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Bedos-fils : une tempête iconoclaste dans un dé à coudre

Par Sergeuleski

   Dans une interview au "Monde", Bedos-fils revient sur sa chronique de la semaine dernière chez Ruquier : "Je ne veux pas laisser à Dieudonné le monopole de la subversion"

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Et pour se faire, il invente donc une discussion avec un fan de Dieudonné, qu'il incarne avec un accent de banlieue, affublé d'une barbe et d'une moustache à la Hitler, totalement inculte et voyant des Juifs partout.

Rien moins.

***

   Autant Dieudonné peut être celui qui dit tout haut ce que d’aucuns peuvent penser tout bas, force est de constater que Bedos-fils, sur ce qu’il croit être le chemin de la subversion, choisit en prenant pour cible ce même Dieudonné de dire tout haut ce que les médias dominants, des associations communautaires-écran de fumée et la classe politique n'ont de cesse de hurler, semaine après semaine, mois après mois, année après année, depuis dix ans maintenant…

Un Dieudonné contre lequel une guerre sans pitié est menée, et comme un fait exprès, contre lequel quiconque souhaite faire carrière et être soutenu se doit de rendre un verdict sans appel de "fasciste, antisémite, raciste et complotiste".

   Après s’être essayé au théâtre sans convaincre ceux qui savent de quoi il en retourne avec cet Art à vif… et à fleur de peau – celle de l’existence humaine -, à l’heure de toutes les inversions, et pas seulement des valeurs, et du triomphe sans conteste de la novlangue d'Orwell, voulant exister coûte que coûte, Bedos-fils nous offre en partage un nouveau type de subversion qui consiste à prendre fait et cause pour une puissante caste politico-médiatique impitoyable (on l’a vu tout dernièrement à propos de la sanction contre Taddéï qui a eu le malheur de recevoir Marc-Edouard Nabe, un revenant) avec les dissidents qui menacent une information qui n’a plus qu’un seul parti-pris… le mensonge par omission, et la protection de ses intérêts économiques : les leurs et celles de leurs employeurs.

Nul doute, il s’agit là d’un créneau porteur ; créneau qui vous ouvre toutes les portes et pour longtemps car cette caste qui sacrent les uns et organisent le bannissement des autres fera des choux gras, et ras la gueule, d’un tel ralliement.

Qu’on se le dise : avec Bedos-fils, on s’en prend donc pour trente ans et plus.

   Certes, on ne peut pas cacher bien longtemps d’où l’on vient car, Bedos père, un temps humoriste attitré du PS, que l’on croyait en toute bonne foi et sans malice décédé depuis longtemps déjà, a lui aussi fini là où son fils a commencé : à la télé, dans les talk-shows, chez Ardisson (qui le croyait aussi tout comme nous qu’il nous avait quittés il y a longtemps) et BFMTV chez Ruth Elkrief auquelle, en homme de gauche qu’il est, amoureux d’une information honnête et digne de ce nom, lui et son épouse vouent une admiration sans bornes – ne lui a-t-il pas une fois confié alors qu’elle le recevait dans une de ses émissions ?! Une Ruth Elkrief qui est au métier de journaliste ce que peut être celui d’un flic dans un centre de rétention administrative pour demandeurs d’asile, pour ne rien dire de son mépris à peine contenu pour le bleu de travail fort en gueule, même et surtout métallurgiste, ainsi que pour tous ceux qui ont la fâcheuse habitude de remettre en cause un ordre établi qui sied si bien à tous les Elkrief du PAF et d'ailleurs au nom d’un sempiternel : « Monsieur, si c’était différent, ce serait pire encore ! » cher à la tradition d’un journalisme à la Duhamel ou d’un Elkabbach…

Quand on vous dit que plus ça change et plus…

   Bedos-père donc… un peu comme un certain Yves Montand, communiste de la première heure, la sienne, qui finira flic avec un gros flingue (le flic, encore et toujours le flic !),un Magnum non pas de champagne mais de type 357 à la main, excellant dans le maniement de cette arme, surtout lorsqu’il sera question d’abattre sans sourciller, et le spectateur non plus, d’une balle dans le dos, un braqueur qui prenait la tangente, dans un film d’Alain Corneau Police Python 357, avant de se rendre  à la Maison Blanche à l’invitation des Reagan… instituts de sondages complaisants et médias pervers allant jusqu’à lui laisser espérer pouvoir poser ses fesses dans le fauteuil élyséen. Oui, sans rire !

