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Notre entretien avec Michel Cloup Duo

Publié le 06 janvier 2014 par Chroniquemusicale @chronikmusicale

Michel Cloup Duo« donner un peu de soi-même, pour qu’il y ait une vérité, pour créer l’émotion »

Nous les avons découvert en 2011 avec Le Cercle Parfait, Michel Cloup (au chant et à la guitare) et Patrice Cartier (à la batterie) livrent un deuxième album Minuit Dans Tes Bras brut, intense, magistral, avec des textes sombres de vérité, poétiques, une musique laissant place à de solos grandioses. Alors quand l’occasion s’est présentée de leurs poser quelques questions, nous n’avons pas hésité…

Comment a muri l’idée de s’orienter vers une formation à deux, sans basse ni clavier ? J’ai lu que c’était à l’occasion d’un concert à Toulouse…

Michel Cloup : On était à une période de saturation sur les projets dans lesquels on jouait tous les deux. Ca fait quinze ans qu’on joue ensemble. J’avais envie de me remettre à des choses un peu solo sous mon nom. Il y a eu cette offre de concert à Toulouse… Avec Patrice (ndlr Patrice Cartier) on s’est toujours bien entendu, on se voyait en dehors des groupes, des différents projets. Très naturellement je lui ai parlé de ce concert. J’avais commencé à travailler sur des chansons de Notre Silence (ndlr précédent album sorti en 2011) de manière très primitive, j’avais grosso-modo des textes, des accords, mais rien n’était mis en place. On a répété deux jours pour ce concert là, et ça a tellement été facile, tellement agréable de se retrouver juste à deux qu’à l’issu du concert on a continué à deux.

Il se trouve, comme s’était le début du projet, qu’économiquement c’était assez facile. Les premiers concerts n’étaient pas payés bien chers. Il n’y avait pas d’album sorti, cette facilité économique a permis de lancer le projet sur la route avant l’album. Aujourd’hui ça continue, parce qu’on est content.

Michel Cloup Duo

Comment s’est faite la rencontre avec votre label Ici d’Ailleurs ?

Michel Cloup : Je ne connaissais pas Stéphane (ndlr Stéphane Grégoire, patron d’Ici d’Ailleurs), pourtant ça fait longtemps qu’ils existent en tant que label. On aurait pu se rencontrer mais on ne s’est jamais vraiment rencontré. A l’époque de Notre Silence, je passais par Ici d’Ailleurs pour la distribution. Le lien s’est créé comme ça, jusqu’au moment d’embrayer sur un nouvel album, on avait quand même envie d’avoir un partenaire, un label, j’en ai parlé à Stéphane et on s’est mis d’accord assez vite.

On n’a pas eu de proposition jusque là, parce que le premier album s’est fait sans label, je pense que les labels n’ont pas proposé leurs services car ils pensaient qu’on allait continuer de cette manière.

C’était important d’avoir un projet sous votre nom ?

Michel Cloup : Ca correspondait à une envie à un moment donné de m’assumer sous mon nom, et de sortir du cadre du groupe. J’en avais un petit peu mare d’être dans un groupe. Au départ je pensais travailler seul, mais très vite on a travaillé à deux, on a rajouté ce « Duo ». Là on est entre les deux, on n’est pas enfermé dans un truc de groupe rigide, c’est fort agréable.

Comment vous travailler ensemble ?

Michel Cloup : Je passe le chercher, on va au local de répétition et on joue… (rires) Non… De manière très simple. Le nouvel album a vraiment été plus travaillé tous les deux à la base, alors que le premier Patrice est arrivé alors que des chansons étaient déjà un peu écrites. Vu qu’on a passé deux ans sur la route à faire des concerts, on a été tous les deux beaucoup plus actifs pour cet album.

Toutes les chansons de Minuit Dans Tes Bras évoquent le couple, c’est une matière que vous aimez raconter ?

Michel Cloup : Le nouvel album est un album sur l’amour. L’amour et ses détours. L’amour et ses accidents. C’est une envie à ce moment là.

