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[Critique] Tokyo Ghoul : où est le mal ?

Publié le 08 janvier 2014 par Paoru

Tokyo Ghoul

Pour la première critique de l’année, retour sur les créatures de l’ombre : après les vampires et les zombies, les éditions Glénat s’intéressent aux goules. Ces créatures démoniaques avides de chair humaine sont les personnages centraux de Tokyo Ghoul, de Sui Ishida.

Le titre est publié dans les pages du Weekly Young Jump (Ascension, Gantz, Terra Formars…) de la Shueisha depuis 2011 et elle est toujours en cours, avec 9 tomes au compteur contre 3 en France depuis le 3 janvier 2014. Le titre se vend plutôt bien au Japon (1.7 millions d’exemplaires en 2013) et il est parfois annoncé comme le successeur de Gantz dans le magazine. Il n’a pas encore connu d’adaptation anime mais un spin-off en one-shot existe, du nom de Tokyo Ghoul – Jack.

Concernant Sui Ishida, il semble que ce soit la première série de ce mangaka de la région de Fukuoka. C’est même son pilote, un one-shot du nom de Tokyo Ghoul Rize, qui a reçu le prix d’excellence au 113e Grand Prix du Young Jump.

Voici pour les présentations, passons au plat de résistance. Bonne lecture !

Je ne suis ni l’un, ni l’autre… Je suis seul

Ken Kaneki vit une tragédie. Il devenu un être hybride : mi-humain, mi-goule. Ce jeune étudiant, timide et souvent plongé dans ses bouquins, a naïvement cru en sa bonne étoile le jour où une jolie jeune fille l’a accosté et s’est rapidement rapprochée de lui. C’est trop tard qu’il a compris que la demoiselle, du nom de Lize, était une goule qui jouait avec lui avant de se décider à le dévorer. Durant la traque qui s’en suit, Ken est mortellement blessé mais la goule succombe elle aussi, écrasée par un échafaudage. En se réveillant, Ken comprend l’abominable vérité : pour qu’il survive les médecins lui ont greffé des organes de Lize sans connaître sa vraie nature.

Planche Tokyo Ghoul
  
Planche5 Tokyo Ghoul

Aujourd’hui Ken se retrouve dans la peau d’un paria : plus vraiment humain, incapable d’ingurgiter autre chose que du café et de la chair humaine, il n’est pas non plus une vraie goule et peine à se défendre, ce qui fait de lui une proie facile pour ses congénères, qu’il a bien du mal à comprendre.

Par chance, il fait connaissance avec certaines goules qui cherchent à se fondre dans le monde des humains, pour y vivre en paix. Il va pouvoir y trouver une place et apprendre qui il est devenu. Une accalmie de courte durée, car les goules sont considérés comme un fléau par l’humanité, qui a monté une brigade afin de les éradiquer : les colombes.

A cheval entre les deux mondes, Ken est un individu unique en son genre, qui possède plus d’ennemis que quiconque, mais qui est peut-être le seul à pouvoir faire changer les choses…

Petit point sur la goule…

Planche3 Tokyo Ghoul
Présenté dans la lignée des mangas de Zombie, Tokyo Ghoul contourne pourtant cette tendance avec un monstre qui n’appartient pas vraiment aux morts-vivants : la goule. Cette créature est issue du folklore arabe et s’éloigne de zombies, qui sont souvent associés à une infection biologique (comme dans Resident Evil) alors que les goules font office de créature mystiques. Présentes dans les célèbres contes des Mille et Une Nuits, les goules sont considérées comme des démons, proches des sirènes car elles apparaissent souvent sous forme de femmes séduisantes qui dévorent les voyageurs. C’est d’ailleurs ainsi qu’on découvre la première goule dans la série, lorsque Lize charme Ken avant d’en faire son repas du soir.

Comme les zombies les goules se nourrissent de chair humaine, mais chasser l’humain pour se nourrir est leur seul point commun des deux espèces. Les goules possèdent une volonté propre, une intelligence notable et sont capables de se fondre parmi les mortels. Dans Tokyo Ghoul certaines tiennent même un café (le seul breuvage humain qu’elles supportent) qui sert de lieu de rendez-vous aux hommes et à leurs congénères. On prête aussi des pouvoirs de paralysie à ces créatures dont il n’est pas encore fait mention dans le manga mais Sui Ishida les dote d’une autre arme, le Kagune, qui se présente sous diverses formes selon la goule : dard, tentacule, aile de papillon, etc.

