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Les enfants adoptés sont-ils plus fragiles que les autres ?

Publié le 12 mai 2008 par Zench

28876999.jpgSi la plupart vont bien, une étude américaine met en évidence un peu plus de troubles du comportement, d'anxiété et de dépression que chez les non-adoptés.

Il est parfois bien difficile d'être parent de nos jours, le nombre d'ouvrages publiés sur la question en témoigne. Mais que se passe-t-il lorsque l'on est parent adoptant ? Certes, une fois devenus adolescents, la plupart des bambins adoptés n'auront pas plus de difficultés psychologiques que les autres. Mais ce n'est pas toujours le cas selon une étude nord-américaine publiée cette semaine (le 5 mai) dans les Archives de médecine de l'enfant et de l'adolescent, du groupe du JAMA (Journal of the American Medical Association).


«Certains d'entre eux ont eu plus de contact avec des professionnels de santé mentale que les autres enfants», pointe l'équipe de Margaret Keyes, de l'université du Minnesota à Minneapolis. Celle-ci a suivi un groupe de 540 jeunes de 11 à 21 ans nés dans des familles «classiques» et les a comparés à 514 ados adoptés à l'étranger ainsi qu'à 178 autres nés sur le territoire des États-Unis. Elle a interrogé régulièrement parents et enfants pour détecter d'éventuelles difficultés : troubles du comportement, de l'attention avec hyperactivité (très à la mode outre-Atlantique), conduites d'opposition, anxiété voire dépression. L'objectif d'une telle étude était de mieux évaluer les éventuelles difficultés des enfants adoptés, afin de réfléchir à une stratégie de prévention.

«Au final, le fait d'avoir été adopté double l'éventualité d'avoir consulté un professionnel de la santé mentale, estiment ces chercheurs. Certes la grande majorité de ces adolescents vont bien au plan psychologique mais, parmi ceux qui vont mal, ceux issus de l'adoption nationale éprouveront plutôt des troubles du comportement, alors que ceux qui ont été recueillis à l'étranger souffriront plutôt d'anxiété de séparation et de dépression.»


«Je ne suis pas de ce monde »

Ces conclusions méritent cependant d'être nuancées. En effet, pour le Pr Marie-Rose Moro, chef de service de pédopsychiatrie à l'hôpital Avicenne de Bobigny, qui a passé en revue diverses autres grandes études de ce type, «comme un tel résultat n'est pas concordant avec celui d'autres études, il me semble indispensable de relativiser ces conclusions qui risquent d'inquiéter à tort bien des familles». «Une chose est sûre en revanche, poursuit-elle, les parents adoptants consultent plus les psys pour leurs enfants car ils sont probablement plus à l'écoute que les autres familles. Et chaque fois qu'une difficulté apparaît, ils se posent la question de savoir s'il n'existe pas une vulnérabilité psychologique particulière.»

Une opinion que ne partage pas le Pr Marcel Rufo, chef de service de pédopsychiatrie à l'hôpital Salvator de Marseille. «Je reçois beaucoup d'adolescents adoptés qui vont mal et souffrent de troubles de la socialisation. Dans mon service précédent, un sixième des jeunes hospitalisés étaient des jeunes adoptés vivant dans des milieux socioculturels élevés. Comme si le fait d'avoir été adopté par de telles familles était un facteur handicapant. Pourquoi ? Parce qu'à l'adolescence ils vont se dire : je ne suis pas de ce monde, je viens d'ailleurs.»

Ce spécialiste, qui a dirigé durant quelques années la maison des adolescents à Paris (maison de Solenn), interprète d'ailleurs la survenue de toxicomanies et d'addictions diverses ou de fugues chez ces jeunes comme une quête boulimique destinée à vérifier qu'ils sont tout de même aimés, envers et contre tout, par leurs parents adoptifs. D'autant qu'à cette période charnière, ils se posent avec une acuité particulière la question de leurs origines et celle de savoir pour quelles raisons ils ont été abandonnés. Avec peut-être encore plus d'acuité lorsqu'ils viennent de contrées lointaines.

Insistant sur les compétences précoces du tout-petit qui, en quittant son pays, perd aussi les bruits, les odeurs, le langage, bref tout un contexte sensoriel dans lequel il a baigné déjà in utero, dans le ventre de sa mère, Marie-Rose Moro estime «qu'il ne faut pas sous-estimer le traumatisme de cette séparation initiale avec la mère biologique, ni oublier de prendre en compte toute la période où le bébé aura été pris en charge dans un orphelinat ou une collectivité».


