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La dispersion du loup dans le Nord-Est de la France

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

"Le loup a investi près de 1 millions d'hectares en 24 mois, depuis décembre 2011, sans qu'aucune mesure globale de protection des troupeaux ne soit mise en place. Il reste une seule alternative : anticiper et protéger ou continuer à compenser en pure perte pendant des lustres, sans aucun résultat, sauf à devoir éradiquer l'espèce, une nouvelle fois."

Baudouin de Menten : La Buvette des Alpages a demandé à Jean-Luc Valérie, l'initiateur de "l'observatoire du loup", de donner sa vision sur la situation du loup dans l'est et le nord de la France en janvier 2014.

Très critique sur le manque d'anticipation de l'ONCFS et la non protection des troupeaux par les éleveurs, poussés par leurs syndicats à ne pas bouger, les analyses de Jean-Luc Valérie ne font pas que des heureux. Considérées comme fort peu scientifiques par certains, elles ont pourtant fortement annoncé et anticipé la dispersion du loup, causée en bonne partie, selon lui par :

  • la chasse dont le loup est maintenant l'objet en France dans le cadre du Plan National Loup
  • l'aspect acceuillant des territoires traversés par les loups en dispersion (couvert et proies abondantes: cerfs, chevreuils, sangliers).

La dispersion du loup dans le grand-est de la France en 2013

par Jean-Luc Valérie

La Suisse à l'origine du retour du loup dans les Vosges

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En premier lieu il faut rappeler que le phénomène vosgien a pour origine la dispersion des effectifs suisses, information qui a été confirmée par les gardes helvètes dans la presse en janvier 2013, de mémoire. (Note du RPW: Phénomène encore actuel en décembre 2013) La taille, d'au moins une meute, de 9 individus est complétement révélatrice de la présence du loup depuis de nombreuses années chez nos voisins suisses.
Puis dispersion vers l'ouest et la plaine

Les tirs passés et à venir engageront encore des mouvements de populations vers le Jura, ou le Doubs comme en 2013, en septembre, en direction de Tenay, par exemple. Le Canis lupus concerné dispersant actuellement sur le Jura, venant du Doubs, et qui va s'orienter probablement plus loin vers la Haute-Saône dès le printemps 2014. Pour moi, les conséquences des tirs de destruction qui ne sont absolument pas étudiées, sont loin d'être négligeables dans ce phénomène de dispersion.
L’État et ses préfets, souvent hors la loi, poussent le loup à descendre des massifs montagneux vers les plaines françaises de l'est, et prochainement vers la Belgique, future terre d'accueil du canidé..., j'en suis convaincu!
Alors que les premiers indices de présences sont relevés par l'ONCFS sur le massif lorrain, en 2005 puis en 2007, le loup s'installe en groupe dès l'automne 2010. Il est possible de supposer qu'un double phénomène (la dispersion d'un groupe et la présence du loup en forêt de Hardt, non loin de Colmar) sont à l'origine du surprenant flux de dispersion engagé à partir de la zone vitale vosgienne dès le mois de décembre 2011 en direction de l'ouest pour l'essentiel.

L'Amplification de la dispersion

Même si Canis lupus a effectivement exploré le nord et le sud des principaux foyers d'activités actuels, voire plus loin encore (à l'ouest, sur Orléans, dès le mois de décembre 2012), ces phénomènes multiples qui sont en cours depuis novembre 2013 semblent, à l'évidence, s'amplifier. Les autorités continuaient d'affirmer il y a peu, qu'il n'y avait que 4 individus répartis entre les montagnes vosgiennes et l'Aube. Pour moi, c'est de la pure désinformation !  
A ce titre, une étude des périodes de présence et des prélèvements correspondants sur les animaux domestiques placés en parcs ou en îlots à ovins, depuis 2011, me permet de déterminer des probabilités de reproduction qui expliquent également une dispersion pour le moins surprenante, même pour le grand trotteur qu'est le loup.

Le canidé s'est très vraisemblablement reproduit dès 2011 sur le massif vosgien, tout comme en 2012, sur le secteur ouest du département des Vosges et il faut soupçonner une troisième reproduction en 2013 dans le département de la Haute-Marne.