Enfin, à la différence d’un I am a Hero et tout les survival horror, Tokyo Ghoul n’évoque pas une épidémie à grande échelle avec une tentative de survie de la race humaine qui serait en infériorité numérique… C’est plutôt le contraire : les goules apparaissent au compte-goutte dans la série, même si tous les quartiers de Tokyo sont occupés par ces créatures. Le début de l’aventure commence dans un quartier à la réputation calme, et évoluera sans doute vers la rencontre de goules plus puissantes et d’endroits encore plus dangereux…

Kafka t’as fait pour avoir cette goule ?

A l’image de La métamorphose, le célèbre roman de Kafka où un homme se réveille un beau matin dans la peau d’un insecte, Ken se réveille dans la peau d’un être hybride. Sa nature monstrueuse lui est insupportable et son attrait irraisonné pour la chair humaine le terrifie : il refuse en bloc sa nouvelle nature tout en essayant de conserver sa vie d’avant. Mais c’est impossible, bien entendu.

Les premiers pas de la nouvelle vie de Ken sont une descente en enfer mais, après avoir touché le fond, il va commencer à ouvrir les yeux. Certaines goules sont dangereuses – mortellement – mais d’autres ne demandent qu’à vivre tranquillement. Encore mieux, certaines vont même l’aider à survivre.

Planche2 Tokyo Ghoul
Cette métamorphose lui permet de porter un autre regard sur ces créatures, mais le reste de l’humanité voit toujours cette espèce comme une menace. Les goules les plus meurtrières ont poussé les hommes à créer une unité d’élite qui les pourchasse. Elle est composée d’humains dotés d’une force exceptionnelle et qui disposent d’armes mystérieuses pour accomplir leur mission. Beaucoup de ces colombes ont vu des innocents mourir de la main des goules et sont prêt à tout pour éviter de nouvelles tragédies. Ils refusent d’imaginer que les goules peuvent avoir une conscience. C’est d’ailleurs le cas de Ken au départ.

Et pourtant certains agents, sadiques, tuent les goules avec plaisir, reproduisant une traque sanguinaire et aveugle. Le mal n’est donc pas forcément là où on l’imagine. Néanmoins, dans le tome 3, Ken rencontre et affronte XXX, l’une des colombes, et fait naître le doute dans la justice sans concession de cet agent ultra-déterminé, l’un des personnages secondaires les plus intéressants du récit.

Au milieu de ces deux espèces en conflit, Ken finit par réviser son jugement sur les goules. Il comprend aussi que son malheur fait de lui un être unique, le seul capable de comprendre ce besoin irrépressible – vital même – de chair humaine, tout en gardant son expérience d’humain. Ces anciens congénères invitent des moyens de détections des goules et mettent toujours plus de moyen dans leur éradication, en faisant une espèce menacée à plus ou moins long terme. Ken pourrait-il être leur planche de salut ?

Tokyo Ghoul démontre qu’on peut encore parler des morts-vivants sans faire de copier-coller. Sui Ishida y traite de la différence et du regard de la société, dans une ambiance horrifique très bien dépeinte, grâce à un excellent coup de crayon (surtout pour une première œuvre), un encrage très sombre et un chara-design des plus sinistres. Les traques goules-humains et humains-goules apportent une bonne dose d’action en plus pour un manga assez complet. Les premiers tomes se lisent rapidement et avec plaisir… Bref, voici un titre à essayer !

Fiche descriptive

Tokyo Ghoul Tome 1
Titre : Tokyo Ghoul
Auteur : Sui Ishida
Date de parution du dernier tome : 3 janvier 2014
Éditeurs fr/jp : Glénat / Shueisha
Nombre de pages : 224 n&b
Prix de vente : 6.90 €
Nombre de volumes : 3/9

Visuels : TOKYO GHOUL © by Sui Ishida / SHUEISHA

Un trailer est disponible sur le site de Glénat. Quand à l’auteur vous pouvez le suivre sur son compte Twitter ou jetez un oeil à son site web (pour suivre les aventures de Penis-man en japonais par exemple).


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