemple quelques semaines plus tard. L'Europe y impose le démembrement d'une banque trop toxique et des prélèvements sur les gros dépôts (>100.000 euros).

La taxe sur les bénéfices des banques est augmentée de 15%.  La loi bancaire prévoit aussi que les commissions bancaires soient plafonnées, et "avec des plafonds plus faibles pour les personnes en situation de fragilité" rappelle l'Elysée. Banque Publique d'Investissement.<