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L'étranger - Jacques Ferrandez

Par Belzaran

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Titre : L'étranger
Scénariste : Jacques Ferrandez
Dessinateur : Jacques Ferrandez
Parution : Mars 2013


En 2013, nous avons fêté le centenaire de la naissance d’Albert Camus. Du coup, plusieurs adaptations en bande-dessinée ont vu le jour, dont « L’étranger » de Jacques Ferrandez. L’auteur décide donc de mettre un peu d’images sur le premier texte du Prix Nobel de littérature. Le roman paraît adaptable, même si l’impression de chaleur, si bien décrite dans le livre, est en soit un défi pour un bédéaste. Cette bande-dessinée est publiée chez Gallimard. Comme le roman original est court, Jacques Fernandez a eu tout le loisir de développer l’histoire sur les 134 pages que compte son livre.

Comme je critique ici une œuvre littéraire que j’ai pu lire auparavant, je parle abondamment de l’histoire, du début à la fin. Spoiler alerte donc ! Si vous n’avez pas lu le livre, cette bande-dessinée est un bon moyen de le découvrir.

Pourquoi une telle indifférence ?

José Munoz avait déjà proposé un livre illustré en 2011 de « L’étranger ». Jacques Ferrandez propose ici une bande-dessinée classique. C’est un plaisir de redécouvrir le texte de Camus. Ayant lu le livre une seule fois, j’ai vraiment apprécié de revivre la première partie de l’ouvrage où le jeune Meursault fait toutes les « erreurs » qui le conduiront à l’échafaud : il me pleure pas sa mère, fume pendant la veillée funèbre, ne se souvient pas de son âge, va se baigner à la mer et, pire encore, couche hors mariage le soir même de l’enterrement... Toutes ces choses lui seront reprochés lorsqu'il sera jugé pour son meurtre. Pourquoi une telle indifférence ?

« L’étranger » est une œuvre étrange. Outre le procès complètement absurde, c’est toute une atmosphère. J’avais été marqué par la puissance du soleil et de la chaleur écrasante de l’Algérie. Cela est parfaitement retranscrit dans l’ouvrage, jusque dans le passage du meurtre. L’auteur aime d’ailleurs les découpages dynamiques. Les cases imbriquées sont fréquentes et son inter-case est souvent l’occasion de dessiner en arrière plan de grands paysages. Cela permet de renforcer l’impression d’être à Oran, en Algérie. Sachant que le lieu est si important dans ce livre, l’auteur a su parfaitement le mettre en scène.

Au niveau du dessin, c’est du grand art. Le trait est beau, maîtrisé, à la fois fluide et précis. Les couleurs, posée délicatement et faisant la part belle au blanc, retranscrive parfaitement l’impression de chaleur. Celles-ci se font plus sombres dans la deuxième partie, lors du procès. Elles ne feront que s’assombrir jusqu’à la dernière page…

Je suis toujours un peu sceptique sur les adaptations littéraires. Peut-être parce que je préfère les scénarii originaux. Mais force est de constater que Jacques Ferrandez s’en sort admirablement bien avec une adaptation à la fois fidèle et très belle graphiquement. Un bon moyen de (re)découvrir le texte d’Albert Camus et de lire ce qui est, en tant que telle, une très bonne bande-dessinée !

par Belzaran

Note : 16/20


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