Extrait de " La troisième voie " de Douglas E. HARDING
"Premièrement, cette expérience est accessible à volonté, quels que soient mon humeur ou mon état de santé, mes mérites ou mes démérites. Tout ce que j'ai à faire pour voir ma nature essentielle, c'est d'inverser la flèche de mon attention en cet instant même et voir que je regarde cet ordinateur à partir d'une absence totale de quoi que ce soit, et certainement pas à partir d'une petite chose compliquée, opaque et colorée. L'espace que j'occupe en ce moment est conscient du fait qu'il est, à l'évidence, non pas occupé par moi mais par un ordinateur. Je suis espace conscient pour accueillir cette machine. Et si j'en doute, je n'ai qu'à désigner mon " visage " du doigt et remarquer ce qu'il y a de mon côté de ce doigt qui pointe.
Deuxièmement, cette expérience suspend le mental. Ce que je découvre ici n'a aucun contenu perceptif, émotionnel ou mental. J'aime le décrire comme une sorte d'idiotie alerte, libre de toute idée et de toute émotion, et certainement de toute émotion mystique. Cela ne signifie pas que je sois dans une sorte de transe, ou qu'il y ait quoi que ce soit de bizarre ou de contre nature dans cet état. Bien au contraire : c'est cesser de prétendre que je suis ce que je ne suis pas, une chose dans le monde, une chose douée d'un mental. Non que je renie ou rejette le contenu de ma conscience, mais je m'éveille au fait que je suis cette clarté immaculée, dénuée de toute qualité, de tout contenu, de toute fonction. Le mental ne peut pas atteindre cette profondeur, s'infiltrer dans la véritable "expérience de la vallée ".
Troisièmement, il n'y a rien de vague dans cette vision de la profondeur la plus profonde. C'est la précision même. On ne saurait en douter. Elle est évidente en soi, claire, simple ; elle se révèle dans sa totalité, ou pas du tout, et il est impossible de se tromper. Il n'y a pas de vision inférieure de Qui on est vraiment. On peut continuer éternellement à rechercher des émotions de plus en plus belles, des pensées de plus en plus brillantes, des intuitions de plus en plus profondes, mais lorsque vous retournez à leur origine, il n'y a qu'une façon d'être là. Ce que vous voyez est vu parfaitement, tel que c'est, de toute éternité.
Quatrièmement, cette expérience est hors du temps. Elle existe seulement maintenant. C'est pourquoi on ne peut jamais s'en souvenir, pas plus qu'elle ne peut être anticipée : on ne peut que la savourer dans l'instant présent. Et alors, aucune date, aucune heure ne peut lui être attribuée. Dire : " J'ai vu Qui J'étais entre trois heures et quatre heures trente-cinq " n'a aucun sens. Il ne s'agit pas d'en discuter, il s'agit de le vérifier. Observez maintenant l'absence qui est au centre de votre univers, et vous verrez que votre expérience n'a ni commencement ni fin. Elle se révèle en fait intemporelle."