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La traversée du temps

Publié le 09 janvier 2014 par Olivier Walmacq

Une jeune fille se découvre le pouvoir de remonter le temps, enchaînant les paradoxes temporelles pour elle, ses amis et sa famille...

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La critique paradoxale de Borat

Il y a quelques temps, je vous avais laissé une assez mauvaise opinion de Mamoru Hosoda avec Digimon le film. Voici donc La traversée du temps, suite libre d'un roman réalisée en 2007 aux côtés des studios Madhouse. Ce film est le premier film indépendant du réalisateur, ses précédents travaux étant rattachés à des franchises (il a signé les deux premiers films de Digimon mais aussi le sixième film de One Piece; et devait réaliser Le château ambulant avant des différents artistiques) et c'est un défi de taille puisque le roman est très connu au Japon. Le film sera un beau succès là-bas et il sortira bien sûr en catimini en France et ce malgré un accueil critique plus que bon. Ce défaut de distribution est visible depuis des années: vraisemblablement toutes les tentatives de films animés japonais ont été des échecs en France et ce malgré une propension d'auteurs contemporains ou de franchises déjà connues des lecteurs ou amateur de séries animées (One Piece, Naruto ou Dragon Ball Z passent à la télé tous les jours ou régulièrement). Les exploitants privilégient également beaucoup les films Ghibli et notamment ceux d'Hayao Miyazaki. En gros, si vous n'avez ni l'un, ni l'autre, ce sera DVD et BR.

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Ce fut le cas pour Satoshi Kon, ce sera probablement le cas d'Hosoda, même si ses films progressent chaque fois au niveau de la visibilité. Un tort car c'est réduire le cinéma animé asiatique à quelques phénomènes (on peut largement citer Akira et Ghost in the shell) et un cinéaste aussi majeur soit-il. La traversée du temps peut être vu comme un teen-movie, l'héroïne étant une lycéenne et le scénario suit ses exactions avec ses camarades. Très vite, les pouvoirs de son héroïne apparaissent dans le récit et particulièrement lors d'un saut de train. La jeune héroïne découvre alors qu'elle peut se déplacer dans le temps suivant une certaine durée. Il y a donc une limite de temps, ce qui est assez rare dans la science-fiction, d'autant que le compteur se retrouve sur le corps humain. Soit un concept novateur par rapport à In time d'Andrew Niccol. Par ailleurs, le voyage dans le temps se fait en sautant de manière extrême comme un tremplin ou une colline. Ce qui entraîne le spectateur dans le monde du temps où le moment choisi correspond souvent à la longueur du saut. Il peut donc y avoir une différence de plusieurs heures entre le saut et l'heure à laquelle l'héroïne apparaît. 

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Néanmoins, ce n'est pas parce que le personnage principal est une fille que le film prend une position féminine, bien au contraire. Alors certes Hosoda présente son héroïne comme amoureuse, amatrice des fameux karaoké, voire garçon manqué (elle aime joué au baseball, sport qui revient assez souvent chez Hosoda et c'était déjà le cas sur Digimon dans mon souvenir). Le film s'adresse à tous aussi bien aux adolescents qu'aux adultes, voire même aux moins de douze ans (même si le manque d'action et de merveilleux risque de les détourner). Mais Hosoda n'est jamais meilleur que quand il aborde le drame comme il le prouvera avec Les enfants-loups. Les paradoxes temporels ont un prix et Makoto l'apprendra à ses dépends lorsqu'un jeune se fera bizutté sur une action qu'elle-même aurait dû faire, entraînant un rapport amour-haîne ou quand elle fera l'entre-metteuse avec un accident malheureux qu'elle-même aurait dû avoir. Un élément dramatique qui rend le film d'autant plus intéressant et change réellement le ton du reste du film. Le film tombe alors dans la romance impossible loin d'être inoffensive et procure encore plus d'ampathie envers Makoto. Comme quoi, l'amour n'a pas de frontière. Pour le style d'animation, il s'avère plutôt simple, même si techniquement il est irréprochable. On sent en tous cas qu'Hosoda ne manque pas d'ambition et donne lieu à un récit humain qui ne perd jamais sa thématique principale.

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Un premier film personnel pour Mamoru Hosoda et particulièrement réussi pour ce qui est de son traitement du voyage dans le temps.

Note: 16.5/20


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