J'aime beaucoup Colette et son écriture très stylisée du siècle dernier; très inspirée des modernistes Anglo-Saxons (Virginia Woolf, Katherine Mansfield). Les décors sont souvent très féminins. J'ai toujours beaucoup aimé son écriture assez symbolique et métaphorique dans sa "saga" des Claudine.
La Seconde (publiée en 1929)est un OVNI. L'histoire est d'emblée chaotique. J'ai eu tendance à m'emmêler les pinceaux. J'ai poursuivi tant bien que mal la lecture. A un moment donné, les choses se mettent en place et se clarifient. Le sens arrive enfin. ALLELUIA! C'est assez laborieux.
L'histoire est d'une banalité sans précédent; on ne se rend pas bien compte au début puisqu'on ne comprend rien du tout.
C'est l'histoire d'une relation triangulaire (Fanny, Jane et Farou): on a du mal au début à dire qui est la femme, qui est la maîtresse s'il y a bien histoire d'amour. Tous les repères sont brouillés puisqu'on a une mise en abyme: nos personnages sont des acteurs, metteurs en scènes, costumières. Parfois, on croit que les personnages parlent d'eux-mêmes alors qu'en fait ils évoquent les personnages de la pièce. D'autres fois, c'est le contraire. On ne comprend le roman que dans le derniers quart du livre.
En revanche, je trouve que Colette est avant-gardiste: on dirait qu'elle pressent ce que seront les actrices des florissantes années 60. Les personnages féminins m'ont immédiatement fait penser à ce que seront les actrices Catherine Deneuve et Brigitte Bardot. Il y a des scènes qui m'ont fait penser au Dernier Métro (l'histoire d'amour entre une comédienne et son réalisateur) dans un autre contexte certes mais quand même...
et Belle de Jour. On dit souvent que les écrivains ont une longueur d'avance sur la réalité... Colette en est ici la preuve.
Tout ce que j'adore chez Colette, je ne l'ai pas retrouvé dans ce récit. Les personnages de Colette sont d'ordinaire "torturés" et complexes, ici, ils sont fades et navrants. On n'a aucune empathie. Il ne se passe vraiment rien.
Belle déception.