Etat des lieux

La situation du loup dans le grand quart Nord-Est de la France est extrêmement variée.

Vers l'ouest et Orléans

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A l'Ouest de la région, Champagne Ardenne, il faut soupçonner également la présence du loup, dans les forêts de l'Orléanais (Département du Loiret, 45), depuis décembre 2012, ou début janvier 2013. L'ONCFS à reçu des informations vraisemblablement probantes à ce sujet, pour le moins, qui ont fait l'objet de l'envoi d'une « fiche d'information » pour laquelle, aucune communication de l'ONCFS n'a eu lieu, devoir de réserve et pressions multiples habituelles obligent.
A partir de la Haute-Marne et du Morvan?

A posteriori, la dispersion aurait pu avoir lieu dès novembre 2012, au départ de Bayel en Haute-Marne (52), tout comme vers le Morvan (Note du RPW: le Morvan est un massif de hautes collines situé en Bourgogne, aux confins des départements de la Côte-d'Or, de la Nièvre, de la Saône-et-Loire et de l'Yonne) en Janvier et février 2013 (comme par hasard, alors que des rumeurs de tirs sur le canidé ont maintes fois percées l'opacité de la préfecture concernée.) Le loup en groupe, empruntant les départements de l'Yonne et de la Nièvre, sans se faire remarquer, en période hivernale, il est parfaitement possible d'imaginer une séparation provisoire d'au moins deux canidés.
Quant à l'Yonne elle a croisé le prédateur fin octobre 2013 non loin du village de Bonnard, le retour du ou des canidés engendrant une prédation sur la commune de Vendeuvre-sur-Barse, à la limite ouest de l'Aube, sur un équin, dont le constat des techniciens de l'ONCFS conclut à une opération d'origine humaine destinée à la consommation de viande. Constat assez curieux quant il est possible de constater sur les images fournies, que c'est essentiellement au cou de l'animal que les prélèvement de chairs ont été faits. L'acte d'un boucher fou certainement !
Plus haut, vers la Marne et Paris

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Vers le Nord-Ouest, alors que le loup disperse en groupe d'au plus 3 individus, dans la Marne (51), dès le début du mois de novembre 2013 sur le secteur de Soulanges, ou un relevé de piste probant atteste d'un aiguillage et d'une séparation, sur un secteur de chasse largement pourvu en gibiers (chevreuil, cerfs, sangliers). Les canidés auraient dispersé du secteur de Brienne-le-Château ou un agriculteur aurait levé 3 canidés fin octobre 2013, lors des récoltes de maïs.
A ce jour, la présence du loup ne fait plus aucun doute dans la Marne, alors que certains directeurs de chasse expliquent encore qu'il s'agit "d'un grand renard gris". Ce qui sous-entend, qu'il ne faut pas hésiter à le tirer, sans autorisation, au cas où, et qu'officiellement, le loup n'est pas présent dans la Marne ! Des informations pour le moins mensongère.
Pour moi, Il est probable que le groupe s'est séparé depuis. Un seul individu dispersant actuellement au nord du département de l'Aube (10), à 5 kms de la limite marnaise. Voila un canidé qui pourrait se retrouver au sud de Epernay, sous 8 /10 jours, à la frontière du département de l'Aisne(02).

Il faut se demander si ce canidé qui venait probablement de la Marne, n' a pas tout simplement été viré (provisoirement) pour cause de reproduction dans le groupe.  "un éleveur d’ovins installé à Champfleury a été prévenu par les services de l’État qu’un loup avait été repéré dans le secteur", peut-on lire dans la presse régionale (18/01).

Le loup n'est donc plus qu'à 100 kms de Paris. Je trouve cette situation assez guignolesque !
Alors que Lignol-le-Château, en Aube, à une distance de 65 kms, connait encore les fortes prédations des canidés. Des analyses sur du poil et des relevés d'empreintes ont été effectuées, sans aucune communication de l'ONCFS.

Vers la Meuse et les Ardennes

Mais ce n'est pas tout. La dispersion a lieu dès janvier 2013 en Meuse (55), sur Ligny-en-Barrois (Note du RPW: entre Nancy et Bar-le-Duc, à 100km au sud de Virton en Belgique), et puis sur le sud meusien sur les communes de Vouthon-Haut (55) à la mi-octobre et Montigny les Vaucouleurs à la fin du même mois. Surprenant ?

