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Les confidences posthumes de Daniel Darc

Par Filou49 @blog_bazart
16 janvier 2014

 Daniel Darc, Tout est permis mais tout n'est pas utile

 J'ai déjà écrit un billet sur Daniel Darc (billet que l'on peut retrouver ici même) quelques mois avant son décès, survenu il y a presque un an maintenant, en février 2013, et dans ce billet, je rappellais que l'homme, ancien chanteur du groupe Taxi Girl (auteur du fameux tube interplanétaire, "Cherchez le garçon") était revenu de pas mal d'obscures contrées, avait frôlé la mort une bonne dizaine de fois, et avait flirté avec tous les démons possibles et inimaginables : drogue,  alcoolisme, maladies, décès de pas mal de ses proches, j'en passe et des meilleures, avant de rescuciter artistiquement à l'aube des années 2000, un terme de résurrection d'autant plus bienvenu, que Darc était revenu avec penchant assez christique qu'il revendiquait et assumait complètement dans ses chansons et ses écrits.

Tout cela (ses démons, ses excès, ses souffrances, son retour à la vie, sa passion nouvelle pour la religion), il l'avait raconté au journaliste Bertrand Dicale dans un livre de confessions posthumes, "Tout est permis mais tout n'est pas utile", phrase justement tirée justement d'une phrae d'un apotre Saint Paul, un livre que j'ai dévoré avec un grand plaisir et un certain enfièvrement la semaine passée.

Suite à la disparition soudaine de Darc en pleine préparation de ce livre qui devait mettre pas mal d'années à se finaliser, ce témoignage possède un coté incomplet et inachevé que Bertrand Dicale reconnait évidemment dans la préface de l'ouvrage, pas mal de sujets auraient mérités d'être approfondis et dévellopés. Mais en l'état actuel des choses, ce livre constitue une véritable confession de foi, grâce aux nombreux entretiens à cœur ouvert et la complicité que les deux hommes avaient pu nouer entre eux.

Certains passages du livre sont vraiment passionnants, notamment ceux concernant son enfance, qu'on croirait tiré d'un roman- une mère amoureuse d'un Allemand pendant la guerre...et qui du fait de sa séparation avec l'allemand, épousera ...un juif ( le père de Darc, qui sombrera plus tard dans l'alcoolisme).

Les confidences posthumes de Daniel Darc

La drogue, évidemment, occupe une large part du récit, peut -être un peu trop tant on a l'impression que Darc a bien plus de choses à dire sur la came (ce miraculé du SIDA décrt dans le détail ses conditions de shoot pathétiques avec  un réalisme parfois à la limite du soutenable) que sur la musique dont il parle toujours avec un je m'en foutisme qu'on ne sait s'il est sincère ou un peu fabriqué...

Darc n'élude rien de ses passages à vide et les névroses qu'il a traversé, et même si le récit est parfois confus et embrouillé, il est traversé de vraies fulgurances.

De ces fulgurances, se dégage essentiellement l'immense culture littéraire du chanteur qui vouait une admiration snas borne pour les écrits de  Burroughs et Kerouac et que son rêve n'était pas d'être chanteur mais d'être un grand romancier. Darc tenait à cultiver sa légende de héros du punk et   n'oublie pas de raconter (anecdote que j'ignorais totalement) le soir où il s’était tranché les veines sur la scène du Palace, un soir de 1979 lorsque Taxi Girl faisait la première partie de Talking Heads. Darc se décrit  en fait tout au long de son ouvrage, si on arrive à résumer sa pensée qui part parfois dans tous les sens, comme un grand timide souffrant de phobie sociale qui ne disparait qu'avec la drogue ou l'alcool. Il n'en fait pas un plat, il assène juste les vérités avec calme et parfois humour.

Darc aborde également avec moults détails le domaine de  la religion, puisque Darc (qui enfant se rêvait rabbin) avait trouvé ces derniers temps sa voie dans le protestantisme et essaie de nous expliquer, du reste pas toujours de façon très lisible et cohérente, comment il avait réussi dans ses dernières années a adapter sa rock attitude au service de l’Evangile.

Les confidences posthumes de Daniel Darc

Un récit que j'ai lu d'un seul souffle quasi en apnée, avec pas mal d'émotions qui rejaillissent à la surface (surtout quand Darc nous dit son désir désormais de vivre vieux) et que j'ai dévoré en écoutant en même temps le dernier disque de Darc, Sweet Sixteen, ce dernier album également paru à titre posthume et qu'il n'avait pas pu achever, se contentant de poser les voix et de choisir les titres figurant dans l'album.

Il avait enregistré ses voix, choisi les onze chansons, ainsi que le titre.
En savoir plus sur http://www.evous.fr/Daniel-Darc-Le-chanteur-retrouve-mort-a-Paris,1181709.html#rWHktrdkJLlP2iTq.99Il avait enregistré ses voix, choisi les onze chansons, ainsi que le titre.
En savoir plus sur http://www.evous.fr/Daniel-Darc-Le-chanteur-retrouve-mort-a-Paris,1181709.html#rWHktrdkJLlP2iTq.99

Son guitariste et arrangeur Laurent Marimbert a alors terminé le travail afin de dévoiler publiquement, le 30 septembre 2013, ce qui restera comme le testament musical de l'artiste.

Intitulé avec beaucoup d'a propos Chapelle Sixteen, cet opus  final  (composé de deux CD, mais le second, composé uniquement de morceaux non finalisés m'a semblé vraiment être des fonds de tiroirs qui n'auraient pas du être commercialisés à mon avis) aborde évidemment les  thèmes de prédilection du chanteur, à savoir la religion et la mort. Si musicalement, le disque manque d'homogénéité, certaines chansons sont vraiment issues du rock furieux ( le morceau les 3 singes), d'autres de pop que je n'ai pas trouvé pas trés interessantes, j'ai particulièrement adoré trois ballades  situées au milieu du disque,  que sont  " Des idiots comme nous" et Période bleue ou encore Ita Bella" où on entend Darc très ému rendre hommage à sa grand mère raflée au Vel d'Hiv...Ce qui est certain c'est à quel point l''ensemble de l'album est traversé, peut être encore plus que ne  l'étaient aussi les derniers disques de l'artiste, d'un vrai souffle christique qui prend une signification encore plus intense aujourd'hui.

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Hommage à Daniel Darc  avec 25 minutes de concert acoustique sur TV5 monde.

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