Un film de Henri Verneuil (1982 - France) avec Patrick Dewaere, Caroline Cellier, Mel Ferrer, Robert Party, Jean-Pierre Kalfon, Michel Auclair, Jacques François, Fernand Ledoux, Charles Denner, Anny Duperey, Jeanne Moreau
Passionnant.
L'histoire : Journaliste à La Tribune, Paul Kerjean est contacté par un inconnu qui veut lui donner des informations compromettantes sur un homme d'affaires et politique très en vue. Un pot-de-vin énorme lui aurait été versé. Par qui ? Pourquoi ? Paul va mener au péril de sa vie une enquête qui dépassera très vite le cadre national...
Mon avis : Ah les Français faisaient de bons films dans les années 80 ! Quelle maîtrise, quel suspense, et surtout quel brûlot ! Car si la société GTI n'existe pas, nul doute que sa soeur jumelle veille jalousement, et depuis longtemps, sur tout l'argent qui circule sur la planète, ne s'embarrassant d'aucune morale pour contrôler gouvernements et économistes.
Le film est d'une modernité absolument incroyable. Il est d'ailleurs étonnant d'y entendre le mot "mondialisation" ! A l'époque, ce devait être une donnée tout à fait abstraite pour le spectateur lambda. Pas sûre que lorsque je l'ai vu à sa sortie, ou à sa première diffusion télé, j'ai tout pigé les enjeux et les entourloupes dont on nous parle ! Nous étions encore bien naïfs. Mille milliards de dollars est encore aujourd'hui d'une actualité cruelle, très cruelle : on se dit que non seulement rien n'a changé mais que ça doit être pire encore ; que, comme nous l'explique le film, ce n'est plus 30, mais peut-être, désormais, seulement 5 ou 6 entreprises qui dirigent le monde. Jusqu'à la possibilité d'une dictature finale... qui fait les beaux jours de la SF de notre temps. SF... pour le moment.
Au travers de l'enquête incroyable que mène Kerjean, on nous explique par le menu ce qui fait toujours notre quotidien d'aujourd'hui, et notamment le fonctionnement des multinationales et la façon dont elles font du bénéfice, en jonglant par exemple avec les impôts de chaque pays, plus ou moins intéressants selon les cas. De la dissection économico-financière. Et des origines qui peuvent remonter à bien plus longtemps qu'on ne croit et s'avérer fort troubles...
C'est un film remarquable, qui voulait sans doute mettre un bon coup de pied dans la fourmillière, mais c'était peine perdue... On pourrait faire exactement le même en 2013, plus terrifiant encore... si nos studios et nos réalisateurs n'étaient pas poings et mains liés par le politiquement correct, qui n'est peut-être en fait que l'un des aspects du pouvoir de ces multinationales.
Bouh... vous allez dire que je vois toujours tout en noir ! C'est vrai ; je me fais peur moi-même.
Vite, un bon film d'horreur fantastique ! Au moins, on sait que c'est pour rire !
Enfin... je crois.