Pas du tout : Il est connu qu'un individu recensé en ADN sur le massif vosgien en 2012 est bien présent en 2013, dans l'ouest vosgien, d'autre part un nouveau déplacement, vraisemblablement des mêmes montagnes vosgiennes, avec un relevé de piste en forêt de Parroy, (Meurthe et Moselle, 54), en août 2013, explique peut-être la présence du Canis lupus sur les terres de Jeanne d'arc. Il est possible d'envisager un regroupement en Meuse, de deux individus affiliés. Donc une nouvelle meute, reproductrice ou non!

Alors que les loups, en groupe, officiaient déjà sur la commune de Forcelles-Saint-Gorgon (Meurthe-et-Moselle, 54), classée « loup exclu » dans le même département, la nuit du 11 mars 2013, et dont les prédations progressent vers les Vosges (88), (commune de Morelmaison, toujours sur des ovins, le 22 mars 2013, à une distance de 20 kms, puis encore 30 km au sud, sur la commune de Darney). Aucune communication n'a eu lieu à ce titre de la part de l'ONCFS qui selon moi, continue tout au long de l'année à faire un déni du loup, et qui est de moins en moins crédible pour les populations concernées.
A compter du mois de mai 2013, la Haute-Saône (70) est à nouveau l'objet des convoitises du canidé, en provenance de Haute Marne (52) et du Jura (39) ou le canidé officie en juillet.

Janvier 2014

En janvier 2014, le loup est toujours présent (visuel et relevé de piste des techniciens de l'ONCFS le 20 décembre 2013 à Fontenoy-les-Montbozon, Haute-Saône) alors que des veaux sont prélevés le 28 novembre 2013, sur la même commune, classé « loup exclu ».

A ce titre, il faut souligner, à nouveau, que tous les prélèvements de bovins, dans l'Est , sont tous classés « loup exclu » en 2013, comme les années précédentes (Girmont en 2010, Kruth en 2011, Baudimont en 2013, ainsi que les 7 bovins victimes du loup, dans la Haute-Marne durant l'automne 2013. )

Il est bien entendu que reconnaître la responsabilité du loup pour les prédations sur des bovins pourrait engendrer dans les années à venir des compensations financières sans commune mesure avec celles du passé, il est donc plus facile de nier l'évidence. Jusqu'à quel point? Faut-il attendre un millier de prédations sur bovins d'ici quelques années pour que les préfets et les ministres prennent leur responsabilité? Ou faut-il attendre une éventuelle révolte paysanne? Il faut anticiper ET se protéger!

Dispersion du loup vers la région parisienne
Toutes les observations récentes montrent une large diffusion du loup
vers l'Ouest, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest à partir du massif des Vosges.

Les prospectives de développement de l'espèce

Bien que les protagonistes institutionnels (DREAL, ONCFS) affirment en choeur que le loup est imprévisible ; ce qui traduit tout simplement un manque latent de moyens d'investigations et de volonté politique, il est bien évident qu'il est possible de prévoir ostensiblement les dispersions du canidé.

Les foyers d'activité vosgiens vont s'étendrent jusqu'en région parisienne rapidement. C'est une certitude !

  • De part le Morvan, vers l'Orléanais,
  • de par l'Yonne vers l'Orléanais et le Cher,
  • de part la Meuse vers les Ardennes ou une prédation suspecte, sur un veau ("loup exclu"), à eu lieu sur la commune de Eteignières (Note du RPW:à 10 km au sud de la frontière belge et de Cul-des-Sarts commune de Couvin), le 29 mai 2013.
  • Puis vers la Belgique par les forêts situées au sud de la Meuse sur son parcours belge, tout en dispersant vers Valencienne et Charleroi.

Le loup bientôt en Belgique et vers Paris

Carte de dispersion du loup
Carte de la dispersion du loup (janvier 2014)
En orange : les départements qui sont une source de flux de dispersion permanent.
En rouge : les départements où le loup est présent, en dispersion
En vert : les départements "sous surveillance" où les loups en dispersion peuvent arriver d'un moment à l'autre. (Source : L'observatoire du loup)

La présence du loup en Marne est par ailleurs le fait déclencheur qui devrait faire réfléchir par avance à la dispersion du canidé en Belgique, tout comme vers le nord de la région parisienne, qui sera la première étape vraisemblablement.

