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Les relations oecuméniques et l'unité des chrétiens: ma chronique du 12 janvier

Par Christophe Levalois @CLevalois
Ma chronique du 12 janvier dans l'émission Lumière de l'orthodoxie (textes et podcast), sur Radio Notre-Dame, avait pour sujet les relations œcuméniques et l'unité des chrétiens. Voici le texte.
Du 18 au 25 janvier aura lieu la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Cette année le thème est une question extraite de la première épitre aux Corinthiens (1Co 1, 13): « Le Christ est-il divisé ? ». Il s’agit de ce fameux passage où l’apôtre Paul constate des discordes parmi la communauté chrétienne de Corinthe, certains se réclamant de Paul, d’autres d’Apollos, d’autres de Céphas, c’est-à-dire de Pierre. Déjà ! Est-on tenté de dire… Nouvelle illustration de l’actualité toujours étonnante du Nouveau Testament.
Bien entendu, de nombreux orthodoxes se mobilisent pour participer à cette semaine. C’est l’occasion pour nous de dire ici quelques mots sur les relations œcuméniques, notamment entre orthodoxes et catholiques, d’autant plus que nous fêterons cette année le cinquantenaire de la rencontre du patriarche Athénagoras et du pape Paul VI à Jérusalem, première rencontre depuis plus de cinq siècles du pape et du patriarche de Constantinople et début de relations au plus haut niveau entre le siège romain et celui de Constantinople.
Cette rencontre et celles qui ont suivi, ainsi que la levée des sentences d’excommunication de 1054, en 1965, ont suscité un immense espoir et certains ont cru à une réconciliation complète proche, c’est-à-dire à l’union des Églises. Mais les années sont passées et l’union envisagée s’avère une ligne d’horizon bien lointaine.
Aujourd’hui, on peut considérer que les niveaux et les lieux du dialogue œcuménique se sont multipliés et diversifiés. Le dialogue théologique a progressé. L’histoire des Églises a été clarifiée. Les théologiens échangent souvent. L’autre est mieux connu, voire très bien par des spécialistes. Mais, il faut bien le reconnaître, la fin du dialogue théologique n’est pas pour demain.
Constatant cette situation, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, préconise une synergie avec l’Église catholique sur les questions de société pour lesquelles les convergences sont notables. Cette démarche progresse aujourd’hui par le biais d’initiatives communes. Cela permet aux uns et aux autres de mieux se connaître, de s’écouter, de s’apprécier et de travailler ensemble.
Ce rapprochement humain est finalement fondamental. C’est la connaissance concrète de l’autre qui permet de nouer des relations solides et authentiques. Si l’on observe l’histoire, c’est l’éloignement qui a engendré les divisions. Des évènements historiques ont modifié les relations entre des sociétés qui avec le temps ont vécu avec des préoccupations différentes, des adversités et des blessures différentes, des rêves et des espoirs différents, une évolution culturelle différente, et à terme ne se sont plus écoutées et ne se sont plus comprises. Elles sont devenues étrangères l’une à l’autre. C’est le cas du monde latin et du monde grec, qui étaient quasiment en osmose lors de l’Empire romain, avec une circulation intense entre les rives occidentales et orientales de la Méditerranée, dont a profité le christianisme naissant. Au Moyen-âge, on observe un éloignement constant malgré des tentatives pour revivifier le dialogue. La chute de Constantinople en 1453 entraine la fin des relations qui se poursuivaient vaille que vaille malgré l’incompréhension croissante.   
Au XXe siècle, les sociétés se sont à nouveau rapprochées. L’autre n’est plus l’étranger d’un pays lointain mystérieux, mais un voisin avec qui l’on vit. En outre, dans de nombreux pays, les chrétiens de différentes confessions sont pareillement victimes de discriminations et de persécutions. Cela change complètement la perspective. Et nous rend optimiste pour les relations œcuméniques. Mais il y a le poids de l’histoire qu’il ne faut pas négliger. Il façonne les mentalités, les représentations, les modes de vie, l’âme des peuples, même si il est chaque jour plus vrai que nous vivons à une époque où malheureusement l’amnésie collective fait des ravages avec, en contrepartie, la recherche parfois exacerbée, individuelle et collective, de l’identité.
Sans doute faudra-t-il imaginer de nouvelles voies pour aller vers l’unité, en reconnaissant et en acceptant les différences, la diversité, par-delà les éléments fondamentaux que donne le credo. C’est cette diversité qu’aborde aussi l’apôtre Paul dans la première épitre aux Corinthiens, au chapitre XII, lorsqu’il prolonge sa réflexion en évoquant la diversité des membres de l’Église et l’unité du corps.
Cette aventure n’est donc pas terminée, loin de là. Mais elle interpelle, à chaque pas, par la confrontation à l’autre qui lui aussi est chrétien, l’authenticité de notre foi, sa nature et sa réalité concrète.

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