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La personne plus que l’idée se démarque sur les sites de crowdfunding

Publié le 06 janvier 2014 par Pnordey @latelier

La rhétorique n'a pas disparu, loin de là, et n'est en aucun cas l'apanage des sphères politiques ou publiques. Si les différentes théories économiques cherchent à minimiser au mieux le facteur aléatoire dans les processus de décisions des acteurs, l'investissement, et notamment le premier, reste un pari sur l'avenir. Avec l'apparition des sites de crowdfunding, ce premier investissement est devenu d'autant plus difficile à sécuriser. Si les investisseurs peuvent être plus nombreux, il n'existe pas de moyen de vérifier, d'estimer et de projeter le bénéfice potentiel du projet mis en lumière. Dès lors, et ce aussi bien pour les investisseurs que pour les jeunes entrepreneurs, comment s'assurer un financement quand le manque d'informations est un paramètre inamovible? C'est sur cette idée que Dan Marom et Orly Sade, chercheurs au Département de Finance de l'Université Hébraïque de Jérusalem, ont démontré ainsi que la personne plutôt que l'idée peut s'avérer décisive dans le succès d'une campagne, et ce plus spécifiquement pour les projets artistiques.

The man with the golden tongue

Cette polémique entre idée et personne n'est pas nouvelle dans le monde du Capital Venture, ainsi les deux chercheurs israéliens rappellent dans leur étude que concentration sur le jockey (le porteur de projet) ou le cheval (l'idée) est également défendue par les théoriciens.  Le système de fonctionnement des plate-formes de crowdfunding donne cependant à la question toute son ampleur. Selon le modèle du pitch ascenseur, extrêmement court, la question de l'information cible est primordiale. Les chercheurs se sont ainsi appuyés sur le site Kickstarter et quelques 20 000 projets en cours afin de déterminer l'influence respective de ces facteurs. Via un algorithme de data mining, l'équipe israélienne a ainsi été à même de cibler dans chaque présentation la récurrence du nom du porteur de projet ainsi que des formes et pronoms personnels, et ce, sur trois niveaux différents : dans le titre du projet, dans les 100 premiers mots et dans la section About du projet. Il apparaît ainsi que plus le niveau de financement visé est élevé et plus le nom du porteur de projet et présent et répété dans la présentation. De même les porteurs ayant une certaine expérience du site, ou ayant déjà réussi une campagne précédente semblent ainsi mettre en avant leur nom et qualités personnelles significativement plus que les autres.

Réputation

Cependant ces résultats ne semblent pas s'appliquer directement aux projets se concentrant sur la technologie, remettant en cause l'importance de la réputation comme facteur déterminant. Si la réputation peut être un avantage, comme dans le cas d'une campagne précédemment réussie, la mention du nom et des qualités et compétences individuelles n'apparaît pas nécessaire à la perception de la viabilité du projet. L'étude montre ainsi que les projets technologiques se concentrent nettement plus sur la présentation de l'idée, de l'innovation, dans leur stratégie de communication sur les sites de crowdfunding comme Kickstarter. Il faut toutefois noter, et ce quelle que soit la thématique abordée, une certaine influence de la personnalisation du discours non pas dans la réussite ou non du projet mais bien dans les niveaux de financement atteints ou excédés.


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