La glace noire, écrit par Michael Connelly.Titre original : The Black Ice.Editions Points Policier.383 pages.
Résumé : La veille de Noël, l'inspecteur Moore est trouvé sans vie dans un motel de Los Angeles. Arrivé sur les lieux, son collègue Harry Bosch se fait virer par ses patrons : c'est un suicide, point final. Furieux, Bosch enquête en douce et comprend que Moore était lié à un trafic de black ice, une drogue nouvelle qui fait des ravages en Californie.
Plus troublant, dans la voiture de Moore il découvre un mot qui lui est clairement destiné. Entre les deux hommes, un étrange dialogue se noue, d'outre-tombe au début, jusqu'au jour où on décèle une mouche dans le corps d'un travailleur mexicain jeté à la décharge publique...
C'est peut être la première fois qu'en ouvrant un livre de Connelly j'ai la drôle d'impression d'avoir déjà lu ce livre. Pourtant, jusqu'à preuve du contraire, La glace noire ne se trouve nulle part sur une de mes étagères où même dans un de mes cartons de livres. Et c'est une sensation étrange qui ne m'a pas quitté jusqu'à la fin du livre, chaque nouveau retournement de situation me semblant étrangement familier. Tout ça pour dire que cette lecture fut un peu étrange et le plaisir de lire une nouvelle enquête d'Harry Bosch un peu entaché.
Un Conte de deux cités.
La glace noire fait partie des quelques livres mettant en scène Bosch dont l'intrigue ne se trouve pas exclusivement à Los Angeles. Alors que l'intrigue débute avec une affaire des plus classiques entre magouilles politiques et histoires de flic, Harry doit rapidement se rendre à l'évidence que les réponses à ses questions ne se trouvent pas dans la Cité des Anges mais bien plus au sud, à la frontière mexicaine, au cœur des villes jumelles de Calexico et Mexicali (mots-valise utilisant Californie et Mexico). J'ai trouvé ce changement de paysage intéressant, surtout car cela permet de sortir Bosch de son confort, de lui faire perdre ses repères et surtout de le mettre terriblement en danger. C'est d'ailleurs un des livres de Connelly dont le dénouement m'a le plus angoissé et excité à la fois. L'utilisation de la culture mexicaine était intéressante et permet d'introduire des éléments dont on a pas forcément l'habitude autour de Bosch. La corrida m'a particulièrement plu puisque j'en ai vu pas mal lorsque j'étais adolescent. Globalement, c'était dépaysant et je pense que c'est une bonne chose. Cela évite que toutes les enquêtes de Bosch se ressemblent.
Inspecteur Harry.
Ce qui m'a particulièrement plu dans ce livre n'est ni l'enquête en elle même, ni le cadre mexicain/californien dans lequel on évolue, mais bien le personnage de Harry Bosch. Je connais le personnage depuis quelques années déjà, je l'ai vu changer d'année en année, d'enquête en enquête, mais dans ce livre je me suis principalement régalé à le voir sortir des sentiers battus. J'ai trouvé que Connelly arrivait à acculer son personnage avec beaucoup d'efficacité en construisant une sorte de complot mystérieux autour de la mort de Moore. Bosch ignore à qui faire confiance, que ce soit à Mexicali/Calexico ou simplement à Los Angeles où on essaye de gentiment l'écarter de l'enquête puisque tout le monde commence à connaître la méthode Bosch, celle qui consiste à refermer ses crocs sur une affaire et ne jamais lâcher prise avant d'avoir dévoilé la vérité. Après avoir lu Deuil Interdit il y a quelques temps, j'ai été amusé de retrouver Irvin Irving dans une position bien différente. Ce Némésis récurrent est un personnage que j'aime beaucoup car il est bien plus complexe qu'il n'y parait. J'ai été surpris de retrouver Silvia, une des nombreuses conquêtes de Bosch, dans ce livre, qui explique d'ailleurs son origine. Une sensation de déjà vu là aussi, même si je reste convaincu de ne jamais avoir lu le livre auparavant.
La glace noire a été une drôle de lecture, mélangeant déjà vu avec une certaine excitation à la vue de cette nouvelle enquête d'Harry Bosch. Clairement pas le meilleur Connelly, le livre reste un polar plein de surprises, à l'intrigue complexe et noire. Cela reste extrêmement bien écrit, on reste scotché au livre du début à la fin. Je ne conseillerais pas ce livre à ceux voulant entamer la saga Bosch, mais il reste à mes yeux un parfait exemple de qui est Harry, de quelles sont ses convictions, ses valeurs, et ce pour quoi il se bat.