Le Cinquième Pouvoir // De Bill Condon. Avec Benedict Cumberbatch et Daniel Brühl.
Le Cinquième Pouvoir est l’un des plus gros four au box office mondial en 2013 (il n’est pas resté plus d’une semaine dans ma ville au cinéma d’ailleurs) et je viens enfin de
voir pour juger sur pièce. Si le film a été fustigé par Julian Assange lui même, parlant d’inepties et de racontars infondés, le film partait donc déjà avec une balle dans le
pied. Cependant, je pense que tout le monde se moque de l’avis de Julian Assange, d’autant plus que le film est passé totalement inaperçu. Bill Condon, le
réalisateur de Dreamgirls ou encore des deux derniers volets de la saga Twilight, délivre donc ici un film pompeux et légèrement ennuyeux sur l’un des hommes les
plus fascinants du XXIe siècle. Il fallait le faire tout de même. Je n’aurais jamais cru que ce film serait aussi mal fichu, passant le plus clair de son temps la tête dans les écrans alors que
le film aurait dû se concentrer sur la personnalité étrange et mystérieux de cet homme dont on ne connait finalement que ce qu’il veut bien nous montrer. En cherchant à nous raconter cette
histoire en brossant tout et rien, le film se perd et rate totalement son idée de départ.
En rendant publics des documents confidentiels, ils ont fait vaciller les plus grands pouvoirs de la planète. La révélation d’informations ultra-secrètes explosives a mis en lumière un monde
jusque-là inconnu. WikiLeaks a changé la donne à jamais. Comment Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, et Daniel Domscheit-Berg, ont-ils pu obtenir ces documents ? Comment est né leur site qui,
en quelques mois, a réussi à révéler bien plus de secrets que tous les plus grands médias officiels réunis ?
Le plus gros problème de ce film c’est finalement de ne pas creuser quoi que ce soit et de ne faire qu’enchaîner les scènes. On a l’impression que l’on nous brosse un portrait sans grande
envergure, passant du coq à l’âne sans chercher à associer le tout avec un bon liant : un point de vue. Bill Condon, qui n’est pas si mauvais que ça derrière la caméra, se pose
presque en spectateur inerte d’un film qui aurait pu être tellement plus grand, plus jouissif et plus caractérisé. Car le personnage de Julian Assange, hacker révolté contre l’injustice, tombe
ici dans le piège du thriller paranoïaque sans en avoir les moyens et l’envergure. En jouant sur tout un tas de tableaux à la fois, l’objet cinématographique qu’est Le Cinquième
Pouvoir se perd totalement et nous déconnecté instantanément. Il y a pas mal de moments où l’on se demande bien ce que le film veut réellement nous raconter sur ce « héros »
des temps modernes. Je comprends les critiques de Julian Assange lui-même. Adapté du livre Inside Wikileaks et de Wikileaks : Inside Julian Assange’s War
on Secrecy par Josh Singer (Fringe, The West Wing), n’est pas Aaron Sorkin qui veut.
C’est d’ailleurs assez drôle de voir que Josh Singer a déjà travaillé sur une série de Aaron Sorkin (The West Wing) et qu’il tente ici de
s’inspirer plus ou moins du Social Network de ce dernier. Sauf que voilà, l’élève ne dépasse jamais le maitre et pire, il s’enfonce dans la pâle copie. Du coup, le film tente de
nous délivrer tout un tas de personnages secondaires filiformes, ennuyeux et ne servant aucunement le récit ou la personnalité extravagante de Julian Assange. C’est terriblement
désolant de voir qu’un film comment Le Cinquième Pouvoir n’est pas à la hauteur de ce qu’il aurait pu être. Par ailleurs, sympathique Benedict Cumberbatch
(Sherlock) tombe lui aussi dans le piège de la caricature. Cela m’a terriblement déçu de sa part bien qu’il reste un bon élément. Le meilleur dans ce film c’est Daniel
Brühl, l’acteur que l’on attend pas du tout finalement. Oublions donc ce thriller mineur dans l’attente, je l’espère, d’un vrai biopic fondé sur quelque chose de solide. D’un côté j’ai
l’impression que Le Cinquième Pouvoir souffre des mêmes soucis que Jobs avec Ashton Kutcher.
Note : 2/10. En bref, biopic raté en long et en large. Dommage.