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Millennium actress

Publié le 11 janvier 2014 par Olivier Walmacq

Une actrice vieillissante accepte une interview et dévoile sa vie d'une bien singulière manière...

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La critique fan de Borat

Le regretté Satoshi Kon a beau n'avoir réaliser que quatre films, son influence et son travail n'en sont que plus exemplaires. Il a réussi à créer un véritable univers entre rêve et réalité et a utilisé cet univers pour la plupart de ses travaux. Perfect blue avec une actrice devenant parano suite à des crimes ressemblant à ceux du film dans lequel elle joue, Tokyo godfathers montrait des SDF se retrouvant dans une folle aventure et Paprika avec une scientifique ayant un avatar imaginaire pour aider ses patients et elle va devoir faire face à un univers où les frontières entre rêve et réalité sont invisibles. Son second film Millenium actress, le réalisateur reste dans l'univers du cinéma, puisqu'il présente l'interview par deux personnes (dont le plus vieux et journaliste est très fan) d'une actrice vieillissante que l'ont dit inaccessible. Sans la voir, le spectateur s'imagine une star capricieuse, le genre où il faut se déplacer quitte à en faire la une de votre magazine. Mais au contraire, dès qu'elle se présente à l'écran, c'est une femme accueillante, ne demandant qu'à dévoiler son savoir de l'art qui en a fait l'actrice du siècle. Si Kon allait de manière viscérale dans le monde du cinéma avec Perfect blue, ici il dévoile une forme plus nostalgique.

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Pour donner plus de flexibilité à l'histoire de l'actrice, le journaliste et le cameraman s'insèrent ni plus, ni moins dans le décor devenant de véritables personnages de sa vie. Au final, ce sont des spectateurs au même titre que ceux qui regardent le film et cela permet ainsi au spectateur de n'être jamais exclu. De plus, c'est le journaliste qui permet à l'actrice de s'ouvrir avec une clé fort d'un grand symbolisme et qu'elle avait perdu malencontreusement et sans savoir où. Un drame qui rythme le récit et permet au spectateur de rendre terriblement humain le récit de l'héroïne. On y croit suffisamment pour se laisser quitter par ses seuls mots. On entre dans l'intimité d'une personne mais sans aucun voyeurisme. Ainsi, tout ce qui est relations amoureuses est plus ou moins laissés de côté (on saura juste à certains moments qu'elle a été marié à un réalisateur, mais jamais entrer dans leur intimité) pour privilégier cette intrigue de la clé, essentielle dans l'existence de l'héroïne. Néanmoins, le réalisateur n'hésite jamais à montrer ses rapports parfois houleux avec ses collègues féminines et notamment une rivalité pas aidée par la perte de la clé. 

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Plusieurs fois dans le récit, Kon se permet de déstabiliser le spectateur en mélangeant l'expérience de l'héroïne et les films dans lesquels elle a joué sans jamais laisser de fil conducteur. Par ailleurs, Kon multiplie les plaisirs en montrant son héroïne dans des rôles différents allant du film histoire type shogun à un film de guerre, en passant plus improbable vers le film spatial. Ce qui est à l'image de l'époque où se déroule la carrière, ces choix de films éventuels s'avèrent crédibles. Le cinéma japonais était en plein règne du maître Akira Kurosawa et 2001 a suffisament fait de ramdam pour que des bandes d'exploitation internationales voient le jour. C'est ce passage qui nécessite une des plus belles thématiques du film: celle de la filliation entre une artiste et un admirateur. Si dans son premier film Satoshi Kon prenait un cas extrême, ici il s'agit d'un cas aimant sans l'excès en la personne du journaliste. Car l'air de rien, le journaliste est plus qu'un vulgaire fan. (attention spoilers) Kon nous dévoile le tournage du film spatial qui n'a pas été de tout repos puisque l'héroïne manque de se faire tuer, suite à un mauvais effet-spécial. C'est le journaliste, alors assistant, qui la sauvera d'une mort certaine, portant ainsi la cicatrice de cet accident. Plus qu'un fan, c'est celui qui a sauvé son idole et le fait qu'il la retrouve qui plus est avec la clé n'est finalement pas si anodin: c'était écrit. (fin des spoilers)

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Un beau portrait du cinéma entre émotion et illusion comme seul Satoshi Kon en était capable.

Note: 18/20


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