Vers la Belgique, des territoires traversés accueillants

En effet, après le département de l'Aisne (02) placé récemment sous surveillance par l'Observatoire du loup, sur un territoire qui est particulièrement riche en grands gibiers (sangliers, cerfs et chevreuils) et ou de nombreux particuliers possèdent quelques moutons, le Canis lupus dispersera vers l'Ouest et le Sud, puis vers le Nord, à nouveau!
Les massifs forestiers morcelés restent encore des habitats potentiellement accessibles pour le loup, il y a de nombreux effleurements géologiques formant de petites cavités qui permettent l'établissement de tanières sures, tout comme dans l'ouest vosgien, dont personne ne peut plus contester l'origine et l'importance du flux migratoire en cours.

Carte-avesnois

D'autres parts le nord de ce département de l'Aisne jouxte l'Avesnois qui est un couloir naturel vers les Ardennes et la Belgique, par les bois de Mormal ou de la Thiérache.

"Les loups-hou, les loups sont entrés dans Paris"

Au sud-ouest la région parisienne sera vite investie, ce qui ouvre de nombreuses possibilités pour les dispersions futures.
 
Après l'Aisne, et la forêt de Compiègne, le loup est susceptible de prendre tanière en Val d'Oise puis en Yvelines, ce dernier département pouvant être dispersé par le canidé à partir de la Seine et Marne par l'Essonne, entre autre possibilité par le sud, il est susceptible de s'installer en forêt d'Orléans très rapidement, dispersant du Morvan par exemple, avant de poursuivre vers le sud du bassin parisien.

Conclusions

Le loup a investi près de 1 millions d'hectares en 24 mois, depuis décembre 2011, en prélevant près de 500 animaux domestiques, sans qu'aucune mesure globale de protection des troupeaux ne soit mise en place. Il est possible d'estimer le coût actuel à au moins, 200.000 euros.
Alors que les syndicats d'éleveurs ont confirmé leur refus de mettre en place, dans l'Aube, les moyens de protection nécessaires, va-t-on encore longtemps accepter, ici et ailleurs, que certains éleveurs laissent pourrir une situation au frais exclusif du contribuable? Il faut anticiper ET se protéger!
En facilitant la dispersion et la reproduction du loup, le Groupe National Loup a tenté d'instituer la régulation du loup, en toute connaissance de cause.

Près de 75% des prédations du loup, le sont sur des troupeaux ou lots, sans aucune protection, sans présence humaine, en dehors des parcs électrifiés, le plus souvent sur des bêtes isolées ou perdues. Les syndicats et associations d'éleveurs, de moins en moins crédibles, axent leur communication sur des faits exceptionnels dont seul l'éleveur, informé, est responsable le plus souvent. Cela sans compter les nombreuses pressions et chantages exercées sur ceux qui souhaitent se protéger, comme en Lozère, par exemple! (Camping au troupeau, Alliance avec les loups, entre autre, la liste est longue).
Pour moi :

  • le loup aura investi pour le moins, 40 départements d'ici 2017.
  • Il serait grand temps que les ministres concernés tapent du poing sur la table : il faut mettre au pas ceux qui profitent indûment d'un système de compensation, corrosif pour la société, et complètement contre-productif.
  • Il faut dissoudre le Groupe National Loup, où les conflits d'intérêts règnent en maître. Ses analyses et décisions ne concernent que le sud-est de la France. Le GNL n'est pas représentatif des réalités naturelles.
  • Il faut intégrer l'ONCFS à une instance plus nationale en excluant les préfectures et les  politiques de la gestion du loup !

Il reste une seule alternative : anticiper ou continuer à compenser en pure perte pendant des lustres, sans aucun résultat, en dehors de la disparition des petits éleveurs, ce qui engendrera encore plus de prélèvements sur les ovins et bovins à terme, sauf à devoir éradiquer l'espèce, une nouvelle fois.
Il y a urgence, semble-t-il !
Jean-Luc Valérie
l'Observatoire du loup


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