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L'égo, le goût - (Fleurs au Fusil)

Par Venise19 @VeniseLandry
L'égo, le goût -  (Fleurs au Fusil)Un égo se ramène souvent à une question de goût. Un égo a tel goût, l'autre égo a un goût différent. Quel égo est le mieux, lequel a le plus raison, lequel a le meilleur des goûts ?
Quand je participe au webzine La Recrue pour un repêchage, ça va, je ne suis pas directement confrontée. Je suis sur mon île et mon île m'envoie pour écho, ma voix. Quand je participe à la chronique "Recrue du mois", où nous sommes au moins quatre à commenter le même livre, c'est différent. On ne se consulte pas avant la sortie de nos commentaires, on apprend donc l'avis de l'autre égo, le 15 du mois. Aujourd'hui.
Pour Fleurs au fusil, nous étions quatre. Deux égos ont beaucoup aimé, deux autres ont peu aimé. Je suis dans cette dernière catégorie avec Marie-Jeanne Leduc. J'ai lu les avis de Lucie Renaud et Maud Lemieux, et j'ai été troublée. Elles avaient certes lu le même roman que moi, mais avaient vécu des émotions tellement différentes. Ça m'avait déjà frappé mais ça m'a frappée plus que jamais. Ça te ramène à l'essentiel. Tu n'es qu'un goût, un égo qui s'adresse à d'autres égos. Ma participation régulière à La Recrue me permet de ne jamais l'oublier.
L'égo, le goût -  (Fleurs au Fusil) Fleurs au fusil - Marjolaine Deschênes
L’histoire de Viviane Videloup se découpe en épisodes. Le premier tourne autour de sa relation avec le père qu’elle s’est choisi : Louis Leloup. Par contre, c’est la relation avec son père de sang, Janvier, qui l’a marquée pour la vie. Ce père rustre, perdant la tête quand il boit, pourchassant alors femme et enfants avec une carabine, a un dada : empailler des animaux pour leur donner une vie artificielle. Cette activité obsessive de son père a frappé l’imaginaire de la fillette et amène la femme de maintenant 36 ans à remettre en question le romantisme, auquel elle reproche de donner l’apparence du vivant aux morts.
Le deuxième épisode se déroule en compagnie de Laurent, un ami qu’elle va retrouver en Belgique durant sa sabbatique. Ensuite, viendra l’épisode de Fleure, une amie d’enfance providentiellement retrouvée à Bruxelles. Ces deux relations ont su capter mon intérêt, et en ce sens-là, j’aurais aimé qu’elles soient fouillées plus avant.
Année sabbatique rime avec bilan. Tout est prétexte à voir filer sa vie dans le rétroviseur : maternité, absences, départs, brisures, chocs, accidents. L’homme n’occupe pas la belle part ; les bons disparaissent ou veulent disparaitre (père d’adoption, père de sa fille, frère) mais les monstres perdurent. Dans un tel contexte, la femme est facile à porter aux nues, mais sans trace de romantisme, tient à préciser Viviane. La relation avec sa fille est idyllique; ce sont vraiment les hommes qui écorchent le cœur et le corps des femmes.
J’ai été dérangée par la violence insolente des pères et l’image traîtresse des hommes, probablement parce que l’auteure ne la creuse pas, elle l’expose, point. Ma lecture a manqué de fluidité, le roman s’entrecoupant de relations effleurées, que j’oubliais aussi vite que l’auteure les mettait de côté. L’épilogue de 17 pages, se présentant en 5 chapitres, m’a donné l’impression d’un sac dans lequel on empile les conclusions.
J’ai relu le roman et dois admettre que j’ai mieux apprécié ma deuxième lecture que la première. Qui sait, si une troisième ….

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