Ike Yard est l’un de ces groupes new-yorkais perçus comme précurseurs malgré le nombre famélique de ses productions – un album éponyme en 1982, culte et paru par l’entremise de Factory America – branche éphémère de Factory Records – , faisant suite à Night After Night, un 12″ édité l’année précédente par Les Disques Du Crépuscule. Jouant un post-punk froid et acéré comme personne d’autre à ce moment là de ce côté-ci de l’Atlantique, il n’a pas fallu attendre leur reformation en 2011 et un second LP Nord sur Desire Records (lire) pour qu’une kyrielle de musiciens reconnaisse sa filiation, notamment par l’entremise d’une série de trois EP de remixes accompagnant la réédition dudit album prophétique. De producteurs techno, d’hier et d’aujourd’hui, tels Regis ou Arnaud Rebotini, à plusieurs formations dark-wave dont Tropic Of Cancer et The KVB, chacun à ainsi fait voeux d’allégeance tout en posant élégamment sa griffe. Il en va des derniers cités, Nicholas Wood et Kat Day, qui, sur le troisième et dernier EP, disponible depuis décembre dernier, ont ré-arrangé Cherish 8, la transfigurant en lente et magnétique digression synthétique, véritable contre-pied léthargique à l’intense relecture d’Half A God par Powell.