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Piège dans les bas fonds de la politique : épuisement de l'humain et liquidation de l'intelligence

Par Sergeuleski


   Le dessinateur Plantu, qui aura été le seul à défendre la liberté d'expression d'un Dieudonné, tente de faire face à Alain Finkielkraut, auteur essayiste sourd et agité (faut-il y voir là un lien de causalité ?) au regard fuyant.

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   Année après années, Alain Finkielkraut y aura vraiment tout laissé, abandonné et perdu... intelligence, honnêteté, discernement, bonne foi, culture humaniste... dans son combat sans relâche non pas tant pour la défense de la politique d’un Etat… Israël... que contre les antisionistes, ou plus simplement... contre les critiques adressées à un Etat qui n'a aujourd'hui plus rien à envier à  l'Afrique du Sud du temps de l'Apartheid, ainsi que dans sa commémoration-célébration du génocide juif, génocide plus connu sous le nom de Shoah.

   Si d'aucuns pouvaient penser que le piège tendu par ce qui ressemble fort, in fine  - car on se doit toujours d’interroger les fins si l’on veut pouvoir identifier toute la perfidie des moyens utilisés -, à un impératif catégorique au service d’une philosophie morale dévoyée dans ses fins… un monde qui reposerait sur la voracité des uns, la ségrégation et l’humiliation des autres, les plus faibles de préférence jusqu’à faire plier les plus forts car les places au soleil sont limitées ; projet d’essence anti-égalitariste et anti-humaniste, jusqu’à la pleine remise en cause de la nécessité d’une perfectibilité à la fois sociale et humaine des modes d’organisation de l’existence propre aux humains – ce qu’on a pu nommer  «lutte contre les inégalités autant structurels que conjoncturels, de nature et de système » -, ainsi que la fin de la non-prise en compte de l’origine ethnique, de l’appartenance religieuse et/ou politique d’un individu ou d’un groupe, voire d’une nation tout entière, avant de décider de son sort…

Avec en prime l’exploitation du génocide juif et son instrumentalisation à des fins économique, politique et géostratégique ; l'Etat israélien et ses représentants de par le monde se servant de ce génocide jusqu'à n'être plus qu’un moyen au service d’une violence politique (Judith Butler dans... Vers la cohabitation) …

Force est de reconnaître aujourd’hui que le piège tendu, l’a été, et l’est aujourd’hui plus que jamais, autant pour les Juifs de la diaspora avec Alain Finkielkraut comme figure de proue que pour les non-Juifs avec Dieudonné, figure aujourd'hui archétypale de celui qui a fait le pari on ne peut plus risqué, non pas de tomber, mais de se jeter à pieds joints et à corps perdu dans ce piège avec jubilation tout faisant un second pari : en sortir plus fort encore.

Epuisement pour les uns, bannissement pour les autres...si l’un est déjà en passe d’en sortir complètement désavoué et intellectuellement laminé et éreinté à force de contorsions éprouvantes, espérons que Dieudonné n’en sortira pas les pieds devant !

Piège tendu sans l’ombre d’un doute par une caste militaro-politico-religieuse issue de la « Maison mère », un Benyamin Netanyahou en chef, volubile, incarnant à la perfection comme personne d’autre avant lui mais… comme beaucoup d’autres après lui, là-bas, ici et partout ailleurs, soyons-en sûrs et pour longtemps encore, l' atteinte délibérée à ce que George Orwell appelle la « common decency » (1).

Disons-le sans ironie : il est vraiment surprenant qu’un si petit pays de par sa superficie et le nombre de ses habitants ait pu accoucher  - et même s’il s’agit d’un produit d’importation - Benyamin Netanyahou a longtemps vécu aux Etats-Unis -, d’un individu tellement à l’aise - dans son élément comme un poisson (et un poison) dans l’eau vive et claire –, avec une mondialisation d’un obscurantisme qui jamais n’a vraiment baissé les bras au cours des siècles et que personne n'a réussi à dompter ; celui que dénonçait  Bertolt Brecht :  l’argent, la marchandise et la cupidité ; la puanteur du désir de « tout rafler » matériellement, politiquement et humainement…

Alors que d’autres subissent ou se contentent d’accompagner au rythme de leur carrière politique sans toutefois bouder leur plaisir pour autant  – pouvoir de jouissance : bonne bouffe et petites pépées ! -, le déclin rapide des conditions d’existence en Europe : Hollande, Merkel et la majorité des supplétifs gestionnaires intérimaires des pays européens ; seul David Cameron fait exception (il est vrai que son père est un riche agent de change) : il semble partager cet engouement et cette aisance face à la liquidation d’une certaine manière  - art ? -, de vivre propre à l’Europe - mondialisation libérale oblige.

