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Cherchez la femme

Publié le 18 janvier 2014 par Lorraine De Chezlo
CHERCHEZ LA FEMMEd'Alice Ferney
Roman - mars 2013
Editions Actes Sud - 550 pages
Quand Vladimir, l'ingénieur des Mines, croise la jeune Nina, 15 ans, élevée par sa grand-mère réfugiée russe, il décide très vite de l'épouser pour qu'elle devienne la mère de ses enfants. Ils seront deux garçons, d'abord Serge, l'enfant prodige de son papa et sa maman, fils adulé, narcissique, ambitieux, égoïste, puis Jean, inéluctablement effacé. Nina renonce à ses ambitions, vit une vie de mère frustrée, puis alcoolique. Son fils Serge, à son tour, fondera une famille au tournant des années 90's, avec Marianne, une femme qu'il idéalise, et pour qui il accepte de se marier. Trois enfants plus tard, les choses sont délicates, tous les héritages familiaux pesant sur l'un comme sur l'autre, une vie conjugale marquée par l'espoir irrésolu de Marianne, l'inconscience aveugle et l'injuste rancune de Serge.
Un très bon roman au sens classique, écrit d'une plume irréprochable, un livre dans lequel on plonge avec confiance et délectation. Quel plaisir de retrouver Alice Ferney, de la laisser nous conter des histoires, une histoire sur des générations, des parcours de vie, d'amour, de famille, de conflits, de déception, de naissances...Une écriture et une construction résolument classiques, pour une histoire contemporaine, avec des pauses pour cause de dissection psychologique. Un scenario très commun : enfance, naissance d'un couple, vie maritale, vie parentale, adultère.... qui est longuement et soigneusement déroulé par l'auteure, très attachée aux descriptions psychologiques accompagnant les comportements des protagonistes, depuis leurs héritages familiaux. Du coup, ces personnages lambdas deviennent nos familiers, nos connaissances, et alors leurs destinées ne sont plus communes et banales mais proches et tragiques, comme le sont celles de nos entourages.
Extrait :"Nina riait et rougissait. Quoi de plus normal ? Il y avait bien de quoi être gênée. Ne parlaient-ils pas de sa vie et de son ventre ? Ils régnaient sur son propre ventre ! C'était humiliant mais Nina n'était qu'embarrassée. Elle aurait pu mesurer combien, si l'on n'y prend pas garde, on appartient à ceux qui nous aiment. Elle aurait pu détester l'autorité qu'ils s'arrogent dès qu'on n'y met pas de limite. Elle aurait pu comprendre comment une fille passe de celle d'un père (ou d'une grand-mère) à celle d'un mari. "
Des personnages on pourra relever de l'auteure une certaine sévérité pour les femmes, rarement à leur avantage (mais d'ailleurs, les personnages masculins ne sont pas en reste). Alice Ferney est intransigeante, cinglante, lucide, et elle rend la mère Nina naïve, puis hystérique et enfin alcoolique défraîchie prématurément vieille, et Marianne, la bru, soumise, manipulée, fille d'une mère odieuse. Pas rose tout ça...
Les années défilent tout au long de ces 550 pages, tantôt étirées, tantôt concises, jusqu'à la conclusion, tragique.
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