Il faut dire qu’ils avaient tous un bon quart de siècle d’avance car, pour ce qui est de la politique-showbusiness, ce sont un Sarkozy et son épouse qui rafleront la mise bien plus tard, l’un en Louis de Funès, folie des grandeurs oblige ! Et l’autre… mais là, personne n’a jamais vraiment su, et aujourd’hui pas d’avantage, qui et quoi elle pouvait bien incarner.

   On peut effectivement affirmer sans se tromper que Bedos-père a bel et bien fini là où son fils a commencé : chez Franz-Olivier Giesbert et chez Ruquier. Ce qui nous laisse espérer, même si personne n’y croit vraiment, à moins d’un revirement et d’une prise de conscience qui serait un miracle, sorte de chemin de Damas, que Bedos-fils finira là où Dieudonné se trouve aujourd’hui : paria adulé par nombre d’intellectuels en rupture de ban, les seuls qui comptent aujourd'hui, une partie d’une population que l’on pourrait assimiler aux « damnés des sociétés occidentales » ainsi que nombre d’entre nous, tous partageant avec cet humoriste satiriste sans rival un goût prononcé pour un rire qui a pris toute la dimension de l’ampleur de l’arnaque incommensurable, et sans doute sans précédent, d’une narration du réel qui n’a qu’un seul but : tabasser à coups de représentations qui sont autant de coups de poing et de pied, tout ce qui nous est réellement donné à vivre ; spectacle d’une société dont Debordnous exposera les tenants et les aboutissants ; mensonge dans lequel plus personne sain de corps et d’esprit ne peut se reconnaître.

Un rire qui reste un mode de résistance d’une efficacité redoutable contre notre impuissance face à la tyrannie du réel. Avec l’humour, et le rire qui l’accompagne, on reprend la main et le pouvoir.Rire, humour… humour et rire, il arrive aussi que le rire rende justice à ceux qui en sont privés.

Belle revanche des déshérités alors !

A près tout, Dieudonné n’est-il pas le plus grand anti-tartuffe depuis Molière de cette société-là du spectacle ?

   Dieudonné le métis qui porte en lui l’assurance du maître et la révolte de l’esclave, né d'une mère bretonne et d'un père africain… cela vous désigne très vite à la vindicte de ceux qui ne supportent pas qu’un fils des damnés de la terre leur donne des leçons –  Ah !Cculpabilité quand tu nous tiens ! Mais aussi, et surtout, mépris séculaire ; et mépris de classe.

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Dieudonné contre un nouveau saltimbanque virtuelle, privé de piste de cirque et de scène, venu prétendument lui faire concurrence, un blanc de blanc, blanc bec doublement blanc puisqu’enfant des beaux quartiers et du business-show ;  car enfin, Bedos-fils sera toujours propre sur lui et fin prêt pour le prochain magazine féminin qui souhaitera en faire sa une comme on en fait son quatre-heure, casse-croute pour une gent féminine en mal de gendre ou de petit ami, sans oublier les mal-loties c’est selon.. selon  l’âge des lectrices et leurs conditions.

Aussi pour revenir à Dieudonné le métis, il semblerait que le seul métissage qui soit à la portée d’un Bedos-fils qui n’en finit pas de se chercher et de s’essayer comme on choisit une paire de chaussures pour finalement faire le choix d’une paire tantôt trop grande, tantôt vraiment trop petite, soit le suivant : Jean-Marie Bigard pour le pipi-caca mais... bon chic bon genre s’entend ; et Pierre Palmade pour les vicissitudes d’un quotidien matérialiste en diable et traumatique en chef  : mon écran plasma géant est tombé en panne hier soir, et ma pétasse de copine qui a ses règles m’a fait la gueule toute la soirée…

Autant pour la subversion.

   Et l’Oligarchie hexagonale de trembler. Un ministre de l’intérieur alerté par la DCRI bouillonne déjà : dans les cercles autorisés on dit qu’il a vraiment du mal à se retenir.

Et nous d'aller voir ailleurs si ça se fait de rire d'un Nicolas Bedos que des médias gloutons qui n'aiment rien tant que la soumission de ses serviteurs useront aussi sûrement qu'ils en ont usé plus d'un et plus d'une.


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