Patrice Cartier : Le premier disque était pas mal autour du deuil, c’était une période pas simple. Ca s’est ouvert…

C’est un album assez sombre…

Michel Cloup : Je ne pense pas. Il y a des choses sombres bien sûr, parce que j’essaie de faire des choses qui collent un peu à la vie, et la vie ce n’est pas juste des rayons de soleil. Pour moi c’est un équilibre entre des choses durs, et des choses positives. Effectivement ce n’est pas un album joyeux, mais ce n’est pas non plus un album noir ou désespéré. Au contraire. Ce qui m’intéresse c’est d’arriver à dégager quelque chose dans toute cette merde, dans toute cette noirceur, de dégager quelque chose de bien, de positif.

Il y a aussi dans cet album beaucoup d’espace pour la musique, c’était aussi une volonté ?

Michel Cloup : C’est un truc qu’on a commencé avec Notre Silence, des morceaux longs, un peu à tiroirs. Pas systématiquement, mais quand même pas mal. Il y a un coté plus musical, et quand tu ralentis les tempos, que tu places de parties instrumentales, tes morceaux font plutôt 6 ou 12 minutes que 3 minutes. Il y avait l’envie de sortir de ce format chanson rock classique de 3-4 minutes qu’on a beaucoup exploité avec expérience et dans lequel on s’ennuyait à la fin. Le fait de se retrouver en duo a ouvert aussi beaucoup de liberté musicale. Il y avait une envie de prendre son temps dans les chansons pour jouer. Ca explique la durée de certains morceaux.

Les textes semblent très vrais, c’est un travail exploratoire compliqué ?

Michel Cloup : Partir de soi-même pour parler aux autres. Le plus important quand j’écris une chanson c’est que ça puisse raconter des choses aux gens et que ça puisse les toucher. L’idée c’est de partir de soi, parce qu’il faut donner un petit peu de soi-même pour créer. Faire en sorte que les gens puissent s’accaparer des chansons, des textes, et les mettre en rapport avec leur vie, leurs expériences. Après ce n’est pas que de l’autobiographie. L’autobiographie c’est bien quand tu as une vie exceptionnelle, je ne pense pas avoir une vie exceptionnelle, je pense avoir une vie assez normale finalement. Du coup, dans l’écriture il y a aussi un coté fictionnel. Et puis il y a des choses qui peuvent faire penser qu’elles viennent de moi ou de mon vécu, alors qu’en fait, elles viennent plutôt d’autres personnes. Mais il y a quand même cette idée de donner un peu de soi-même, pour qu’il y ait une vérité, pour créer l’émotion.

Vous avez écrit : « Vieillir n’est pas forcément synonyme de sagesse et de maturité », ça fait 20 ans que vous faites de la musique, est-ce que vous êtes devenus sage et mature ?

Michel Cloup : Je ne suis toujours pas très sage ! (rires) En fait, oui et non. Quand tu as 40 ans, tu commences à savoir ce que tu ne veux pas faire. Tu as fait des choix et à un moment donné tu sais ce que tu ne veux pas faire. Mais sagesse, maturité, c’est compliqué. Je pense que ça c’est plutôt à la soixantaine. (rires) Non je ne crois pas en plus. Ce serait bien prétentieux d’affirmer ça. Devenir sage s’est un peu chiant, c’est ennuyeux. Maturité aussi c’est ennuyeux. Les gens matures, ils sont hyper chiants.

L’album sort en deux temps. Sur le site Ici d’Ailleurs en décembre 2013, puis dans le reste des boutiques fin janvier 2014. Pourquoi ?

Michel Cloup : C’est un choix qu’on avait fait sur Notre Silence, et c’était bien parce que les gens qui suivent le projet peuvent avoir le disque un peu avant, et on privilégie le coté direct.

Des dates de concerts à retenir ?

Michel Cloup : On joue à la Gaité Lyrique le 18 février 2014, dans le cadre de soirées un peu particulières, ce ne sera pas un concert « classique », juste tous les deux. Ca va être un concert avec des invités, musicaux, mais aussi une amie artiste qui travaille sur de la vidéo. Il y aura donc de l’image, du son, il y aura Pascal Bouaziz de Mendelson qui viendra faire des trucs avec nous, il y aura Françoise Lebrun qui est sur le disque. Ca va être une soirée spéciale, pas juste un concert habituel.

Merci.


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