   Qu’elle le veuille ou non, c'est bien ce à quoi toute la diaspora juive est sommée d'adhérer, là où toute manifestation anti-système et par voie de conséquence "anti-mondialisation libérale", dernièrement la quenelle (2), est déclarée arbitrairement "anti-sémite" par un ministre et des associations-écran dont les desseins à la fois culturel, politique, géostratégique et économique ne sont plus un secret pour personne, jusqu'à la remise en cause de notre cohésion sociale et de son contrat, Finkielkraut en tête dans son désir de contrer ce qu’il considère être une attaque contre son moi ontologique (dans les faits, attaque par lui ingérable car mal pensée - se reporter à la vidéo : observez sa souffrance, l’étouffement qui est le sien… celui d’une identité et d’une allégeance qui le dévorent), tout comme nous qui sommes dans l’obligation de dénoncer une alliance avec un des rares Etats qui n'a décidément rien à proposer et à apporter au monde depuis sa création, et plus encore, depuis 1967, condamnations internationales les unes après les autres, depuis qu’il s’est mis en tête de vivre au dépens, sur le dos et au détriment de centaines de milliers d’individus.

      Impossible de ne pas voir dans la fin qui nous est promise telle une menace, les moyens qui conduisent tant d'esprits qui avaient  pourtant tous les attributs nécessaires pour oser penser la complexité du réel en y intégrant le poids de toutes les forces qui oeuvrent à sa mésinterprétation dans le meilleur des cas ; à sa disparition... dans le pire... esprits acculés, dos au mur, à se débattre, pris au piège, jusqu’à sombrer, l'âme noire, dans une médiocrité symptomatique d’un monde aujourd’hui… insortable. Monde que seul un petit nombre quittera la tête haute.

D’où la nécessité absolue de choisir son camp et de continuer de dénoncer ce piège - épuisement de l'humain et liquidation de l'intelligence -, filet attrape-tout dévastateur d’un environnement  maintenant délétère et irrespirable car rien de sérieux ne sera accompli aussi longtemps que l’on pensera pouvoir faire l'économie d'analyser dans les bas fonds - nouvel "état profond" de la politique - le pourquoi de tels procédés, agissements et expédients, comme autant de réflexes "panique" d'acteurs majeurs et secondaires, sayanim, supplétifs et petites mains inclus, sans oublier des milliers d'anonymes (que l'on peut compter en millions hors la communauté juive) la terreur au ventre à l'idée de ne pas avoir fait ou pensé ce qu'ils croyaient qu'on attendait d'eux… que cette attente ait été confirmée ou pas.

       Tant pis pour ceux qui sombreront, sommés de boire jusqu’à la lie le vin amère d’une vendange porteuse d’une seule promesse : celle d'une piquette tant morale qu’intellectuelle ; piquette qui nous est servie jour après jour par des médias dominants qui maltraitent et tabassent le réel à coups d'articles et de reportages à coups de pied et à coups de poing  ; médias indigents et malhonnêtes par la force des choses - celle de leurs propriétaires -, aux salariés-tâcherons humiliés jusqu’à la bêtise... et leur audience tout autant. Et personne ne nous fera dire, la tête sous le billot, que ce vin mauvais est un grand cru classé.


   Une fois encore...  tous y laisseront leur intelligence, leur honnêteté, leurs capacités de discernement, leur bonne foi... car dans ce monde qui nous est imposé, il n’y a pas deux manières d’adhérer, pour "eux" comme pour "nous" : se soumettre ou bien disparaître, tout en sachant qu’à l’âge de l’ersatz, se soumettre c’est aussi disparaître tout en demeurant là, certes ! mais sans ne plus y être vraiment.

Et quand on sait qu'il n'y a qu'un monde pour tout le monde, et pas deux...


1 - Milliardaire sans foi ni loi – sinon une seule : mort aux vaincus ! -, il est à la diplomatie et à la parole donnée, dit-on, ce qu’Al Capone était à la liberté du commerce et au paiement de factures de fournisseurs qui ont livré une marchandise qui a bel et bien été commandée.

2- Idem pour la chanson "Shoah Nanas" destinée à dénoncer l'instrumentalisation du génocide juif et dont Dieudonné est une victime collatérale ; soit dit en passant, sujet non tabou chez les intellectuels exigeants, libres penseurs éclairés et honnêtes de la communauté juive. A ce propos, on pourra se reporter au dernier ouvrage de Judith Butler – Vers la cohabitation.

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Pour prolonger, cliquez : Dieudonné interdit de représentation

 


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