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A baby in England: the big finale

Publié le 13 janvier 2014 par Pomdepin @pom2pin

Le grand jour arrive, bébé aussi! Dans le NHS, pour un accouchement naturel, vous n’aurez à faire qu’aux sages femmes, et à un petit troupeau d’une douzaine d’étudiants, qui viendra admirer votre anatomie dans tous ses détails les plus intimes. Le grand chef, l’obstétricien ne fera une apparition qu’au dernier moment, comme si c’était lui la star du show! Si vous demandez une péridurale, vous rencontrerez brièvement l’anesthésiste, ainsi que ses étudiants…mais c’est tout. Pour une césarienne d’urgence comme une prévue, vous aurez l’extraordinaire privilège d’avoir un obstétricien du début à la fin, ainsi qu’une tripotée de personnels divers…et comme c’est quand même une occasion inespérée de former les étudiants et bien, hop, on en fait rentrer une autre douzaine! Pour un peu, si vous pouviez bouger, vous vous lèveriez et salueriez le public à la fin de votre performance! Vous aurez enfin le bonheur immense de voir votre bébé pour la première fois, et de l’entendre. Bien, très, très bien même, puisqu’on vous le colle sur l’épaule, juste à côté de l’oreille, encore tout gluant pendant qu’on vous triture en tout sens et qu’on vous recoud. Et un bébé qui vient de naître, ça dégage ses poumons. Il hurle, directement dans votre tympan. En même temps, c’est votre premier grand moment de communion maman-bébé, c’est aussi inconfortable pour l’un que pour l’autre. Et quelque soit le type d’accouchement un pédiatre vient dans la salle et examine de suite le bébé. A moins qu’il ne préfère laisser faire son étudiant.

En Irlande, après une césarienne, on vous emmenait ensuite en salle de réveil pendant deux heures, toute seule, sans bébé ni Marichéri, avec une infirmière revêche et bizarrement moustachue, qui vous prenait la tension tous les quart d’heure en grommelant en gaélique, probablement des insultes. On sentait bien que son truc, c’était l’urologie et qu’elle ne décolérait pas d’avoir été mise en post natal. En Angleterre, on n’y reste qu’une heure, avec Marichéri et bébé, et une sage femme absolument charmante, souriante, aimable et compétente. Vraiment.

Ensuite, c’est direction le dortoir! Ahaha…Grace au NHS, vous allez vous retrouver dans une chambrée de 6 ou 8. Ça vous permettra de constater que Bébé 5 est effectivement bien plus beau, fort et intelligent (comment ça, il n’a que trois heures? Et alors?) que ses petits camarades. Comme une femme qui vient d’accoucher est généralement très mobile, pour ne pas dire au top de sa forme, la salle de bain commune à plusieurs chambrées, donc pour une trentaine de personnes, est généralement au bout du couloir, 3 kilomètres plus loin. Mêmes choses pour les sages femmes, leur bureau est très eloigné, et elles s’occupent de plusieurs chambrées en même temps. Vu qu’elles ne sont pas montées sur patins à roulettes, quand vous sonnez désespérément pour une urgence, il faut compter 10 bonnes minutes avant qu’elles se rendent compte que ça sonne, qu’elles localisent d’où ça vient, qu’elles désignent une volontaire à la courte paille, que la volontaire râle, qu’elle finisse son thé, et qu’elle se traine péniblement sur 10 kilomètres de couloirs jusqu’à vous.

Mais, pas de panique, vue l’ambiance de camaraderie riante qui règne dans le dortoir, le temps vous semblera passer à toute allure. La journée, vous profitez de vos visiteurs, mais aussi ceux de vos voisines, puisqu’il y a à peine un mètre entre les lits, et qu’ils sont séparés par un petit rideau adorable, rose saumon-pas-frais à grosses fleurs bleues purulentes. Vous aurez droit à la tournée de la sage femme en charge de la promotion de l’allaitement. C’est simple, pour la faire fuir, posez délicatement vos biberons sur la tablette devant le lit, elle vous évitera comme l’ante Christ. Et elle quittera la salle en lançant à la cantonade que les montées de lait sont très douloureuses pour les inconscientes qui donnent le biberon, ahaha. Pas de problème, je n’en ai pas, de montée de lait! Mais ça, elle ne me l’a pas demandé.

Mais je m’énerve, alors qu’un grand moment de sérénité bienveillante se prépare à fondre sur votre dortoir. Les visites sont finies, le repas aussi. C’est à dire que l’aide soignante qui vous a balancé bruyamment un plateau de choses indistinctes et gélatineuses sur la cicatrice, en réveillant les rares nourrissons qui dormaient et se mettent instantanément à hurler, l’aide soignante donc, revient chercher ses plateaux toujours pleins. Et je ne suis pas de mauvaise foi, les mamans anglaises n’y touchent pas non plus, on survit toutes à coup de barres de chocolat et de boissons énergisantes. Bref, on se prépare pour la nuit. En Angleterre, on vous laisse vous débrouiller avec votre bébé dans son petit berceau, style aquarium. Essayez de l’en sortir, de lui changer la couche, de le nourrir, au biberon ou au sein quand deux heures plus tôt, vous aviez le ventre coupé en deux….pas si facile! Mais ce n’est pas le problème des sages femmes, après tout, vous l’avez voulu votre bébé, hein. Il y a donc 8 mamans, et 8 nourrissons, qui passent la nuit à hurler. Et encore c’est une chance. Si ils ne sont que 7, c’est que vous aurez la joie de voir débarquer à trois heures du mat une nouvelle maman, avec son bébé, son mari, ses parents, et ses beaux parents, tous émus, tous se racontant mutuellement les dernières heures, et tous téléphonant à l’ensemble de leur relation, y compris la filleule de la voisine de leur beau frère, pour leur annoncer la grande nouvelle. A trois heure du mat donc! Dans un concert de 7 autres nourrissons brutalement réveillés. C’est un pur bonheur.

Bref, malgré cette ambiance apaisante, en moins de 24 heures je sprintais ostensiblement dans les couloirs, rameutant autant de monde que possible: regardez comme je vais bien, si je n’étais pas aussi maladroite, je vous ferais bien le poirier, là au milieu de la salle de repos des sages femmes, tellement je suis en pleine forme…cicatrice, quelle cicatrice? Ce serait dommage de monopoliser un lit du NHS, pour quelqu’un débordant d’énergie comme moi. Les sages femmes étant entièrement d’accord, elles se sont empressées de nous envoyer le pédiatre, qui a constaté que bébé 5 était vraiment en pleine forme, lui, l’orthophoniste, qui l’a déguisé en rappeur, avec un énorme casque sur ses petites oreilles (il entend bien), et un docteur de passage, qui cherchait la cantine. Tout le monde était d’accord, et bébé 5 a pu découvrir sa maison moins de 24 heures après sa naissance, ce qui est très courant ici. Pour celles qui s’inquièteraient, le NHS ne jette pas à la rue les mamans et leur bébés, on a droit à l’hospitalisation à domicile, pendant une dizaines de jours. Une sage femme passe régulièrement, la Health visitor vient examiner le bébé, vous avez un numéro d’urgence à appeler pour le moindre problème.

A partir de là vous aurez à faire à votre généraliste, le GP, l’infirmière pédiatre pour les vaccins, l’infirmière gynécologue pour votre révision des 6 semaines (ça peut être la même personne d’ailleurs) et la Health visitor. Et quelques étudiants évidemment.


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