«Parents trop laxistes»

D'autant que peuvent se poser par la suite tous les problèmes liés à la différence (couleur de peau, texture des cheveux), susceptibles d'engendrer à l'école une stigmatisation de la part des autres, voire un sentiment douloureux d'exclusion. «Ils devront alors pouvoir dépasser cela dans leur construction identitaire, et les parents adoptants devront eux aussi se confronter à la question de la différence», analyse cette spécialiste qui a ouvert l'an dernier à Bobigny une consultation destinée justement à toutes ces problématiques de l'adoption. «Mais lorsqu'un adolescent va mal, on ne peut pas réduire ses difficultés au fait qu'il ait été adopté. C'est un peu court comme raisonnement», lance-t-elle. Une réflexion partagée aussi par Marcel Rufo. «Gare aux bons sentiments, met-il en garde. Les parents adoptants sont toujours trop bons, voire trop laxistes. Ils ont beaucoup de mal à savoir poser des limites.»

Rappelons qu'en France, en 2006, près de 4 000 enfants ont été adoptés, dont près des trois quarts avaient été recueillis à l'étranger. Mais le nombre de familles en mal d'enfant et munies d'un agrément est particulièrement élevé. Plus de 30 000.

Source : Le Figaro.

Featured news - University of Minesota 

-> Adoptees More Likely to be Troubled
Memo to Angelina Jolie and Brad Pitt: the next decade may prove to be a difficult one. ... Yet researchers at the University of Minnesota have found that a small minority of those kids — about 14 percent — are diagnosed with a behavioral disorder or have contact with a mental health professional as adolescents, or about twice the odds that non-adopted teens face.
TIME
 
-> Adopted Children at Slightly Higher Mental Health Risk
A small proportion of adopted American teens appear to be at heightened risk for different emotional and behavioral problems than their non-adopted counterparts. ... "Most adoptees are doing fine," said Margaret Keyes, lead author of the study and research psychologist at the Minnesota Center for Twin and Family Research at the University of Minnesota in Minneapolis.
U.S. News and World Report
 

-> Adopted Teens Face Higher Risk for ADHD
People have wondered for a long time whether children who were adopted in infancy are at increased risk for psychological problems. ... "These are kids who argue with their parents, who refuse to follow through on chores, maybe argue with their teachers, blame other people for their own mistakes," says Margaret Keyes, a University of Minnesota research psychologist who led the study.
National Public Radio
 

-> Study: Adolescents adopted as infants are more likely to have psychiatric disorders
Adolescents who were adopted as infants are significantly more likely to have a psychiatric disorder as those who were not adopted, a study released Monday has found. ... For example, about 7 in 100 adolescents studied who were not adopted met the criteria for attention deficit-hyperactivity disorder, which is about half the number for adopted adolescents, said lead study author Margaret Keyes, of the University of Minnesota.
Chicago Tribune

-> Disorders are more likely in adopted teenagers
Adolescents adopted as infants are twice as likely to have behavioral disorders as those who are not adopted, according to research published Monday that is the deepest analysis yet of the larger mental health burden carried by some adopted children. ... Researcher Margaret Keyes, a University of Minnesota psychologist, stressed that adoptive parents or those thinking about adopting shouldn't be alarmed by her study, because rates of emotional problems are relatively low among all adolescents studied, but were higher among adopted kids.
Star Tribune

-> Study finds adopted teens are more likely to have psychiatric disorder
Adolescents who were adopted as infants are twice as likely to have a psychiatric disorder as teens who were not adopted, a new study released Monday has found. ... About seven in 100 adolescents studied who were not adopted met the criteria for a diagnosis of attention deficit-hyperactivity disorder, said lead study author Margaret Keyes, of the University of Minnesota.
Kansas City Star

-> Adopted adolescents more likely to have ADHD, study finds
Adolescents who were adopted as infants are significantly more likely to have a psychiatric disorder as those who were not adopted, a study released Monday has found. ... For example, about 7 in 100 adolescents studied who were not adopted met the criteria for attention deficit-hyperactivity disorder, which is about half the number for adopted adolescents, said lead study author Margaret Keyes, of the University of Minnesota.
Youngstown Vindicator


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