N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Paola PIGANI

Ce beau titre est un proverbe tsigane.

« Un roman poignant sur l’internement des Gitans au camp des Alliers à Angoulême entre 1940 et 1946.

Pour dépeindre les conditions de vie aux Alliers, Paola Pigani s’est appuyée sur les travaux de l’historien Jacques Sigot sur le camp d’internement de Tsiganes de Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire. Jacques Sigot parle d’eux comme « des oubliés de l’histoire ». Un oubli que P. Pigani contribue à réparer avec son roman, à la fois poétique et politique »

Cette histoire peut aider les lecteurs à comprendre pourquoi les Manouches tiennent toujours à garder une distance avec l’administration et avec les sédentaires….Je voulais aussi montrer où peut conduire le rejet d’un groupe social, décrit l’auteure. »

Extraits de Charente Libre du 21/8/13

L’écriture merveilleusement poétique de P. Pigani tranche avec la vie misérable de ces emprisonnés à ciel ouvert et nous nous demandons bien pourquoi un tel mépris en général leur est réservé depuis des siècles. Qu’ont-ils fait ? Pourquoi prétendre que « ces gens-là, peu enclins à la discipline, ignorants et primaires, élevés à la va comme j’te pousse, sans domicile fixe, ni patrie, ni profession effective », dérangent et doivent être écartés en période de guerre ?

Grâce au livre de P. Pigani on découvre un peuple fascinant où personnellement je m’y retrouve.

Leur philosophie « avancer dans une vie où tout est donné dans l’instant », « toujours à dire je suis là au moment même, jamais dans le futur, parce qu’il n’y a rien à gagner à parler pour ne rien dire » mérite qu’on s’y attarde.
Ils tirent leur lumière des chevaux, du feu, de la musique. Un magnétisme puissant circule entre eux, sans besoin de parler dans la transmission de leurs gestes ancestraux.

Parfois on sursaute :
P 144 : « Rita se campe devant le gardien et lui lance un crachat de première catégorie en pleine figure ». Tout passe par le corps et sans prononcer un mot, tout est dit. J’adore !

Comme le souligne Annie dans un précédent message, vais-je trouver une lecture à la hauteur de ce livre que je considère comme un GROS

mjo