Des niveaux plus élevés de mélatonine, une hormone impliquée dans le cycle veille-sommeil, fréquemment appelée « hormone du sommeil » pourrait réduire le risque de cancer de la prostate. A contrario, les troubles du sommeil qui entraînent une réduction de la mélatonine vont augmenter le risque. Cette étude de Harvard, présentée à la Conférence de l’American Association for Cancer Research consacrée à la recherche sur le cancer de la prostate, suggère à nouveau le rôle clé de l’horloge biologique et du sommeil dans la prévention de certains cancers.
La mélatonine est produite exclusivement durant la nuit et est l’un des éléments clés du rythme circadien ou horloge biologique. De nombreux processus biologiques sont régis par le rythme circadien et la mélatonine a déjà montré son rôle dans la régulation d’autres hormones qui influencent le développement de certains cancers comme les cancers du sein.
La perte de sommeil et d’autres facteurs peuvent influer sur la quantité de mélatonine voire bloquer complètement sa production, et les problèmes de santé associés à une faible mélatonine ou à un sommeil perturbé sont extrêmement variés et le risque de cancer en fait partie, rappelle le Dr Sarah C. Markt, du Département d’épidémiologie de la Harvard School of Public Health (Boston).
L’équipe a suivi durant 7 ans, 928 hommes, participant à une cohorte islandaise, et regardé l’association entre les niveaux de 6-sulfatoxymélatonine évalués à partir d’échantillons d’urine et le risque de cancer de la prostate. Les participants ont également renseigné par questionnaire leurs habitudes de sommeil. Les diagnostics de cancer de la prostate et les données de mortalité ont été obtenues à partir du Registre du cancer islandais.
111 hommes ont été diagnostiqués avec un cancer de la prostate dont 24 à un stade avancé.
· Parmi ces participants, un sur 7 signalait des problèmes d’endormissement, un sur cinq des insomnies, et près d’1 sur trois avoir pris des somnifères.
· Les hommes qui avaient des problèmes de sommeil au départ de l’étude présentaient des niveaux de 6-sulfatoxymélatonine (le principal produit de la mélatonine) inférieurs, vs ceux sans troubles du sommeil,
· les hommes ayant des niveaux de 6-sulfatoxymélatonine plus élevés que la médiane ont un risque de cancer de la prostate global diminué de 31% (HR : 0,69 IC 95% de 0,44 à 1,08),
· les hommes avec des niveaux plus élevés de 6-sulfatoxymélatonine ont un risque réduit de 75 % de cancer de la prostate à stade avancé par rapport aux hommes ayant des niveaux inférieurs.
Un bon sommeil et un cycle veille-sommeil stable sont donc bien associés à une diminution du risque de cancer de la prostate, en particulier à stade avancé. Néanmoins les auteurs précisent que ces données qui suggèrent l’influence du rythme circadien sur le développement du cancer de la prostate doivent être répliquées dans de plus larges études.
Source: AACR-Prostate Cancer Foundation Conference on Advances in Prostate Cancer Research Urinary melatonin levels, sleep disruption and risk of prostate cancer (Visuel Fotolia)
Autres actualitéssur le Cancer de la Prostate